Photos : Abel Zamora, Camille Chopin, Marion Vergez-Pascal, Alexandre Baldo. Droits réservés.
Chaque année depuis presque 30 ans, l’ADAMI met en lumière huit jeunes artistes solistes, quatre artistes lyriques et quatre instrumentistes, grâce à son opération Talents Adami Classique. Label reconnu et valorisant pour les artistes qui en bénéficient, les Talents Adami Classique sont fréquemment nommés voire récompensés lors des Victoires de la Musique Classique, et favorise le développement de leur carrière grâce à leurs rencontres de professionnels et du public.
Le programme mêlait les prestations de uns et des autres en duo ou en ensembles, dans des œuvres qui sortent de l’ordinaire, et la présentation rapide de leurs parcours respectifs. Le pianiste Tom Carré ouvrait le concert avec une très belle interprétation de l’Intermezzo n°2 de l’op. 119 de Brahms aux climats contrastés avant de faire équipe avec Sarah Jegou-Sageman, violon, dans une exécution pleine de passion et de délicatesse du Souvenir d’un lieu cher, op. 42 de Tchaïkovski, et d’humour dans la Sérénade espagnole, op. 150 de Cécile Chaminade, aux aigus parfaitement lisses et maîtrisés. Il retrouvait ensuite Anaïde Apelian, clarinette, pour la Romance et l’Allegro con fuoco final de la Sonate pour clarinette et piano de Poulenc, composée pour et créée par Benny Goodman. Après la douloureuse et déchirante élégie de la Romance, pleine du souvenir du Dialogues des Carmélites et de son défunt ami Arthur Honegger, les deux solistes ont fait assaut de virtuosité pour ce mouvement dû au Poulenc canaille et voyou, frotté de jazz et de souvenirs de cabaret, finale spectaculaire où Anaïde Apelian a brillé de mille feux.
Tom Carré rejoignait ensuite Sarah Jegou-Sageman et Anaïde Apelian pour l’Allegro du Trio en ré mineur du jeune Aram Khatchatourian, où piano et clarinette se taillent la part du lion dans cette évocation du folklore arménien tour à tour langoureuse, nostalgique et enfiévrée. Le pianiste retrouvait ensuite le violoncelliste Léo Ispir pour les Pièces 1 et 3 pour violoncelle et piano de Nadia Boulanger, prière fervente dans un style volontairement archaïque puis scherzo fantasque, voire fantastique, et virtuose, qui répondait ainsi à la Sonate de Poulenc. Léo Ispir faisait ensuite équipe avec Sarah Jegou-Sageman et Tom Carré pour une interprétation pleine de verve du Pantoum (deuxième mouvement) du Trio pour piano, violon et violoncelle en La mineur de Ravel, qui répondait à Khatchatourian.
C’est le pianiste Josquin Otal, ancien Talent ADAMI et camarade attentif, qui accompagnait les chanteurs, dont trois, Camille Chopin, soprano, Marion Vergez-Pascal, mezzo-soprano et Abel Zamora, ténor, sont membres de l’Académie Favart de l’Opéra-Comique qui défend la musique française. Nous les avions entendus avec grand plaisir dans le spectacle péripatéticien, L’amour à la française, au Musée d’Orsay en novembre 2023. Abel Zamora, velours, miel et excellente diction, a défendu avec ferveur et émotion l’air de Cinq Mars, « Ô chère et vivante image », au quatrième acte de l’opéra éponyme de Gounod. Marion Vergez-Pascal s’est prêtée avec passion aux mélismes flamenquisants et aux rythmes de la zarzuela de Ruperto Chapi, Las hijas del Zabedeo, et fait preuve d’un séduisant abattage et de graves charnus dans l’air « Al pensar en el dueño de mis amores ». Alexandre Baldo, baryton-basse au beau timbre grave, a livré un « Non piu andrai » des Noces de Figaro de Mozart plus en force qu’en nuances, menaçant de couvrir son partenaire Abel Zamora dans le duo bouffe Osmin-Pédrillo « Gloire à Bacchus » de L’Enlèvement au sérail de Mozart, et gagnera de la bouteille en continuant un parcours plein de promesses. Marion Vergez-Pascal revenait avec Camille Chopin pour le Nocturne plein de charme de Don César de Bazan de Massenet, un de leurs tubes où leurs deux voix se marient à merveille. Camille Chopin électrisait la salle avec son interprétation de l’air du Cour-la-Reine de Manon « Je marche sur tous les chemins » dans l’opéra éponyme de Massenet. Timbre éclatant, aigus superbes, charme et séduction : comme l’héroïne qu’elle campait ce soir-là, elle a ravi bien des cœurs !
Anaïde Apelian, clarinette
Alexandre Baldo, baryton-basse
Tom Carré, piano
Camille Chopin, soprano
Léo Ispir, violoncelle,
Sarah Jegou-Sageman, violon
Josquin Otal, piano
Marion Vergez-Pascal, mezzo-soprano
Abel Zamora, ténor
Œuvres de Brahms, Tchaïkovski, Chaminade, Poulenc, Khatchatourian, N. Boulanger, Ravel, Gounod, Chapi, Mozart, Massenet.
Concert du lundi 15 janvier 2024, Bal Blomet (Paris)