Réalisateurs : Mihalis Asthenidis, Vassilis Louras
Directeur de la photographie : Fotis Zygouris
Montage : Mihalis Asthenidis
Direction artistique : Giorgos Koumentakis
Productrice : Stella Angelatou
Production : Greek National Opera, Escape
Mairi, Marianna, Maria : les années grecques inconnues de la Callas (2023) – durée : 1h40
En tête des brèves de septembre, Stéphane Lelièvre annonçait la programmation, au Cinéma Grand Action de Paris, du documentaire Mairi, Marianna, Maria, consacré auc premières années de la carrière de Maria Callas, en Grèce. Malheureusement ce beau film n’a été projeté que pour une seule séance, le 20 septembre à 20h. Mais cela a permis à une partie du public mélomane, venu nombreux, de revoir sur grand écran ce travail de grande haleine, après la retransmission sur France Télévision en décembre dernier. Une rencontre avec les réalisateurs et la productrice est venue rendre encore plus passionnante cette soirée.
Commande de l’Opéra national de Grèce, dans le cadre du centenaire de la naissance de la Divine, cet ouvrage est aussi quelque peu le fruit du covid, comme le rappelle Vassilis Louras qui a pu profiter des mois d’enfermement pour se pencher sur un nombre incalculable d’archives. Les années grecques de la cantatrice avaient déjà été abondamment fouillées, il y a plus de vingt ans, par Nicolas Petsalis-Diomidis, aussi interviewé parmi les témoins, lequel avait mené un travail d’historien très fouillé, non seulement sur la carrière de la soprano mais aussi sur la vie musicale à Athènes au cours des années 1930-1940 et plus largement sur la période de l’occupation et de la guerre civile dans la capitale hellénique. Publiée en grec en 1998, puis en anglais en 2001, cette biographie avait été diffusée en plusieurs langues, dont le français (2002).
Le parti pris de Mairi, Marianna, Maria, qui constitue aussi son principal atout, est de se référer uniquement à des sources directes. Ce qui ne rend la tâche que davantage ardue à plus d’un siècle de la naissance de l’interprète. Les témoignages à la première personne sont alors le plus souvent l’apanage des enfants, voire des petits-enfants des personnalités ayant véritablement côtoyé Maria Callas à cette époque-là. Alors que Nicolas Petsalis-Diomidis, il y a plus de cinq lustres, avait parfois pu rencontrer lui-même les intéressés et, en fin limier, avait tout enregistré. À mon sens, c’est son étude la véritable source du film et cela est tout à l’honneur de ses auteurs. C’est ainsi que nous avons une image moins conventionnelle de l’artiste, loin des scandales et des potins, se focalisant essentiellement sur sa formation, son ascension et sa carrière.
En revanche, le documentaire ne se limite pas uniquement aux années où Maria Callas a véritablement vécu en Grèce. Il se penche aussi sur son retour en 1957, pour le concert au Théâtre d’Hérode Atticus, puis sur les représentations de Norma et de Medea à Épidaure, respectivement en 1960 et en 1961. Ce qui va donc plus loin que le livre de Nicolas Petsalis-Diomidis. Pour se conclure sur cet enregistrement de l’Avenue Georges Mandel à la valeur inestimable : la prière de Leonora, dans La forza del destino, n’ayant pas grand-chose à voir avec la Grèce, sinon le fidèle accompagnement au piano de Vasso Devetzi.
Parmi les nombreuses interventions dialoguées, relevons surtout les commentaires récurrents du contre-ténor Aris Christofellis, désormais musicologue aux compétences bien vastes dans des répertoires plutôt éloignés de celui qu’il avait pratiqué en tant que chanteur.
Un film à voir et à revoir. France Télévision en détient les droits de rediffusion pour la France et va à nouveau le programmer prochainement. À ne pas manquer pour celles et ceux qui souhaitent avoir une image plus authentique de l’art de Maria Callas.