En marge des représentations d’Edgar, l’Opéra de Nice a eu la judicieuse idée de construire autour du spectacle, ramassées sur un week-end, des Puccini Days afin de donner davantage encore de lustre à l’évènement que constitue ce centenaire de la mort du compositeur de Tosca.
Après une passionnante conférence sur « Puccini autrement » donnée au foyer Montserrat Caballé par Gabriella Biagi Ravenni, professeure associée à l’Université de Pise, spécialiste en particulier des rapports entre texte et musique[1] et présidente, depuis 2007, du Centre d’Etudes Giacomo Puccini dont elle est membre du comité scientifique, c’est à un moment musical tout particulier auquel le public niçois était convié en ce début de week-end : la participation à une chorale géante mettant au programme le célébrissime « chœur à bouche fermée » extrait de Madama Butterfly !
C’est donc quelque quatre cents personnes, souvent venues en famille (on y distingue de nombreux enfants) qui ont répondu à l’appel des équipes artistiques de l’Opéra de Nice et qui se sont prises au jeu, en toute simplicité mais avec sérieux, pour donner de la voix – même à bouche fermée ! – lors de ce moment particulièrement convivial.
Après que Bertrand Rossi, directeur des lieux, ait félicité l’assistance d’être venue aussi nombreuse en cette fin de matinée, il revient au tandem complice formé par Giulio Magnanini, chef du chœur de l’Opéra, et Philippe Negrel, chef du chœur d’enfants, de coordonner de mains de maestri une véritable répétition et de coacher, pendant plus d’une trentaine de minutes, un public ravi, lui intimant les exercices d’échauffement habituel – en comparant la tenue de la voix à un sport de haut niveau voire à la conduite d’une voiture ! – puis en lui permettant de progressivement monter en charge dans sa tenue vocale – faisant par exemple réaliser à tous que l’on peut émettre un son dit à bouche fermée tout en gardant la bouche…ouverte ! – jusqu’à l’atteinte des notes finales…les plus aiguës !
Un véritable exercice d’endurance – pour y avoir pleinement participé, je peux en témoigner : le chant c’est vraiment du sport… surtout que la partition est exécutée sans transposition ! – qui aura su laisser la place à l’émotion à travers les propos de Giulio Magnanini, dont l’amour évident pour cette musique transparait au fil des explications données à ces choristes d’un matin…
Enfin, c’est l’instant : toutes et tous sont debout, le piano de Valérie Barrière, pianiste répétitrice de la maison, retentit et les notes magiques du grand Giacomo s’élèvent en même temps que les bras du maestro Magnanini : la « voiture » prend de la vitesse mais sans risque de casse – nos deux coachs ont précédemment donné quelques trucs efficaces pour apprendre à… respirer ! – et se dirige non sans poésie vers la rade de Nagasaki, que le maestro a bien pris soin tout à l’heure de nous faire imaginer, depuis les trois petits trous du mur de papier de la maison de Cio-Cio San.
Ca y est, c’est déjà terminé… ! Mais comme l’a suggéré Philippe Negrel, la mélodie va peut-être se poursuivre sur les lèvres de toutes et tous, au-delà des murs du théâtre, dans la rue Saint-François-de-Paule… et, qui c’est, cet instant suspendu aura peut-être créé quelques vocations lyriques ?
—————————————————–
[1] On lui doit entre autres travaux d’importance, la publication aux éditions Leo S. Olschki de plusieurs volumes de Correspondance de Puccini.