Un nouveau rendez-vous d’élite voit le jour à Nice pour les vainqueurs et lauréats de concours internationaux de chant lyrique et de piano classique
C’est à la finale d’un concours de chant d’excellence, proposée à un public venu en masse dans le cadre du festival C’est Pas Classique, qu’il nous a été donné d’assister le 16 novembre dernier dans le magnifique écrin de l’Opéra de Nice.
Dans le prolongement direct des Monte Carlo Music Masters qui, chaque année, voyaient alterner lauréats de chant lyrique et de piano classique, les French Riviera Masters permettent désormais à de jeunes et brillants vainqueurs et lauréats de concours internationaux de se retrouver sur la scène de l’Opéra de Nice pour mettre en présence leurs talents et se confronter face à un jury international.
Parrainée par le Conseil Départemental des Alpes-Maritimes – qui avait prévu pour l’occasion la remise d’un Prix de 25 000 € pour l’unique vainqueur –, cette première édition, présentée par Marie-Automne Peyrègne (directrice de la salle Gaveau), était présidée par Umberto Fanni, directeur du Royal Opera House de Mascate (Sultanat d’Oman). Les membres du jury, pour partie professionnels patentés de l’art lyrique, étaient constitués en particulier de Jean-Louis Grinda (directeur des Chorégies d’Orange), Caner Akgün (directeur de l’Opéra d’Istanbul), Alessandro Ariosi (directeur fondateur de l’agence artistique Ariosi), Bertrand Rossi (directeur de l’Opéra de Nice), Chantal et Jean-Marie Fournier (gestionnaires de la Salle Gaveau) et Alice Modolo (sportive de haut-niveau, vice-championne du monde d’apnée en 2023). Parmi les partenaires ayant souhaité s’associer à ces Masters, on note la présence du Palazzetto Bru Zane, de Stefano Pace (directeur de l’Opéra royal de Wallonie), de Marie-Jeanne Chauvin (directrice des « Musicales dans les vignes ») et d’Yves Courmes (Président du Cercle Richard Wagner rive droite de Nice et coordonnateur du webzine « Résonances Lyriques »).
Des huit candidats sélectionnés, on reconnaît parmi les cinq demi-finalistes le nom de la jeune soprano française Claire de Monteil, déjà confirmée sur nombre de scènes lyriques (elle a interprété le rôle-titre de la Médée de Cherubini à la Scala en janvier dernier), mais nous n’aurons pas l’occasion de l’entendre lors de cette finale au cours de laquelle seuls deux candidats restent en liste : la soprano polonaise Magdalena Kuzma et le ténor sud-coréen Jihoon Park. Chacun d’eux, accompagné par l’orchestre de l’Opéra de Nice placé sous la direction attentive de Jean-Yves Ossonce, interprète cinq airs d’opéras : deux choisis par le jury, trois issus du choix d’œuvres proposées au concours.
De la première, bien plus à l’aise pour l’instant dans la vocalité de Pamina (La Flûte enchantée) et de Susanna (Les Noces de Figaro) que dans celle de la Juliette du Roméo et Juliette de Gounod (surtout lorsqu’elle se confronte aux difficultés de « l’air du poignard », écrit pour un soprano lyrique !), on retiendra avant tout l’émission claire, la projection assurée et l’excellente tenue en scène. Du second, on est heureux de saluer la franche émission de ténor lyrique – ce qui n’est pas si fréquent ! – et une voix qui, malgré une tendance à ouvrir les sons qui devra être surveillée, présente un matériau solide et homogène. Dans le lamento de Mario (Tosca) tout comme dans un très émouvant « O Souverain ! » extrait du Cid de Massenet – plus que dans « Nessun dorma » (Turandot) avouons-le ! – Jihoon Park apparaît bien préparé et permet de nourrir de légitimes espoirs sur une belle carrière de chanteur d’opéra en devenir : le premier prix lui revient donc de façon légitime.
On aurait garde d’oublier la fort belle prestation de la jeune soprano Juliette Tacchino, originaire de Nice, que le jury a souhaité exceptionnellement entendre de nouveau lors de cette finale, dont elle n’est pourtant pas lauréate. On lui en est tout particulièrement reconnaissant tant cette sensible musicienne nous délivre un « Adieu, notre petite table », extrait de la Manon de Massenet, de belle facture, chanté – dès son récitatif – dans un français impeccable, avec un véritable art du phrasé et des nuances qui augure d’une carrière à suivre de près.
Longue vie donc, désormais, aux French Riviera Masters à l’Opéra de Nice !
Jihoon Park, ténor
Magdalena Kuzma, soprano
Juliette Tacchino, soprano
Orchestre de l’Opéra de Nice, dir. Jean-Yves Ossonce
Opéra de Nice, Finale de la première édition des FRENCH RIVIERA MASTERS 2024, vendredi 16 novembre 2024