Avant le Teatro Real, les Madrilènes avaient un autre opéra : le Real Teatro de los Caños del Peral. Celui-ci a ouvert ses portes en 1738, avec une production de Demetrio, composé par Johann Adolph Hasse.
Les travaux de construction du Teatro Real que nous connaissons actuellement commencent en 1818, sous le règne de Ferdinand VII. La première pierre est posée le 23 avril 1818, suite à un arrêté royal visant à rénover la Place de l’Orient et à construire un nouvel opéra à l’endroit même où se trouvait le Real Teatro de los Caños del Peral.
La conception et la construction sont initialement confiées à l’architecte Antonio López Aguado, qui opte pour un style néoclassique du plus bel effet. Les travaux sont compliqués : interruptions fréquentes et prolongées, manque de fonds, puis décès de l’architecte, remplacé par Teodoro Moreno… La construction ne sera achevée qu’en 1850, soit… 33 ans plus tard !
À partir du 19 novembre 1850 sous le règne d’Isabelle II, et pendant les 75 années suivantes, celui que l’on surnomme désormais le « Real » devient l’un des principaux lieux culturels d’Europe. Ce sont les années fastes de l’opéra, qui accueille principalement des œuvres de Donizetti, de Bellini, et de Verdi. La visite de Verdi en 1863, venu présenter son opéra La forza del destino, montre bien l’importance que prend le Real à l’époque, et l’amour des madrilènes pour le compositeur italien.
Le 11 janvier 1863, Giusseppe Verdi arrive à Madrid et s’installe dans une auberge proche de l’Opéra, la maison Castaldi (numéro 6 de la Plaza de Oriente), lieu d’hébergement habituel de nombreux chanteurs et musiciens engagés par Teatro Real. Verdi réalisera quelques portraits dans l’atelier du célèbre photographe Jean Laurent, dont le studio se trouvait 39, rue Carrera de San Jerónimo.
Mais le pays connaît une révolution en 1868, qui contraint la reine à l’exil. L’opéra est alors rebaptisé « Teatro Nacional de la Ópera ».
En octobre 1925, le théâtre doit fermer en raison d’un affaissement. Les travaux de reconstruction commencent… et se poursuivent pendant 41 années. Durant la guerre civile à la fin des années 30, des munitions explosent à l’intérieur du bâtiment. Les difficultés de l’après-guerre ralentissent également les travaux.
En 1966, le Teatro Nacional est de nouveau ouvert au public en tant que salle de concert, et pour accueillir le Conservatoire royal de musique, ainsi que l’École des arts dramatiques. Le bâtiment accueille par exemple le concours de l’Eurovision en 1969, qui se termine par un ex æquo final pour la victoire entre l’Espagne, l’Angleterre, les Pays-Bas, et la France.
Un dernier concert de l’Orchestre National a lieu le 13 octobre 1988. Des travaux de restauration sont lancés le 2 janvier 1991, pour redonner au bâtiment sa fonction initiale d’opéra. Les travaux se poursuivent pendant près de 7 ans.
Depuis 1997, on peut dire que le Théâtre royal a retrouvé tout son prestige d’antan. Le bâtiment est redevenu ce qu’il a toujours été censé être : un opéra. Désormais, la musique est jouée par l’Orchestre symphonique de Madrid. Depuis la réouverture de l’opéra, la direction artistique a été confiée à Stéphane Lissner, puis Luis Antonio García Navarro, Emilio Sagi, Antonio Moral, Gérard Mortier et Joan Matabosch.
Depuis les derniers travaux de restauration, le Théâtre royal a retrouvé toute sa splendeur. Facilement accessible, il peut être visité tous les jours. Suivez les conseils de l’équipe de Bonjour Madrid pour une visite réussie !
FICHE TECHNIQUE
Architecte : Antonio López Aguado
Date d’inauguration :
Spectacle d’ouverture : La Favorite (Donizetti)
Nombre de places : 1958
Adresse : Pl. de Isabel II, s/n, Centro, 28013 Madrid
Site web du théâtre : cliquez ici !
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Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.