FROM comme Festival Radio-France Occitanie Montpellier. Notre carnet de bord vous communique les coups de cœur de l’édition 2021 sur la place montpelliéraine . Dès qu’une voix, un chœur ou un opéra se profilent, nous sommes en salle ou en coulisse pour expérimenter l’adage du festival : « chaque concert est une fête » !
Le 14 Juillet : républicain et festif !
Programme :
« Hâte-toi lentement », 17 chansons composées par Isabelle Georges et Roland Romanelli
Artistes :
Isabelle Georges, chanteuse
Roland Romanelli, accordéoniste et pianiste, et son trio (piano, contrebasse, batterie)
© Marc Ginot
Dès l’ouverture du 10 juillet, le Festival affichait son ambition d’irriguer les territoires en proposant les concerts dans de petites communes d’Occitanie. À Montpellier, le coup d’envoi du 14 juillet affiche les réjouissances républicaines, quelques heures avant le feu d’artifice. Côté parvis de la Mairie, près des berges du Lez, le public renoue avec la fraternité citoyenne à l’écoute des chœurs de la Ire République (Chœur de l’Opéra Orchestre national de Montpellier).
S’ensuit le rafraichissant tour de chant « Hâte-toi lentement » d’Isabelle Georges et du quartet Roland Romanelli, le pianiste anciennement attitré de Barbara. Swing et ardeur jonglent avec la voix lumineuse de l’artiste de comédie musicale. Si vous résidez près de Bayssan (Hérault) ou de Castelnaudary (Aude), ce tour de chant vous tend les bras, respectivement les 15, 16 juillet en soirée.
Le 15 Juillet : de royales réjouissances
Programme 1
Lieder de F. Schubert – Liederkreis op. 39 de R. Schumann (poèmes de J. von Eichendorff) – Romance pour piano op. 21 n°1 de Clara Schumann – G. Fauré, Cinq mélodies de Venise op. 58 (P. Verlaine), Le Papillon et la fleur (V. Hugo) – D. de Séverac, Les Hiboux (C. Baudelaire) – M. Ravel, Le Paon (J. Renard) – C. Saint-Saëns, La Cigale et la fourmi (J. de La Fontaine).
Artistes 1
Sophie Karthaüser, soprano
Cédric Tiberghien, piano
© Pablo Ruiz
Un vagabondage en terres du Romantisme allemand et de la mélodie française : voilà ce que réussissent deux artistes sincèrement complices. Depuis la salle Pasteur (Corum de Montpellier), la soprano Sophie Karthaüser et le pianiste Cédric Tiberghien livrent une heure de récital partagée entre l’introspection schumanienne du cycle Liederkreis, et l’« extase langoureuse » des Cinq mélodies de Venise de Fauré sur la poésie de Verlaine.
Entre temps, les deux pièces pour piano – une Romance tourmentée de Clara Schumann, le Nocturne n° 8 op. 84 de Fauré – confirment le talent fou de Cédric Tiberghien, restituant la polyphonie de l’une, la suavité harmonique de l’autre. Très persuasive dans le domaine du lied (sublime Mondnacht du cycle de Schumann), la soprano d’origine flamande y maîtrise la langue germanique et tous les registres poétiques, des chuchotements de Der Stille (Silence) jusqu’au dédoublement de voix fantomatiques dans Waldgespräch (Conversation en forêt).
En épilogue, un bestiaire, qui n’est pas celui de Poulenc, émoustille l’auditoire par l’incarnation humoristique que propose le duo. Tour à tour coquine dans Le Papillon et la fleur, inquiétante face aux Hiboux, en « habit de gala » pour le cortège du Paon (Histoires naturelles), la chanteuse s’appuie sur la caractérisation musicale qu’offre son comparse pianiste. Il est vrai qu’en début de récital, La Truite de Schubert avait propulsé ce bestiaire de fraîche manière.
Programme 2
G.F. Haendel, Te Deum de Dettingen HWV 243 – Coronation Anthems « My Heart is inditing“ HWV 261 – Feux d’artifice royaux HWV 351 – Coronation Anthems « The King Shall Rejoice” HWV 260
Artistes 2
Le Concert Spirituel, chœur et orchestre, direction Hervé Niquet.
© Pablo Ruiz
L’ambiance 14 juillet se poursuit avec des Feux d’artifice, royaux cette fois ! Ceux de Georg Friedrich Haëndel (1749) ouvrent le ban des prestations du Corum de Montpellier. Sur le vaste plateau de l’Opéra Berlioz, le Concert Spirituel – chœur déployé en premier plan, orchestre en formation réduite pour la distanciation de musiciens non maqués – met le feu au poudre.
Sous la direction du général Hervé Niquet et les roulements de tambour, l’ambiance militaire se déploie en (ré) majeur. Trompettes et cors naturels martiaux (timbre séduisant, justesse … difficile), hautbois, bassons et serpent claironnants, cordes sont galvanisées par le chef, quittant son pupitre pour les stimuler au plus près. L’énergie est également perceptible lors des deux Anthems du couronnement qui encadrent ces Feux.
Auparavant, la pyrotechnie du Te Deum de Dettingen (célébrant la victoire en Bavière de Georges II, roi anglais d’origine germanique) a enchanté l’auditoire. L’œuvre est propre à mettre en lumière les richesses chorales et instrumentales du Concert Spirituel. Le style concertant et son corollaire – le principe de stéréophonie – magnifient tout mouvement de cette œuvre géniale. Des fusées du chœur à 4 ou 5 parties (merveilleux pupitre des alti) aux déflagrations des trompettes baroques, des fumigènes soyeux du continuo (orgue et basses) au tutti incandescent, la plénitude sonore se répand dans le vaste Opéra Berlioz et le public est à la fête.
Œuvrant depuis plus de trois décennies à la diffusion et la redécouverte du baroque (français, mais pas que …), le Concert Spirituel retrouve la fougue de son Opéra imaginaire, présenté en 2017 au Festival. Si l’espièglerie est étrangère au programme Haendel de la soirée, Hervé Niquet, chef et fondateur de la phalange, glisse quelques anecdotes entre deux morceaux (notamment, les incroyables conditions de la création londonienne de Feux d’artifice). Sa malice fait mouche lorsqu’il annonce une « Chanson française » en bis. Et le public de découvrir l’air de God Save the King sur des vers français, dans un halo de douceur … En effet, l’hymne anglais puise sa mélodie chez Lully qui célébrait le rétablissement de Louis XIV avec ce chœur qui traversa ensuite la Manche. Vous avez dit royal ?