LES ITALIENS À PARIS (12) – Donizetti, Ne m’oubliez pas [composé en 1843]
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Découvrez dans la rubrique Les Italiens à Paris un florilège d’opéras (du Siège de Corinthe à Don Carlos) composés par des musiciens italiens pour l’Opéra de Paris !
Ne m’oubliez pas est une œuvre que Donizetti destinait à l’Opéra-Comique, lequel avait fait signer un contrat au compositeur à la fin de l’année 1842. La composition semble en avoir été laborieuse, mais peut-être la faute en incombe-t-elle au librettiste, peu pressé de fournir au musicien le livret dont il avait besoin. Sans doute Donizetti passa-t-il rapidement à d’autres projets qui l’occupaient également en cette année 1843 : Maria di Rohan, qui sera créée en juin à Vienne, puis Dom Sébastien, roi de Portugal, créé à Paris, à l’Opéra, le 13 novembre.
Signé Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges, qui rédigea également celui de La Fille du Régiment, il est perdu – à moins qu’il n’ait jamais été terminé. D’après les quelques pages dont nous disposons, on peut comprendre que l’œuvre devait mettre en scène un couple d’amoureux (André, ténor, et Henriette, soprano), dont l’amour était contrarié par le baryton Franz – lequel tente d’enlever la jeune femme, avant que l’œuvre ne s’oriente vers un dénouement heureux.
Nous ne disposons que de 6 numéros de la partition : une page orchestrale, deux airs pour Henriette, un air destiné à André (dans lequel le personnage exprime sa jalousie) et deux duos, le premier entre Henriette et Franz, le second entre Henriette et André.
Donizetti espérait, pour son œuvre, des chanteurs de premier plan. Dans une lettre adressée à Vernoy de Saint-Georges, datée du 14 juillet 1842 et en partie reproduite dans le livret du CD publié par Opera Rara (voir ci-dessous), il dit souhaiter, pour le rôle d’Henriette, la participation de
Giovanna Rossi-Caccia, interprète célèbre d’Imogène (Il Pirata) qu’elle avait chanté à la Scala en 1840, et que Paris connaissait déjà : elle avait en effet incarné Anna dans La Dame Blanche en 1836, et était également annoncée dans ce même théâtre en 1843 pour un opéra-comique d’Auber : La Part du diable.
L’œuvre étant restée inachevée, elle ne fut jamais créée mais la firme Opera Rara en a gravé les pages qui nous sont parvenues dans un CD enregistré en 1979 (Philharmonia Orchestra, direction James Judd). C’est de cet enregistrement que sont tirés les deux extraits que nous vous proposons ci-dessus.
Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.