Marie-Laure Garnier, soprano
Célia Oneto Bensaid, piano
Negro-spiritals, mélodies d’Olivier Messiaen et de Francis Poulenc.
1 CD NoMadMusic (18 mars 2022)
C’est un très beau disque porté par des valeurs humanistes précieuses que nous proposent Marie-Laure Garnier et Célia Oneto Bensaid : dans le joli texte de présentation du CD, les artistes exposent leur croyance en « une société métissée, riche de sa culture multiple », et en une musique qui serait « un pont où tout un chacun pourrait se rencontrer et se comprendre, quelle que soit sa culture ». Pour porter ce message, les deux femmes ont composé un programme original, hybride a priori puisque Messiaen y côtoie un florilège de negro-spirtuals ou encore quelques mélodies de Poulenc. Pourtant, même si entendre la « Prière exaucée » de Messiaen après « De Gospel train » surprend un peu, la ferveur et la spiritualité qui émanent du programme sont réelles et confèrent à l’ensemble une vraie cohésion permettant, conformément au souhait de la chanteuse et de la pianiste, à des esthétiques, des cultures, des langages différents de dialoguer et de converger vers un but commun : le respect, l’écoute, l’entente mutuels.
Le duo Marie-Laure Garnier et Célia Oneto Bensaid est maintenant à l’œuvre depuis une dizaine d’années : la complicité liant la chanteuse et la pianiste est évidente et c’est un vrai plaisir que d’entendre comment la voix et l’instrument se parlent, se répondent, se relancent l’un l’autre dans un dialogue plein d’imagination et de poésie. La voix de Marie-Laure Garnier, « Révélation artiste lyrique » en 2021, semble avoir acquis ces derniers temps une belle homogénéité. Les moyens sont importants, l’artiste sensible, l’interprète engagée. Le médium et le grave sont superbes, mais la voix fait également entendre de beaux prolongements vers l’aigu – certaines sonorités y sont cependant parfois un peu tendues ou un peu dures, ici ou là… La diction est très claire (celle de l’anglais est particulièrement naturelle !), même si, dans l’aigu, les voyelles gagneraient à être plus nettement différenciées.
Péchés véniels qui n’ôtent rien à la réussite globale de cet album, dont l’écoute se révèle particulièrement rassérénante… Le CD offre plusieurs pages de toute beauté (superbes « Sometimes I feel like a motherless child » ou « He never said a mumbalin’word »…) ; pourtant, en ces temps particulièrement troublés, marqués par un insupportable déchaînement de violence et de haine, c’est le délicat « Priez pour paix, doulce Vierge Marie » que nous avons choisi de réentendre sitôt l’écoute du CD achevée…