La nuit est tombée sur la cité de Calvin est le moins qu’on puisse dire c’est que les décorations de Noël se sont éteintes. Rue de la Corraterie de petits groupes très habillés pressent le pas pour être à l’heure dans le foyer du Grand théâtre.
Ce soir, c’est le concert du nouvel an !
Jolie ambiance dans le foyer nouvellement restauré où se côtoient nœuds papillons et robes pailletées, ici on s’habille encore pour sortir. Les portes ne sont pas encore ouvertes mais chacun attend avec une semi-impatience de pouvoir gagner sa place.
L’ambiance est là, l’orchestre s’installe, la lumière s’estompe, le silence se fait, les premiers applaudissements résonnent à l’arrivée des musiciens et se renforcent à l’entrée du jeune chef d’orchestre Marc Leroy-Calatayud.
Voici les premiers scherzos de La Périchole, lancés par l’Orchestre de Chambre de Genève. Ils augurent la promesse d’un moment festif, mais c’était sans compter sur l’arrivée de deux indigents sur scène qui, mimant un faux concert de rue, glacent la salle.
Il est certain que le genre codifié du concert de Noël peut donner envie de rompre avec la tradition, mais là, il a manqué un vrai travail de mise en espace pour donner un peu de corps à ces interventions d’un niveau très médiocre. Le Grand théâtre mérite mieux. Par bonheur Marina Viotti a excellé dans ses interventions et apporté chaleur et bonheur à une soirée qui sans elle eut été très décevante. Elle a interprété avec classe et humour des pages pour l’essentiel extraites du répertoire offenbachien (Orphée aux enfers, La Belle Hélène, Fantasio, La Grande Duchesse de Gérolstein, Belle Lurette, Les Fées du Rhin…) mais aussi d’Hervé, Gounod ou Delibes, retrouvant pour l’occasion son récent Piquillo du Théâtre des Champs-Élysées Stanislas de Barbeyrac.
Depuis l’installation du rendez-vous très codifié du concert du nouvel an, il existe peu d’exemples de transgression qui aient fonctionné, c’est souvent le particularisme local qui est mis en avant pour se libérer de la toute-puissance viennoise. Ici le choix de la fête impériale était bon, nul besoin d’en rajouter dans les explications de texte et les intermezzos. C’est sur la prestation orchestrale et vocale que se joue l’envie de soutenir un lieu. C’est probablement pourquoi malgré les prestations de la formidable mezzo Marina Viotti, la joyeuse énergie de l’orchestre et le talent de son chef, le voyage dans l’univers mêlé de Jacques Offenbach et de Jules Verne, est malheureusement resté à quai.
Gageons qu’avec tous ces talents, ce n’est qu’un faux départ et que la saison et le concert de l’année prochaine seront du plus haut niveau.
Marina Viotti, mezzo-soprano
Stanislas de Barbeyrac, ténor
L’Orchestre de Chambre de Genève, Marc Leroy Calatayud
Concert du Nouvel An
Jacques Offenbach
La Périchole
Ouverture
N°4 Complainte
N° 5 Séguedille
N° 7 La lettre de la Périchole
N°16 Air
N° 17 couplets de l’aveu
Hervé
Valse du mal de mer
Jacques Offenbach
La Belle Hélène
Le jugement de Pâris
Orphée aux Enfers
Duo de la mouche
Léo Delibes
Coppélia – suite
Jacques Offenbach
Belle Lurette
Duo du Danube
Les Fées du Rhin
Ouverture
Les Contes d’Hoffmann
Romance de Nicklausse
Légende de Kleinzach
La Grande-Duchesse de Gérolstein
Chanson militaire
Léo Delibes
Coppélia suite
Jacques Offenbach
Fantasio
Ballade à la lune
La Vie parisienne
Duo de la Gantière et du Bottier
Couplets du Brésilien
Charles Gounod
Faust, ballet
Jacques Offenbach
La Vie parisienne
Galop final
Grand Théâtre de Genève, 31 décembre 2022