FROM comme Festival Radio-France Occitanie Montpellier. Notre carnet de bord vous communique les coups de cœur de l’édition 2021 sur la place montpelliéraine . Dès qu’une voix, un chœur ou un opéra se profilent, nous sommes en salle ou en coulisse pour expérimenter l’adage du festival : « chaque concert est une fête » !
22 juillet : Masterclass de Françoise Pollet
© Laura Lazarevitch
La soprano Françoise Pollet est invitée à donner une masterclass d’art lyrique dans le cadre du FROM depuis le 21 juillet.
À l’issue de celle-ci, le concert des participants.tes donnera le la pour le public le 23 juillet à 18 h, heureux de découvrir la pépinière. La riche expérience de Françoise Pollet sur les scènes germaniques et françaises, jointe à son charisme suscitent l’intérêt de jeunes chanteuses – Natasha Sallès (soprano) et Eugénie Joneau (mezzo) – et chanteurs – David Tricou (ténor) et Olivier Déjean (basse).
D’ores et déjà, les festivaliers d’aujourd’hui peuvent honorer l’artiste Pollet qui fut engagée au FROM lors de la première vague des opéras exhumés : dans Henry VIII de Saint-Saëns (1989, rôle de Catherine d’Aragon), Bérénice d’Albéric Magnard (1990), Ivan IV le Terrible de Georges Bizet (1991), etc.
23 Juillet - Génération 84
Programme
Hannah Kendall, Tuxedo : Vasco de’Gama
Maurice Ravel, Le tombeau de Couperin
Luciano Berio, Folk Songs
Louise Farrenc, Symphonie n°3 opus 36
Artistes
Anna Stéphany, mezzo soprano
Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, dir. Duncan Ward
Une jeune ambiance dans les rangs de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (O.J.M.), fondé en 1984, une compositrice britannique (Hannah Kendall) née en 1984 : Vive la génération 84 sur le plateau du Corum ! Justement intitulé « Nouvelle scène », ce concert forme un concentré de nouveautés. Le kaléidoscope d’œuvres d’origines diverses rejoint le multiculturalisme des jeunes instrumentistes, issus de 11 pays autour de la Méditerranée. Mais en sus, la programmation de deux compositrices (l’une du XIXe siècle, l’autre de notre temps) et de la chanteuse britannique Anna Stéphany est fort stimulante.
Sous la direction du jeune chef d’orchestre britannique Duncan Ward (lauréat du Prix jeune compositeur de la BBC), les pièces symphoniques résonnent avec une fluidité ductile et une précision impressionnante. Sans baguette ni estrade (et pas de partition pour la Symphonie !), le chef coordonne l’écoute et le jeu de jeunes musiciens déjà assermentés. L’élégance domine dans les danses du Tombeau de Couperin de Ravel, l’énergie dans Tuxedo d’Hannah Kendall (2020), les élans et les dialogues dans la Symphonie n° 3 de Louise Farrenc (1847), l’équivalent français de l’œuvre de Felix Mendelssohn.
Au cœur du programme de la soirée, les Folk Songs de Luciano Berio (version pour mezzo et orchestre) recueillent un succès populaire auprès du public… de tout âge. Car la partition inventive forme quasiment un carnet de bord à elle seule. Sur 11 pièces, deux traversent l’Amérique (n° 1 et 2), puis l’Arménie (n°3), la Renaissance française (Rossignolet du bois), la Sicile et la Sardaigne (n° 5, 8), la Canzone italienne (n° 6 ; 7), l’Auvergne (dont les li-lon li-lon de la Fiolaire) avant d’accoster sur le quai de l’irrésistible Azerbaïdjan love Song. Avec l’excellente mezzo britannique Anna Stéphany, (lauréate du Concours Kathleen Ferrier 2015) et la complicité des solistes de l’O.J.M. (en particulier, les 2 altos, la flûtiste et le harpiste), le carnet de bord devient carnet de bal ! Sans outrance, avec un naturel généreux, un timbre gras sans lourdeur et une plénitude dans les aigus, la chanteuse s’adapte à chaque tradition populaire du cycle, à chaque langue aussi (le français, un peu moins). Alors que les interludes instrumentaux du I wonder as I wander (n°2) propulsent l’auditoire dans l’ambiance d’église, l’accelerando exubérant de Loosin Yelav (n° 3) ou la voix quasi travestie du Ballo (n°7) installent un climat de transe en quelques minutes. C’est bien sûr la danse festive de l’Azerbaïdjan love Song qui invite à la fête, avec ses guirlandes de piccolo entrelacées au chant expressif et théâtralisé. Sono tutti bravi !