Concert « Paris en chantant » de la Compagnie de l’Oiseleur – Il sera notre guide dans la ville splendide
Depuis quelques années, Jacques-François Loiseleur des Longchamps a trouvé un nouveau port d’attache à la mairie du Troisième arrondissement, qui a déjà accueilli plusieurs des concerts présentés par sa Compagnie de l’Oiseleur. Ce mardi 15 novembre, cet infatigable défricheur et déchiffreur de partitions proposait un programme entièrement conçu autour de la ville de Paris en musique, avec à la clef, comme toujours, tout un lot de découvertes aussi séduisantes qu’inattendues. Après un départ a cappella avec les Cris de Paris de Janequin, et sans oublier une exceptionnelle incursion dans la musique écrite de nos jours (une mélodie du pianiste et compositeur Nicolas Chevereau), le répertoire exploré couvre un grand siècle allant du règne de Louis-Philippe à 1940 – l’incontournable « Voyage à Paris » tiré des Banalités de Poulenc. Tous les styles ou presque sont conviés : la chanson de café-concert ou la mélodie de salon – admirable « Rêves parisiens » d’Augusta Holmès ; l’ode patriotique, avec Paris (1870) de César Franck ; le grand opéra à la Meyerbeer avec un duo de La Esmeralda de Louise Bertin (1836), l’opérette et l’opéra-bouffe avec un extrait de La Diva (1869) d’Offenbach mais aussi de titres bien plus méconnus encore, comme Les Ondines au champagne (1865) de Lecocq, Article de Paris (1892) d’Audran, ou Claudine (1910) de Rodolphe Berger, dont on se souvient que la Compagnie de l’Oiseleur l’avait ressuscitée en 2015.
Et pour servir un programme aussi éclectique, il faut des artistes aux compétences variées. Non content d’accompagner avec talent les chanteurs tout au long de la soirée, le pianiste Denis Chevallier donne également de la voix, en baryton ou en contre-ténor dans le Janequin initial. Loiseleur lui-même offre une facette rarement exploitée de sa personnalité vocale et, lui qui se consacre d’ordinaire à des œuvres sérieuses, révèle ici tous ses dons comiques, dans la « chansonnette » de Winand Fatzaun « Le Beau Narcisse », dans le duo d’Audran, ou lorsqu’il s’approprie une page normalement réservée à une voix féminine, le rondeau de la sirène Coquillette tiré de l’opérette de Lecocq. La soprano et la mezzo également présentes se chargeront pour leur part d’airs et duos destinés à deux voix d’homme, avec le même brio. Mathilde Rossignol déploie un beau timbre grave dans la mélodie et prend son accordéon pour plusieurs chansons où elle s’auto-accompagne. Marion Gomar offre un exemple tout aussi étonnant de versatilité, passant du rôle tragique d’Esmeralda dans l’opéra de Louise Bertin au personnage facétieux de Claudine imaginé par Colette, comédienne spirituelle et diseuse pleine de verve, interprétant en voix de poitrine tout le premier couplet de la belle romance de Séraphin dans Article de Paris avant d’en donner le second de sa voix de soprano qui s’élève sans peine dans des aigus dont quelques-uns gagneraient peut-être à être un peu plus couverts. Ce concert enthousiasmant a été salué avec chaleur par un public venu en grand nombre, signe que la Compagnie de l’Oiseleur a de beaux jours devant elle.
Mathilde Rossignol, mezzo-soprano
Marion Gomar, soprano
Jacques-François Loiseleur des Longchamps, baryton
Denis Chevallier, piano
Concert « Paris en chantant » de la Compagnie de l’Oiseleur
Mélodies, chansons, et extraits d’opéras de Audran, Artus, Berger, Bertin, Colomb, Fatzaun, Franck, Hüe, Janequin, Lecocq, Massenet, Nadaud, Offenbach, Poulenc, avec pour dénominateur commun : Paris.
Paris, Mairie du 3ème arrondissement, Concert du mardi 15 novembre 2022.