Ce n’est un secret pour personne dans le microcosme de l’art lyrique : les Chorégies d’Orange, plus ancien festival français, fondé en 1869 par Paul Mariéton, célèbre félibre, compagnon de route de Frédéric Mistral, connaissent depuis maintenant plusieurs années des problèmes de déficit d’exploitation régulier. La création, en 2018, d’une Société Publique Locale (SPL), structure juridique choisie par les 3 collectivités territoriales actionnaires (Région, Commune, Département) pour offrir davantage d’agilité et d’efficacité dans la gestion du festival et permettre à l’Etat de maintenir son soutien, va désormais céder la place à un véritable EPCC (Etablissement public de coopération culturelle), sur le modèle de ce qui existe déjà pour de nombreuses maisons d’Opéra (de Toulon à Lille…) et autres lieux culturels de prestige. Si les collectivités associées resteront les mêmes, l’entrée officielle de l’Etat au Conseil d’Administration de l’EPCC devrait, pour sa part, permettre un nouvel élan financier, ce qui, selon Jean-Louis Grinda, directeur du festival depuis 2016, et Richard Galy, actuel président de la SPL, est devenu une impérieuse nécessité. Dans ses travaux d’ailleurs, la Chambre Régionale des Comptes (CRC), qui n’a pas forcément été « négative » à l’égard de la manifestation vauclusienne, a cependant constaté un problème de sous-financement que l’engagement de l’Etat devrait à l’avenir pouvoir combler de façon beaucoup plus substantielle qu’à ce jour, selon les mots de Jean-Louis Grinda.
Las : l’édition 2024 des Chorégies – dont le budget prévisionnel devrait être de 3,9 millions d’euros – s’inscrit donc dans une phase de transition qui conduira, en 2025, au projet « Chorégies du futur ». Au programme donc, cet été, un seul opéra – en version de concert – qui, année Puccini oblige, verra s’affronter, le lundi 22 juillet, dans Tosca Alexandra Kurzak, Roberto Alagna et Bryn Terfel face à l’orchestre philharmonique de Nice, les chœurs de l’Opéra de Monte-Carlo et des opéras de Région, sous la baguette de la maestra Clelia Cafiero.
Comme chaque été, Pop the Opera ouvrira les festivités le vendredi 14 juin, suivi de Musiques en fête (date à déterminer) et d’un concert de Mika avec orchestre philharmonique (23 juin). Le samedi 29 juin, débarquera – cette fois-ci normalement pour de bon ! – Katia Buniatishvili avec dans sa valise sa version électrisante du concerto n°1 de Tchaikovski. Parmi les autres moments importants de cette édition 2024, il convient de signaler l’évènement chorégraphique constitué par la venue du Malandain Ballet Biarritz (12 juillet) dans un programme où l’on entendra L’Oiseau de feu puis, le 16, un musical consacré aux légendes noires du jazz vocal (Black Legends, le musical) et, le 18, un récital devant le Mur du violoncelliste surdoué Edgar Moreau (déjà entendu il y a deux ans ici même dans le concerto pour violoncelle de Dvoràk) dans un programme Bach !
Alors, oui, « Forza ! » aux Chorégies d’Orange qui sauront passer ce cap difficile et nous réserver, sans nul doute, cet été encore, quelques soirées magiques !