Opéra de renommée internationale, la Scala de Milan attire aussi bien les mélomanes que les touristes du monde entier. De sa construction à nos jours, ce monument riche en histoire a vu naître de nombreux classiques de l’opéra et du ballet. Il a aussi été le témoin de plusieurs événements notables. Petit condensé de l’histoire de la Scala.
L’histoire architecturale de la Scala
© Giuseppe Piermarini par Martin Knoller — Museo Teatro alla Scala,
La construction de la Scala de Milan a été rapide. L’édifice a été bâti en seulement deux années, par Giuseppe Piermarini à la fin du XVIIIe siècle.
Sans trop de surprise, l’architecte a proposé un bâtiment au style néoclassique, parfaitement dans les tendances architecturales de l’époque. L’aspect extérieur est donc plutôt austère et minimaliste, ce qui contraste avec la salle de concert avec ses fameux sièges et rideaux de velours rouges.
Projet de Giuseppe Piermarini pour la Scala (1779)
La Scala au XIXe siècle
La Scala tire son nom de l’église Santa Maria della Scala, qui fut bâtie à cet emplacement au XIVe. À l’époque, l’opéra ne se trouvait pas sur une place, mais sur une rue, ce qui peut expliquer également certains choix architecturaux.
Marc'Antonio Dal Re (1697-1766), Santa Maria della Scala
L’opéra a été inauguré le 3 août 1778 en présence de l’archiduc Ferdinand d’Autriche. Pour l’ouverture, le public a pu assister à une représentation de l’Europa Riconoscuita de Salieri. Il y eut également une représentation du ballet Apollo Placato de Canziani.
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Une histoire avant tout musicale
Il aura fallu un peu de temps pour que la Scala occupe cette place centrale qu’elle tient aujourd’hui…
Au début, l’opéra était en concurrence avec le Teatro Carcano et le Teatro Dal Verme. Durant les premières années, la Scala a programmé certains concerts de Domenico Cimarosa… Ce qui n’était déjà pas une bagatelle. Mais au fil du temps, l’opéra a eu le privilège d’accueillir certaines premières historiques. Ce fut notamment le cas pour Il Turco in Italia de Rossini en 1814, et pour Norma de Bellini en 1831.
Place de la Scala photographiée par Icilio Calzolari en 1872.
En toute logique, la Scala a attiré un public de plus en plus nombreux. On lança un projet d’urbanisme de grande envergure en 1858 : créer une Piazza della Scala pour mettre en valeur ce bâtiment devenu iconique.
© Marco Brescia © Teatro alla Scala
C’est surtout Giuseppe Verdi qui a donné à la Scala la renommée qui est aujourd’hui la sienne. Il a choisi la Scala pour y monter plusieurs opéras, notamment Nabucco en 1842, Aida en 1872, et Otello en 1887.
Au début du XXe siècle, Milan et sa Scala étaient donc déjà bien installés sur la scène mondiale grâce à Verdi. Puccini a suivi ses traces en y créant plusieurs œuvres majeures, notamment Edgar en 1889, Madame Butterfly en 1904 (la première fut un échec retentissant…) et Turandot en 1926. Durant cette période, Arturo Toscanini a été nommé plusieurs fois directeur musical.
Verdi par Boldini (Casa di Riposo per Musicisti, Milan)
Malgré un bombardement durant la guerre, la Scala n’a pas perdu de son prestige. Après-guerre, elle a accueilli plusieurs autres premières mémorables, notamment Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc en 1957 ou, plus récemment, Fin de Partie de György Kurtág.
Dans son histoire récente, l’orchestre de la Scala a connu des chefs aussi prestigieux que Herbert von Karajan, Claudio Abbado et Daniel Baremboim.
Des représentations qui marquent l’histoire
Le public de la Scala est connu pour être particulièrement exigeant et difficile – quand ce ne sont pas les « loggionistes » (spectateurs du poulailler) qui, parfois, ourdissent des cabales contre tel ou tel artiste ! Ce qui a pu faire parfois les choux gras de la presse à scandale… En 1956, Callas reçut ainsi, à l’issue d’une représentation du Barbiere di Siviglia… une botte de radis, qu’elle ramassa avec aplomb et serra sur son cœur ! En 1989, la soprano Katia Ricciarelli, avait été sifflée avant même de se mettre à chanter. Le même triste sort avait été réservé au ténor Roberto Alagna en 2006, sifflé à la fin de l’aria « Celesta Aida ». Ne supportant pas la situation, il avait décidé de quitter la scène avant la fin du premier acte, à la stupéfaction générale.
Chaque année, le 7 décembre, l’ouverture de la saison est au centre de l’attention. La Scala peut ainsi être le théâtre de déclarations et de manœuvres politiques. Par exemple, en 2022, des militants écologistes ont aspergé la façade de l’opéra avec de la peinture juste avant la représentation. L’année suivante, la soprano russo-autrichienne Anna Netrebko avait décidé d’annuler sa représentation à cause de certaines polémiques concernant ses positions sur la guerre en Ukraine.
Mais les mélomanes retiennent surtout les dates qui ont marqué l’histoire de la Scala sur le plan artistique: c’est là que Visconti et Callas offrèrent au public, de 1954 à 1957, La Vestale de Spontini, La Somnambule de Bellini, Anna Bolena de Donizetti, Iphigénie en Tauride de Gluck. Et surtout, La traviata de Verdi, dirigée par Carlo Maria Giulini (1955), considérée comme l’un des plus beaux spectacles d’opéra de l’Histoire…
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