Dans le cadre des « Dimanches musicaux » donnés à la Cathédrale américaine de Paris, l’association LAGV (Les arts George V) a invité la Compagnie de chant Vittorio Tosto : celle-ci a proposé un concert composé de larges extraits de l’opéra Samson et Dalila de Saint-Saëns – un choix très heureux, aucun théâtre parisien n’ayant programmé cette oeuvre pour la saison en cours – ni d’ailleurs, sauf erreur, aucun autre opéra du musicien dont on s’apprête pourtant à célébrer le centenaire de la disparition.
C’est à vrai dire véritable petit spectacle que nous avons assisté plus qu’à une version de concert, le ténor Antonio Signorello ayant pour l’occasion réglé une mise en espace simple mais permettant de bien saisir les enjeux dramatiques et psychologiques des situations. Les costumes, quelques accessoires et la complicité efficace d’un narrateur (Guido Tommei) permettent ainsi de proposer un condensé clair et compréhensible de Samson et Dalila, les extraits retenus appartenant aux 3 actes de l’opéra.
Dalila a la silhouette élégante et la voix fraîche, claire et bien projetée de la mezzo Yoriko Okumura, qui fait de l’héroïne de Saint-Saëns une femme touchante plus qu’une manipulatrice vénéneuse. La chanteuse phrase délicatement le « Printemps qui commence » du premier acte, et possède un souffle suffisamment maîtrisé pour venir à bout des longues phrases legato de « Mon cœur s’ouvre à ta voix ». Au total, le portrait de la séductrice s’avère soigné et tout à fait convaincant.
La voix d’Antonio Signorello possède des reflets chauds et sombres, parfois presque barytonnants, ce qui ne l’empêche nullement de délivrer des aigus éclatants (le second « je t’aime » de « Mon cœur s’ouvre à ta voix, ou encore celui qui clôt l’opéra : « Qu’avec toi je me venge, ô Dieu, / En les écrasant en ce lieu !), et de préserver également de beaux moments de douceur. Cette particularité vocale lui permet de brosser un portrait à la fois viril et très touchant du héros biblique, le chanteur se montrant aussi à l’aise dans les imprécations du premier acte (« Israël, romps ta chaîne ! »), que dans l’introspection de la scène de la meule, chantée avec beaucoup d’émotion, de retenue et d’intériorité.
Quant à Véronique Garnier, elle parvient, par un jeu tantôt très poétique (les touches impressionnistes de l’introduction du deuxième air de Dalila), tantôt plein d’énergie ( mais ne couvrant jamais la voix des chanteurs), à rendre toutes les subtilités et toute la richesse de l’écriture de Saint-Saëns.
Le public, venu nombreux et visiblement ravi, applaudit très chaleureusement les quatre artistes !
Samson Antonio Signorello
Dalila Yoriko Okumura
Narrateur Guido Tommei
Véronique Garnier Piano
Mise en scène Antonio Signorello
Opéra en trois actes de Camille Saint-Saëns, livret de Ferdinand Lemaire, créé le 02 décembre 1877 au Hoftheater de Weimar.
Cathédrale américaine de Paris, 11 octobre 2020
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Meraviglioso ♥️