Festival Verdi de Parme : un REQUIEM entre théâtralité et religiosité
Le Festival Verdi de Parme propose une très belle version du Requiem de Verdi : le public fête les solistes et musiciens, particulièrement Michele Mariotti et Marina Rebeka.
Outre quatre opéras (Simon Boccanegra, Il Trovatore, La Forza del destino et Rigoletto e la maledizione, une adaptation de Rigoletto pour orchestre de chambre), l’édition 2022 du festival Verdi de Parme propose également deux œuvres sacrées : les rares Quatre pièces sacrées, et le célébrissime Requiem, très attendu notamment pour la participation de Marina Rebeka dans la partie de soprano. Michele Mariotti est visiblement très apprécié du public parmesan, qui l’accueille par de très chaleureux applauissements dès son apparition sur scène. À la tête d’un Orchestre Symphonique National de la RAI très impliqué mais pas parfaitement irréprochable (quelques menues défaillances se font entendre ici ou là dans certains pupitres au fil de la soirée) et des excellents chœurs du Teatro Regio, Mariotti propose une lecture de l’œuvre qui oscille entre recueillement extrême (l’introït, avec un « Requiem » tout juste murmuré par le chœur, à peine audible) et flamboyance (le « Tuba mirum »), n’hésitant pas à proposer des tempi très rapides (« Dies irae »), occasionnant parfois de menus décalages (dans le « Sanctus » par exemple), heureusement vite rattrapés.
Est-ce parce que l’œuvre est donnée dans un théâtre et non dans une église ou une salle de concert ? Toujours est-il que les entrées successives des quatre solistes nous ont paru assez extraverties, « opératiques » pour tout dire, chacun semblant tirer la couverture à soi sans former un quatuor parfaitement cohérent et homogène. Très vite cependant, cette impression se dissipe pour faire place à une expression sincère et passionnée de la foi : Riccardo Zanellato, récemment entendu à Paris au TCE dans la même œuvre, fait valoir la noblesse d’un chant émouvant, porté par un timbre aux couleurs relativement claires ; Stefan Pop fait alterner de beaux moments de douceur et de recueillement extrêmes (« Ingemisco », « Hostias ») avec certains élans que l’on est en droit de trouver un peu trop lyriques, voire dramatiques pour une œuvre sacrée, aussi « théâtrale » soit-elle. Varduhi Abrahamyan propose un « Liber scriptus » plein d’autorité, et adoucit son timbre pour l’ « Agnus dei » de sorte que sa voix fusionne harmonieusement avec celle de Marina Rebeka, laquelle a proposé une prestation de haut vol : le timbre est superbe sur toute la tessiture, la ligne de chant parfaitement malléable, jusque dans l’aigu piano du dernier « Requiem » dans le « Libera me » , l’expression toujours juste, ni trop extravertie, ni trop réservée… Dans ces conditions, impossible de lui tenir rigueur de quelques menus accrocs repérés ici ou là (dont une attaque ratée dans le « Libera me » de la fugue finale) : la soprano recevra au moment des saluts une spectaculaire ovation, de même que Michele Mariotti, de toute évidence très ému de l’accueil qui lui a été réservé !
Marina Rebeka, soprano
Varduhi Abrahamyan, mezzo-soprano
Stefan Pop, ténor
Riccardo Zanellato, basse
Orchestra sinfonica nazionale della Rai, dir. Michele Mariotti
Coro del Teatro Regio di Parma, dir. Martino Faggiani
Missa da Requiem
Giuseppe Verdi
Festival Verdi de Parme, Teatro Regio di Parma, concert du vendredi 30 septembre 2022.