Créés en 1937, les Carmina Burana sont l’œuvre de tous les paradoxes. N’importe qui peut en donner le nom dès les premières notes de « O Fortuna », en revanche peu, parmi le grand public, connaissent le nom de son compositeur allemand plus que prolifique : Carl Orff.
Cette œuvre de près d’une heure est une suite de chants profanes faisant partie d’une trilogie incluant également les Catulli Carmina et le Trionfo di Afrodite. Curieux destin qui a lui valu d’être utilisée à l’envi par pléthore de publicitaires peu scrupuleux après le succès d’Excalibur…
L’œuvre nécessite un effectif orchestral des plus importants et des chœurs qui ne le sont pas moins, dont un important chœur d’enfants, lesquels doivent être de très haute tenue.
Les Carmina burana consistent en une succession d’une dizaine de morceaux alternant effectifs choraux, orchestraux et passages chantés par des solistes qui n’interviennent que fort peu.
Michael Schade est considéré comme l’un des grands ténors du moment. On l’entend régulièrement au Musikverein, au Konzerthaus et à la Staatsoper de Vienne, au Concertgebouw d’Amsterdam, à l’Alice Tully Hall ou encore au Carnegie Hall de New York. Son répertoire, très vaste, va de Bach à la musique contemporaine. La voix est précise, nette et d’une grande puissance : les interventions du chanteur s’avérant capables d’emplir sans problème toute la Philarmonie.
Né à Londres, le baryton Mark Stone est lui aussi régulièrement invité dans les salles du monde entier. Il est dommage qu’il n’ait eu qu’un air à chanter, mais nous gratifia d’un irrésistible air de soiffard éméché, au volume sonore impressionnant, le chanteur faisant mine de se cogner la tête en quittant le plateau à la fin de son air !
Erin Morley, soprano américaine, récemment nommée Chevalière de l’Ordre des Arts et des Lettres en France par le ministère de la Culture, est une des stars actuelles du Metropolitan de New York. Habituée, entre autres, des rôles de Sophie du Chevalier à la rose et de Pamina, elle s’était notamment fait remarquer avec une éblouissante interprétation de Marie (La Fille du régiment), chantée en période de Covid en s’accompagnant elle-même au piano. Elle fait entendre ce soir une voix toute en en nuances, ses interventions faisant preuve d’une parfaite musicalité.
L’orchestre de Paris fut ce soir-là exceptionnel, notamment les pupitres de cuivres qui se surpassèrent autant dans les grands ensembles que dans les pages plus confidentielles. Les chœurs ont quant à eux montré toute leur puissance et leur maîtrise dans une œuvre quelque peu répétitive. Ce sont eux les grands gagnants de la soirée, y compris les superbes chœurs d’enfants !
Le chef Andres Orozco dirige brillamment ces effectifs importants avec en enthousiasme communicatif, suscitant des applaudissements mérités.
En prime, la création française d’Operascope d’Unsuk Chin : il s’agit d’une œuvre de dix minutes, commande de la Philharmonie de Paris – caution « contemporaine » du cahier de des charges de l’orchestre.
Erin Morley, soprano
Michael Schade, ténor
Mark Stone, baryton
Rémi Aguirre Zubiri, chef de chœur associé
Edwin Baudo, chef de chœur associé
Désirée Pannetier, cheffe de chœur associée
Béatrice Warcollier, cheffe de chœur associée
Richard Wilberforce, chef de chœur
Unsuk Chin, Operascope (création française)
Carl Orff, Carmina Burana
Cantate scénique créé le 8 juin 1937.
Philharmonie de Paris, concert du mercredi 17 avril 2024.
1 commentaire
Excellent spectacle avec une constellation des talents remarquable palpitant dès le début à la fin. Merci de ce bijou…. honneur à l’ensemble des musiciens, chanteurs et au brillant directeur Andrés Orozco fierté colombienne Bravoo!!!!!