À la une
Le REQUIEM de Donizetti à Saint-Denis, ou l’hommage du compositeur...
CD – Horizons, mélodies françaises par Kitty Whately – L’écoute...
¡Viva la ópera en España! Les saison lyriques de Séville,...
GEORGE GAGNIDZE : « J’aborde Verdi avec vénération et le plus...
GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima...
Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
Saison 25-26 du San Carlo de Naples : l’hégémonie de...
Et Célestine Galli-Marié créa Carmen
Nice : « Et surtout la chose enivrante…La liberté ! La liberté ! » : une...
Versailles. Ernelinde, princesse de Norvège : Le chaînon manquant
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduVu pour vousConcert

L’APOCALYPSE de Jean Françaix à l’église de la Trinité – Saint John on the Beach ?

par Laurent Bury 1 juin 2024
par Laurent Bury 1 juin 2024
0 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
2,2K

« Six, six, six, jamais sept… Six, six, six, jamais sept… » Lorsqu’on entend le ténor et la basse répéter de manière obsédante cette formule, sur les mêmes notes, dans un quasi parlando, un doute nous prend : et s’il s’agissait en fait de quelque version française d’Einstein on the Beach ? Ou bien Philip Glass aurait-il été devancé, de ce côté-ci de l’Atlantique, dans l’art de faire inlassablement chanter « one, two, three, four, five, six… » ? C’est la deuxième hypothèse qui est la bonne, et ce détail – qui évoque 666, le « chiffre de la Bête » – n’est que l’un de ceux qui font de L’Apocalypse selon saint Jean de Jean Françaix un objet musical relativement non identifié. Ecrit en 1939 (le compositeur alors âgé de 27 ans y voyait son œuvre majeure), créé en 1942, cet « oratorio fantastique » n’est pas très souvent interprété, mais il a déjà bénéficié de deux enregistrements commercialisés, le plus récent étant sorti en 1999 chez Erol, sous la direction de Jean-Pierre Lo Ré.

On ne sera donc pas surpris que le chef en question remette l’ouvrage sur le métier un quart de siècle plus tard (avec à la clé une nouvelle captation, également à paraître chez Erol). Les amateurs de musique française chorale lui doivent des raretés de Massenet (La Terre promise), de Franck (Rébecca), ou Paladilhe (Les Saintes Marie de la Mer), etc. Jean Françaix (1912-1997) a trouvé en lui un défenseur courageux, alors que ce compositeur reste inclassable, comme il l’a sans doute voulu. Membre du groupe Triton, auprès d’autres figures injustement négligées, comme Henri Tomasi, Françaix emprunta à ses contemporains (on n’est pas très loin du Groupe des Six, on sent qu’il a écouté le Stravinsky, et on pense même parfois à Prokofiev) pour concevoir une musique bien personnelle. Et en 1939, dans son Apocalypse, il a l’audace d’introduire, à côté du grand orchestre qui interprète l’essentiel de la partition, un « orchestre infernal » qui inclut mandoline, guitare électrique et accordéon, pour des effets inquiétants, un peu discordants (l’œuvre se conclut sur un éclat de rire du diable…).

Cette Apocalypse durant environ une heure, elle est précédée pour ce concert de deux œuvres totalement différentes. 2024 est l’année du centenaire de la mort de Fauré, et deux des partitions les plus célèbres du père de Pénélope ont donc été choisie en ouverture de programme : l’Elégie, avec en soliste la violoncelliste Caroline Glory. L’auditeur a donc un peu de temps pour se familiariser avec l’acoustique de l’église de la Trinité : le tempo assez lent adopté par le chef, à la tête de son Orchestre français d’oratorio, tient sans doute compte de la réverbération propre à ce lieu où les cordes sont très présentes mais où les bois semblent très lointains. Vient ensuite la non moins illustre Pavane, qui marque l’apparition du chœur. En l’occurrence, trois formations ont été réunies – Chœur français d’oratorio, Chœurs Elisabeth Brasseur et Chœurs de Cernay-la-Ville et des Indépendants – pour obtenir la masse vocale nécessaire à l’oratorio qui suivra. Compte tenu de l’acoustique susmentionnée et du fait que ce regroupement se compose en très large majorité d’amateurs sexagénaires et plus, on ne comprendra pas un mot du poème de Verlaine.

Le problème est un peu moins sensible pour L’Apocalypse, qui fait heureusement intervenir quatre chanteurs solistes, les voix masculines étant les plus gâtés. Dans son unique passage en solo, la mezzo Daïa Durimel est hélas couverte par l’orchestre, la soprano Tatiana Probst ayant plus de chance avec son air. Mais, on l’a dit, ce sont le ténor et la basse qui s’expriment le plus souvent, tantôt par-dessus le chœur, tantôt presque a cappella dans des passages déclamés. Patrick Garayt participe depuis longtemps aux concerts de Jean-Pierre Lo Ré : il était déjà le protagoniste de cette Apocalypse en 1999, et il n’a rien perdu de la vigueur de son chant clairement articulé. On avoue néanmoins avoir été particulièrement frappé par la prestation de Jean-Gabriel Saint-Martin, bien connu des amateurs d’opéra : le baryton se montre souverain à chacune de ses interventions, avec un vibrato parfaitement dosé et une conviction dans le discours qui emporte forcément l’adhésion.

Un deuxième concert est prévu ce samedi 1er juin, à 21h.

Les artistes

Tatiana Probst, soprano
Daïa Durimel, alto
Patrick Garayt, ténor
Jean-Gabriel Saint-Martin, baryton
Caroline Glory, violoncelle solo
Sotiris Kyriazopoulos, violon solo

Orchestre français d’oratorio, dir. Jean-Pierre Lo-Ré
Chœur français d’oratorio, chef associé : Carlo Loré, chef de chant : Bruno Gousset
Chœurs Élisabeth Brasseur, dir. Antoine Sébillote
Chœurs de Cernay-la-ville & des Indépendants, dir. Jean-Pierre Lo-Ré

Le programme

L’Apocalypse selon saint Jean

Oratorio fantastique en 3 parties pour 4 solistes, chœurs mixtes et deux orchestres de Jean Françaix, créé à Paris en 1942.

Concert du vendredi 31 mai 2024, Eglise de la Trinité, Paris.

image_printImprimer
Jean-Gabriel Saint-MartinTatiana ProbstDaïa DurimelPatrick GaraytJean-Pierre Lo-Ré
0 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
Laurent Bury

Une fois hors d'un charnier natal assez septentrional, Laurent Bury a longtemps habité sous les vastes portiques du 123, rue Saint-Jacques, du 45, rue d'Ulm et du 1, rue Victor Cousin (et même ensuite du 86, rue Pasteur, 60007). Longtemps, il s'est couché de bonne heure aussitôt après les spectacles que, de 2011 à 2020, il allait voir pour un autre site opératique. Papillon inconstant, farfallone amoroso, il vole désormais entre divers sites, et a même parfois l'honneur de prêter sa plume aux volumes de L'Avant-Scène Opéra.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
MADAMA BUTTERFLY, Puccini (1904) – dossier
prochain post
DON PASQUALE à la Scala : la joyeuse profondeur d’un spectacle bouffe

Vous allez aussi aimer...

Le REQUIEM de Donizetti à Saint-Denis, ou l’hommage...

6 juin 2025

¡Viva la ópera en España! Les saison lyriques...

5 juin 2025

Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo

4 juin 2025

Nice : « Et surtout la chose enivrante…La liberté ! La...

1 juin 2025

Versailles. Ernelinde, princesse de Norvège : Le chaînon...

31 mai 2025

Musiques sacrées et spiritualités du XXe siècle à...

30 mai 2025

Les lundis musicaux à l’Athénée-Louis Jouvet : vague à...

30 mai 2025

Au Châtelet, Bizet bouffe, tendre et tragique

29 mai 2025

Opéra Orchestre Normandie ROUEN : saison 26-26

29 mai 2025

Reprise de Manon à l’Opéra Bastille : le triomphe...

28 mai 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman
  • Marcel dans Reprise de Manon à l’Opéra Bastille : le triomphe de Benjamin Bernheim
  • Sabine Teulon Lardic dans Gluck versus ballet à l’Opéra Comique
  • Stéphane Lelièvre dans SCALA DE MILAN : découvrez la richissime saison 2025-2026 !
  • Tilman dans SCALA DE MILAN : découvrez la richissime saison 2025-2026 !

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Le REQUIEM de Donizetti à Saint-Denis,...

6 juin 2025

¡Viva la ópera en España! Les...

5 juin 2025

Il trovatore à Marseille : Le chant...

4 juin 2025