À Parme, un concert lyrique à la mémoire… du légendaire arbitre de foot : Alberto Michelotti !

En Italie, opéra et football peuvent faire bon ménage ! En témoigne cet étonnant concert donné à Parme à la mémoire du légendaire arbitre Alberto Michelotti, qui fut pendant cinquante ans le « Don Carlo » du célèbre « Club des 27 », une association culturelle dont chaque membre porte le nom d’un opus verdien !

Parme, Corale Verdi, Sala « Romano Gandolfi », 17 janvier 2025

Un concert extraordinaire a eu lieu ce vendredi 17 janvier 2025 à la Corale Verdi de Parme, intitulé « Di me non ti scordar ! », Concert à la mémoire d’Alberto Michelotti. La salle « Romano Gandolfi » était bondée, les applaudissements tonitruants, avec quelques standing ovations. Si tout cela donne une idée de cette initiative réussie, cela ne suffit pas à décrire l’atmosphère radieuse de la soirée. En soi, la musique joint à une rationalité extrême (le caractère mesurable du rythme) la plus grande passion (l’expression de l’affection et des mouvements de l’âme humaine) : lors du concert à la mémoire d’Alberto Michelotti, on a de fait perçu tout à la fois une extrême rigueur professionnelle, alliée à une affectivité très intense, comme si les souvenirs évoqués par le chant et les notes renforçaient chez les personnes présentes les sentiments d’amitié, d’estime et de reconnaissance humaine à l’égard d’une personne admirable.

Alberto Michelotti est né à Parme le 15 juillet 1930 et est décédé dans la même ville le 18 janvier 2022, à l’âge de 91 ans. Il fut footballeur (gardien de but) dans sa jeunesse, puis devint arbitre de football, parmi les plus appréciés dans les années 1970, tant en Italie qu’à l’étranger (il prit sa retraite en 1981). Honnêteté, respect, engagement à donner le meilleur de lui-même, aucune jalousie : tels étaient les principes de la vie d’un homme déterminé et tenace, qui a trouvé en Giuseppe Verdi un ami idéal et qui, pendant pas moins de cinquante ans, a été « Don Carlo » au sein du légendaire « Club dei 27 » (association dont chacun des 27 membres porte le nom d’un des opéras de Verdi). 

© Rob Mieremet / Anefo (Dutch National Archives)

Ses filles Sonia et Vania Michelotti étaient présentes dans la salle et ont chaleureusement remercié les organisateurs : le « Club dei 27 », la Corale Verdi, « Parma lirica » et « La famija pramzana ». La soirée a été animée par Paolo Zoppi : Falstaff du Club dei 27, fondateur de l’association locale « Amici della lirica » et directeur artistique de « Fuoco di gioia » (un événement qui a lieu chaque année au Teatro Regio, demandant la participation de grands artistes et qui « unit l’excellence de l’art et l’excellence de la solidarité »). Faisant alterner narration d’anecdotes et présentation des cinq interprètes et des extraits interprétés, Zoppi a créé une atmosphère amicale et accueillante, parfois même plaisante et ironique. Les chanteurs ont répondu avec générosité et ont donné le meilleur d’eux-mêmes.

Le premier à se produire a été la basse Michele Pertusi : une voix puissante, soutenue par une technique impeccable, qui a immédiatement enthousiasmé le public. Né à Parme le 12 janvier 1965, il vient de fêter ses 60 ans et 41 ans d’une brillante carrière. Avant de faire ses débuts en tant que soliste, il avait chanté avec la Corale Verdi et le Chœur du Teatro Regio, et c’est ainsi qu’il a retrouvé dans la salle « Romano Gandolfi » de vieux amis ! Après lui, Anna Maria Chiuri est entrée en scène : une mezzo-soprano dramatique à la présence charismatique et à la voix forte et ample. Originaire du Haut-Adige, elle est diplômée du Conservatoire de Parme, puis s’est spécialisée auprès du ténor Franco Corelli et a acquis une renommée internationale au fil des ans. Il y a quelques jours, elle a reçu le prestigieux prix « Verdi d’Oro » lors du « Concerto di Sant’Ilario » organisé par la Corale Verdi dans la cathédrale d’Oltretorrente.

Alors que Pertusi et Chiuri se produisent depuis des années dans les plus prestigieux théâtres italiens et internationaux, les trois autres chanteurs font partie des nouvelles promesses du chant lyrique. Clarissa Costanzo est une soprano lirico-drammatico. Sa voix est corsée, surtout dans le médium, mais assez étendue dans l’aigu et le suraigu. Née en 1991 à Caserta, elle est diplômée du Conservatoire San Pietro a Majella de Naples et a ensuite étudié avec la soprano Renata Scotto. Déjà lauréate de nombreux concours d’opéra italiens et internationaux, elle a été récompensée en 2016 lors du 54e concours « Voci Verdiane » à Busseto. Davide Piaggio est un ténor lirico-drammatico, jeune mais qui a déjà fait ses débuts dans des théâtres français et allemands en tant qu’interprète de rôles de Puccini et de Verdi. Jorge Martinez est un tout jeune baryton d’origine cubaine, doté de moyens remarquables en termes de couleur et de timbre.

Tous les chanteurs étaient accompagnés au piano par l’habile maestro Simone Savina. À la fin, entre accolades et sourires radieux, le souhait général a été formulé : celui de se retrouver bientôt !

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Les artistes

Clarissa Costanzo, soprano
Anna Maria Chiuri, mezzo-soprano
Davide Piaggio, tenore
Jorge Martinez, baritono
Michele Pertusi, basso

 Simone Savina, piano

Paolo Zoppi, présentateur

Le programme

Oberto Conte di San Bonifacio, « L’orror del tradimento; Ma tu, superbo giovane » Michele Pertusi

 Macbeth, « Pietà, rispetto, onore » Jorge Martinez

Aida, « Già i sacerdoti adunansi » Anna Maria Chiuri e Davide Piaggio

La forza del destino, « Pace, pace, mio Dio » Clarissa Costanzo

Otello, « Esultate! » Davide Piaggio

Otello, « Dio! Mi potevi scagliar » Davide Piaggio

 Attila, « Mentre gonfiarsi l’anima; Oltre quel limite » Michele Pertusi

Il trovatore, « Udiste? Come albeggi » Clarissa Costanzo e Jorge Martinez

 Don Carlo, « Dio che nell’alma infondere » Jorge Martinez e Davide Piaggio

Don Carlo, « O don fatale » Anna Maria Chiuri

Don Carlo, « Per me giunto è il dì supremo » Jorge Martinez e Davide Piaggio

Don Carlo, « Tu che le vanità » Clarissa Costanzo

Don Carlo, « Ella giammai m’amò! » Michele Pertusi

Parma, Corale Verdi, Sala “Romano Gandolfi”, 17 janvier 2025