Une Belle Hélène au goût du jour à Lille
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C’est un nouveau rendez-vous désormais inscrit à l’agenda lillois, en forme d’épilogue de la saison de l’Orchestre national de Lille. Initié en 2018 par Alexandre Bloch, à la tête de la formation depuis septembre 2016, le mini-festival « Les nuits d’été » met à l’affiche un ouvrage lyrique, mis en espace dans l’Auditorium du Nouveau Siècle. Si la première édition avait fait redécouvrir la Mass de Bernstein, la deuxième avait proposé une Carmen avec narration-commentaire remis au goût du jour d’Alex Vizorek. Après une année blanche en 2020 en raison de la pandémie, le cru 2021 poursuit cette actualisation festive des grands classiques avec une Belle Hélène revisitée par Lionel Rougerie.
Réalisée par Saïd Abitar et accompagnée par les éclairages de Fabrice Ollivier, la scénographie sur fond de projections hautement colorées, sinon fluorescentes, dans une sorte de relecture contemporaine de l’habillage pictural du Parthénon, ou de la foule à Sparte comme à la plage de Nauplie, ménage, à l’arrière du plateau, un promontoire pour le récit de Vénus, confié à une Léna Dangréaux un rien sentencieuse, qui appuie la fatalité et les scrupules de l’héroïne éponyme, avec des accents de pseudo eschatologie trahissant parfois la légèreté satirique de l’ouvrage. Le livret de Meilhac et Halévy a été reprisé pour inclure des clins d’œil à notre époque, en particulier dans la harangue de Calchas, passablement surlignée mais conservant sa drôlerie selon les sensibilités de chacun, et jusque dans la charade substituant l’hydroxychloroquine à la locomotive originelle.
Si le résultat menace plus d’une fois l’équilibre initial entre dialogues et parties chantées, la distribution vocale, entièrement francophone et à la diction sans faille, sert sans réserve la musique d’Offenbach. Dans le rôle-titre, Gaëlle Arquez affirme un timbre rond, non exempt de sensualité, idéal pour cette reine qui minaude quelque peu sa retenue face à la lascivité. La netteté de la ligne se retrouve dans celle du Pâris de Cyrille Dubois, à l’émission agile et claire, aux aigus ça et là un peu serrés et à la volubilité qui gagnerait à un soupçon supplémentaire de chair. Le Ménélas d’Éric Huchet se distingue par une bonhomie et un naturel irrésistible dans le ridicule que partage l’Agamemnon généreux de Marc Barrard. Philippe Ermelier ne lésine pas sur la faconde de l’augure Calchas. Raphaël Brémard joue à loisir avec la hâblerie lumineuse et écervelée d’Achille. Sahy Ratia et Florent Karrer forment la paire complémentaire des deux Ajax. Aliénor Feix offre un Oreste jubilatoire aux côtés des félines Léoena et Parthénis de Camille Poul et Pauline Texier. Marie Lenormand fait une apparition aux dimensions idoines de la camériste chaperon Bacchis. Les interventions du Chœur de chambre Septentrion, à la balance parfois perfectible, complètent le tableau. À la tête de son Orchestre national de Lille, Alexandre Bloch fédère les énergies musicales de cette Belle Hélène prolongeant, non sans quelques maladresses, l’esprit irrévérencieux d’Offenbach.
Hélène Gaëlle Arquez
Bacchis Marie Lenormand
Léoena Camille Poul
Parthénis Pauline Texier
Vénus Léna Dangréaux
Oreste Aliénor Feix
Pâris Cyrille Dubois
Ménélas Éric Huchet
Agamemnon Marc Barrard
Calchas Philippe Ermelier
Achille Raphaël Brémard
Ajax I Sahy Ratia
Ajax II Florent Karrer
Chœur de Chambre Septentrionn, Orchestre National de Lille, dir. Alexandre Bloch
Mise en scèneLionel Rougerie
Saïd Abitar Illustrations et scénographie
Fabrice Ollivier Lumières
La Belle Hélène
Opéra-bouffe en trois actes d’Offenbach, livret de Lionel Rougerie (et d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy !), créé le 1er juillet 2021 au Théâtre des Champs-Élysées (Paris)
Auditorium du Nouveau Siècle, Lille, concert du 7 juillet 2021.