Crédit photos : © Operafest Lisboa
Lisbonne, Madama Butterfly, Operafest 21
Le très jeune Operafest de Lisbonne propose cette année plusieurs événements parmi lesquels : Madama Butterfly, Le Médium, Mahagonny Songspiel (Weill) & Até que a Morte nos Separe (Ana Seara, une création), ainsi qu’un gala avec le ténor Mads Wighus. Les spectacles prennent place dans le jardin du très beau Musée d’Art ancien, un lieu charmant mais qui nécessite une sonorisation, rien ne permettant de renvoyer les voix vers les spectateurs – et la musique étant parfois couverte par le passage d’avions ou de trains…
En dépit de l’étroitesse du lieu, les organisateurs ont choisi de programmer Madama Butterfly, avec une orchestration (plutôt habilement) révisée par Francisco Lima da Silva, le dispositif orchestral d’origine ne pouvant prendre place devant la petite scène aménagée au fond du jardin. Les dimensions modestes de la scène permettent au demeurant de rappeler que, si ce n’est lors de la scène du mariage, l’opéra de Puccini est une œuvre intimiste, ne nécessitant nullement le déploiement de décors grandioses que l’on observe parfois dans d’autres productions. La mise en scène d’Olga Roriz se concentre donc essentiellement sur le jeu des chanteurs et l’évolution des relations entre les personnages, avec certains moments très émouvants, telle cette belle scène finale où Cio-Cio San parvient, avant de mourir, à se redresser pour serrer Pinkerton une dernière fois dans ses bras…
Les chœurs (Coro nova era vocal ensemble) et l’orchestre (Ensemble MPMP) sont d’une bonne tenue, d’autant qu’ils sont conduits par un Jan Wierbza attentif et enthousiaste.
La distribution réunie est d’une belle homogénéité : Christian Luján est un Sharpless très humain, Ana Ferro une très belle Suzuki, offrant une belle prière au début du second acte et contribuant avec musicalité et sensibilité au duo des fleurs. Depuis son passage à l’édition norvégienne de l’émission The Voice, la voix de Mads Wighus a gagné en stabilité et en couleurs. Si le chanteur doit encore gagner en mordant dans l’articulation et en arrrogance dans la projection (mais il faudrait l’entendre sans sonorisation pour en juger en toute objectivité…), son Pinkerton est très correct et a été bien accueilli par le public.
Même accueil chaleureux au rideau final pour la Butterfly de Catarina Molder : l’artiste s’implique totalement dans l’incarnation du personnage, et se montre particulièrement émouvante dans les pages tragiques de l’œuvre : le hara-kiri final bien sûr, mais aussi la confrontation avec Sharpless au second acte, notamment lorsque la voix de la chanteuse change brutalement de couleur lorsqu’elle prononce les mots : « Due cose potrei fare… ».
Le public, venu nombreux, accueille chaleureusement l’ensemble des artistes à l’issue de la représentation.
Madama Butterfly : Catarina Molder
Suzuki : Ana Ferro
Kate Pinkerton : Ana Rita Coelho
B.F. Pinkerton : Mads Wighus
Sharpless : Christian Luján
Goro : Alberto Sousa
Le Bonze et Yamadori : Diogo Oliveira
Le Commissaire : Nuno Fonseca
Le fils de Cio-Cio San : Noah Freir
Ensembe MPMP, Coro Nova era vocal ensemble, dir. Jan Wierzba
Arrangement orchestral : Francisco Lima da Silva
Mise en scène : Olga Roriz
Décors : Ana Vaz
Madama Butterfly
Opéra en 3 actes de Giacomo Puccini, livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après John Luther Long et David Belasco, créé à la Scala de Milan le 17 février 1904.
Operafest 21, Lisbonne, représentation du 27 août 2021.