Voilà un spectacle que Première Loge n’avait pas prévu de chroniquer : c’est au hasard d’une publicité de rue que nous avons pris connaissance de ces représentations de Coscoletto dans le cadre du Festival Off. Intrigué par cette œuvre rare (le livret original français, signé Nuitter et Tréfeu, est apparemment perdu…) mais réputée (voyez le compte rendu des représentations données à Martina Franca il y a quelque temps), nous avons décidé d’y assister… et bien nous en a pris !
Comme l’écrivait Stéphane Lelièvre en juillet 2019, la partition, légère, délicate, poétique, est du meilleur Offenbach – et l’œuvre est par ailleurs drôlissime ! Pour vous en faire une idée, vous pouvez écouter cet opéra-comique dans l’enregistrement dirigé par Helmut Froschauer (Cappriccio), même si la langue allemande donne de curieuses couleurs à cette œuvre française se déroulant en Campanie…
La troupe des Zolibrius n’en est pas à son premier Offenbach : elle a déjà monté avec succès Monsieur Choufleuri et L’Île de Tulipatan. Le spectacle est une adaptation (signée Guillaume Nozach et Vinh Giang Vovan) de l’œuvre originale : en lieu et place de l’orchestre, nous avons un piano et un violoncelle – instrument offenbachien par excellence ! –, qui accompagnent au mieux, avec finesse et musicalité, l’excellente troupe de six comédiens (Lætitia Ayres, Dorothée Thivet, Alexis Meriaux, Hervé Roibin, Nicolas Bercet et Alexandre Martin-Varroy) qui sont aussi de très bons chanteurs, avec peut-être une mention spéciale pour Frangipani de Nicolas Bercet ! Si, dans la courte introduction, une allusion est faite à la Naples des années 60, la mise en scène (Guillaume Nozach) ne comporte aucune référence particulière au XXe siècle, si ce n’est dans les costumes des personnages (réalisés par Virginie Houdinière). Elle fait se succéder habilement des numéros de type « cabaret » parfaitement réglés et réussis dans de jolis décors de bon goût (conçus par Casilda Desazars), et surtout est agrémentée de numéros chorégraphiques vraiment extrêmement drôles !
Un petit regret : si le nom d’Offenbach est bien présent sur le flyer, on regrette qu’il ne soit pas plus mis en avant dans les publicités de rue… Le public du festival d’Avignon n’est pas nécessairement le même que celui des festivals lyriques, et s’il était de toute évidence ravi du spectacle (la belle salle du dôme des Gémeaux, 180 places, était pleine en ce 15 juillet : le bouche à oreille fonctionne visiblement très bien !), il n’est pas sûr que chaque spectateur ait eu parfaitement conscience ou connaissance du type d’œuvre auquel il a assisté, ni de ses auteurs. Peut-être un petit laïus explicatif, sur l’œuvre, Offenbach, le travail d’adaptation, aurait-il été bienvenu avant ou après le spectacle : les artistes le font d’ailleurs souvent dans le cadre des spectacles off.
Ceci n’enlève rien à la qualité d’un spectacle extrêmement réjouissant, dont on espère vivement qu’il sera repris en province et peut-être à Paris au cours de la saison prochaine !
Les Zolibrius
Coscoletto : Alexis Meriaux
Delfina : Laetitia Ayrès
Frangipani : Nicolas Bercet
Marianna : Dorothée Thivet
Polycarpe : Hervé Roibin
Arsenico : Alexandre Martin-Varroy
Piano : Jeyran Ghiaee
Violoncelle : Maëlise Parisot
Adaptation : Vinh Giang Vovan et Guillaume Nozach
Mise en scène : Guillaume Nozach
Lumières : Marie Ducatez
Costumes : Virginie Houdinière
Décors : Casilda Desazars
Chorégraphies : Delphine Huet
Coscoletto
Nouvelle création musicale, librement adaptée de l’opéra-comique en 2 actes de Jacques Offenbach, livret de Livret de Charles Nuitter et Étienne Tréfeu, créé en 1865 à Bad Ems.
Festival off d’Avignon, représentation du vendredi 15 juillet 2022
1 commentaire
Nous avons ri sans retenue du début à la fin. Un spectacle complet: d’excellents acteurs toujours en mouvement et de surcroît excellents chanteurs. accompagnés par deux très bons musiciens.. Et en plus des astuces de mise en scène à effets comiques. Bravo les Zolibrius: on a envie de vous revoir.