Florence – Jessica Pratt et Michele Spotti triomphent dans NORMA

Retour attendu de Norma au Teatro del Maggio Musicale après quelque… 50 ans d’absence ! Une réussite, due notamment à Jessica Pratt (en prise de rôle) et Michele Spotti qui remportent tous deux un très vif succès. 

Le Teatro del Maggio Musicale Fiorentino était plein à craquer le 9 mars, pour la première de Norma de Vincenzo Bellini, un opéra qui réapparaît enfin après 47 ans d’absence de la programmation du théâtre. À la fin du spectacle les artistes ont reçu une dizaine de minutes d’applaudissements, particulièrement chaleureux pour Jessica Pratt (à ses débuts absolus
dans le rôle de Norma), pour Maria Laura Iacobellis (excellente Adalgisa) et pour le chef d’orchestre Michele Spotti.

Tout a bien commencé, avec une splendide ouverture qui a suscité les premiers applaudissements. Dès la troisième scène, c’est Jessica Pratt qui catalyse l’attention, avec un « Casta diva » émouvant, très poétique, en sol majeur comme l’avait écrit Bellini (qui l’a abaissé en fa majeur lors des répétitions précédant la première, à la demande de la prima donna Giuditta Pasta), suivi d’un beau « Ah! bello a me ritorna ». Variations élégantes, agilité, respiration correcte, technique raffinée et grande présence scénique ne manquent pas à Jessica Pratt, surnommée à juste titre « Notre-Dame du Belcanto » par certains fans ; un art qui compense certaines limites sur les notes graves. Norma serait pour un soprano dramatique d’agilité, une espèce rare, et la voix angélique de Jessica Pratt manque un peu de poids dans le registre dramatique, mais on sent qu’elle y travaille. Lors de la conférence de presse de présentation du spectacle, elle a déclaré qu’elle avait refusé le rôle au moins une fois par an depuis l’âge de 28 ans, attendant évidemment que sa voix mûrisse, et qu’elle voulait d’abord chanter La straniera et Beatrice di Tenda.

Elle prépare le rôle de Norma depuis des années : elle devait l’interpréter pour la première fois à Palm Beach en avril dernier, mais elle est tombée malade ; puis à Catane en janvier dernier, mais elle a dû se précipiter au chevet de son père mourant en Australie. Deux défections dans l’avant-dernière heure, survenues après de nombreuses répétitions, mais le travail accompli se fait sentir ; sur Facebook, juste avant les débuts d’hier, elle a écrit en italien: « Sto iniziando un lungo percorso con questa straordinaria opera » (« J’entame un long voyage avec cet opéra extraordinaire »), signe qu’elle ne s’arrêtera pas au résultat désormais obtenu. Son approche d’interprète experte du belcanto est certainement préférable au « cri réaliste » qu’on a entendu trop souvent dans les théâtres.

Les duos de Norma et Adalgisa ont également été interprétés sans baisser le ton; les voix de Jessica Pratt et de la formidable soprano Maria Laura Iacobellis s’harmonisent parfaitement et captivent les auditeurs ; une synchronie parfaite et d’autres moments d’une très haute poésie.

Michele Spotti est admirablement à l’aise dans une fosse difficile comme celle du Teatro del Maggio (étant très grande et entièrement hors scène, le son de l’orchestre se trouve amplifié et cela demande beaucoup d’attention de la part du chef pour ne pas couvrir les voix) : dans son premier opéra à Florence, il a toujours maintenu l’orchestre au bon volume pour permettre au public d’apprécier la merveilleuse musique de Bellini, sans jamais étouffer les voix sur scène, pas même celle du ténor Mert Süngü, peut-être un peu trop faible pour le rôle. de Pollione. En revanche, le rôle d’Oroveso est parfaitement interprété par Riccardo Zanellato. La performance du Chœur a été excellente, bien préparée par Lorenzo Fratini.

La mise en scène d’Andrea De Rosa place l’action dans un lieu sombre et indéfini qui évoque vaguement un camp de concentration ou une prison comme Guantanamo ; pour la première fois, deux bonnes années après la reconstruction de la scène, le pont mobile a été mis en service, utilisé pour élever, en temps voulu, une sorte de bunker dans lequel Norma cache les enfants qu’elle a eus secrètement avec le romain Pollione. Le réalisateur et le scénographe (Daniele Spanò) ont délibérément exagéré la misère du contexte dans lequel ils ont placé l’histoire, mais ils n’ont pas mérité les protestations isolées qui ont surgi quelque part dans la salle à la fin du spectacle (nous avons vu pire…). Le spectacle a globalement été une réussite. Espérons maintenant que le public florentin n’attendra pas encore 47 ans pour retrouver Norma sur scène !

Reprises mardi 11 et vendredi 14 mars à 20h et dimanche 16 mars à 15h30 (très peu de places disponibles) ; détails et billets sur https://www.maggiofiorentino.com/events/norma

——————————————————-

Retrouvez Jessica Pratt et Michele Spotti en interview ! 

Per leggere questo articolo nella sua versione originale in italiano, cliccare sulla bandiera!



Les artistes

Norma : Jessica Pratt
Adalgisa : Maria Laura Iacobellis
Pollione : Mert Süngü
Oroveso : Riccardo Zanellato
Clotilde : Elizaveta Shuvalova
Flavio : Yaozhou Hou

Chœur et orchestre du Teatro del Maggio Fiorentino, dir. Michele Spotti
Chef de chœur : Lorenzo Fratini

Mise en scène : Andrea De Rosa
Décors : Daniele Spanò
Costumes : Gianluca Sbicca
Lumières : Pasquale Mari
Mouvements chorégraphiques : Gloria Dorliguzzo

Le programme

Norma

Opéra en deux actes de Vincenzo Bellini, livret de Felice Romani, d’après la tragédie d’Alexandre Soulet Norma ou l’Infanticide, créé à la Scala de Milan le 26 décembre 1831.

Teatro del Maggio Fiorentino, représentation du dimanche 9 mars 2025.