Effluves romantiques au Centre de Musique de Chambre de Paris à Cortot
Sous la houlette de Jérôme Pernoo, le Centre de Musique de Chambre de Paris, salle Cortot, défend une approche renouvelée du répertoire, au-delà de la forme figée du concert académique. Si les actions culturelles et les formats courts ou iconoclastes, tels le Bach and breakfast du dimanche matin ou le rendez-vous Freshly composed rassemblant des pièces créées par le Centre de Musique de Chambre, après trois années d’accompagnement auprès de jeunes compositeurs, participent de cette diversification, le point d’orgue reste cependant les soirées du centre, déclinés en trois épisodes au fil de la saison, qui mêlent, en particulier, musique et littérature. Avec pour titre « C’est la faute à Werther », ce deuxième opus au cœur de l’hiver est évidemment placé sous le signe du héros du Romantisme allemand, par l’intermédiaire du héros de Goethe.
La première partie de la soirée est consacré à un récital en partenariat avec l’Académie Jarrousky, qui partage un même engagement pour le soutien aux jeunes talents, et favorise les affinités musicales entre les étudiants afin de susciter des collaborations durables.
Membres de la promotion 2019-2020, la pianiste Yun-Ho Chen et le ténor Léo Vermot-Desroches mettent en regard deux cycles de lieder de Schumann, les Fünfe Lieder op.40, sur des poèmes d’Andersen, et les Sechs Gedichte und Requiem op.90, à partir de vers de Lenau. Dans le premier, écrit en 1840, le ténor français fait respirer l’errance des sentiments et des émotions du texte, avec une émission claire parfois aux limites de la fragilité dans le haut de la tessiture, sans jamais renoncer à l’investissement de l’expression. Dans le second cycle, écrit dix ans plus tard sous la rumeur de la mort du poète et ami Lenau, on retrouve l’attention au verbe, dans une lecture qui place l’intention de sincérité au premier plan, jusque dans le Requiem conclusif. Les trois pages de Clara Schumann servies en guise d’intermède entre les deux recueils – Volkslied ; O weh du scheidens ; Sie liebten sich beide – ne démentiront pas la complicité des deux solistes dans une inspiration puisant au creuset du Romantisme germanique, entre lyrisme intime et réinterprétation de sources populaires.
Après une vignette Freshly composed retransmise également sur la page Facebook du Centre de Musique de Chambre de Paris, le concert-spectacle « C’est la faute à Werther », réglé par Jérôme Pernoo, entrelace les quatre mouvements du Quatuor n°3 en ut mineur op. 60 surnommé « Werther », en hommage au héros goethéen qui eut une forte influence sur la jeunesse des premières décennies du Romantisme, avec des strophes du poème Réconciliation que Goethe écrivit à la fin de sa vie, un-demi siècle après la parution de son roman, ainsi que d’autres pages du répertoire germanique, dans une poétique scénographie faite d’ombres, et de jeux de lumières évocateurs.
Léo Vermot-Desroches : ténor
Yun-Ho Chen : piano
Le single de Léo Vermot-Desroches et Yun-Ho Chen
Robert Schumann : Fünfe Lieder op. 40
Clara Schumann-Wieck : Volkslied, O weh des scheidens, Sie Liebten sich beide
Robert Schumann : Sechs Gedichte und Requiem op.90
C’est la faute à Werther
Ludwig van Beethoven : Trio à cordes, opus 9 nº 3
Franz Schubert : Trio opus 100
Robert Schumann: Kreisleriana nº 1 op. 16
Clara Schumann: Trio opus 17
Johannes Brahms : Quatuor op. 60
Centre de Musique de Chambre de Paris, salle Cortot, représentation du 20 janvier 2021