La presse française n’a appris que tardivement la disparition de Christine Weidinger décédée le 24 août 2024 à l’âge de 78 ans. Première Loge tenait à rendre hommage à cette chanteuse qui eut certes une carrière plus qu’honorable (elle se produisit dans le monde entier, aux États-Unis dont elle était originaire, mais aussi en Amérique du Sud et en Europe), mais qui n’atteignit pas tout à fait la renommée qu’elle méritait sans doute.
Une technique aguerrie et une grande adaptabilité stylistique lui permit de remporter de grands succès dans les répertoires les plus variés : baroque (elle chanta Rinaldo aux côtés de Cecilia Gasdia et Marilyn Horne sous la direction de John Fisher, une prestation sauvegardée par le disque ; classique (Chérubin des Noces de Figaro, Arminda dans La finta giardiniera, Konstanze dans L’Enlèvement au sérail ), romatismes italien (La traviata, Il trovatore), allemand (Ortlinde dans Die Walküre) ou français (Stéphano dans Roméo et Juliette, Inez dans L’Africaine, Antonia dans Les Contes d’Hoffmann). Mais c’est surtout dans le belcanto qu’elle se montra assez exceptionnelle : avait-elle exactement les moyens de ce qu’on appelle le soprano drammatico d’agilità ? À chacun d’en juger à partir des témoignages live qu’elle a laissés. Toujours est-il que sa projection impeccable, ses aigus fermes et puissants, la facilité de ses graves la tiennent très éloignée des sopranos légers qui s’égarent parfois dans ces emplois surdimensionnés pour eux. Elle obtint quoi qu’il en soit de grands succès en Lucia, Elisabetta (Roberto Devereux), Norma, Amina dans La sonnambula, Adèle (Le Comte Ory), Armida ou encore dans les reines donizettiennes.
La France l’accueillit quelquefois : on se souvient en particulier de ses apparitions au Festival d’Aix-en-Provence (La finta giardiniera en 1984), à l’Opéra de Marseille où elle fut Traviata (1984) mais aussi la Giulietta du Romeo de Martine Dupuy en 1985, ou au Théâtre des Champs-Élysées en 1985 – où elle participa, aux côtés d’Alain Vanzo, à une version de concert des Contes d’Hoffmann dans laquelle elle interprétait Antonia (Paris découvrait à cette occasion la version Oeser de l’œuvre).
Retrouvons Christine Weidinger dans l’air d’Elvira de l’Ernani verdien, extrait d’un bel album Verdi (à notre connaissance jamais édité en France).