Julián GAYARRE (1844-1890)
Julián Gayarre (Sebastián Julián Gayarre Garjón) naît à Roncal (en Navarre) en 1844 dans une famille très modeste. Après avoir été berger puis forgeron, il étudie le chant à Madrid et à Milan et commence une brillante carrière de ténor. La notoriété arrive le 2 janvier 1876 grâce à une représentation de La Favorite dans laquelle il triomphe à la Scala. Il se produit alors dans le monde entier, remportant d’innombrables succès. Il participa notamment aux créations d’Il Guarany de Carlos Gomes (1870), de La Gioconda (1876), du Duc d’Albe de Donizetti en 1882.
Spécialiste de l’opéra italien (il interpréta aussi bien le bel canto que les ouvrages de Verdi ou le vérisme), son répertoire n’en demeure pas moins extraordinairement diversifié puisqu’il aborda également au cours de sa carrière, avec beaucoup de succès, les répertoires français (il chante L’Africaine en français en 1886, mais aussi Faust ou Les Huguenots) allemand (il remporte un grand succès dans Tannhäuser et reçoit les félicitations de Wagner lui-même pour son interprétation de Lohengrin) et russe (il participe à la création londonienne d’Une vie pour le tsar de Glinka en 1886).
Julián Gayarre dans La Favorita
De santé fragile, il souffre, notamment à partir des années 1880, de maladies respiratoires récurrentes affectant la qualité de sa voix. En avril 1889, il participe à la création espagnole (à Madrid) des Pêcheurs de Perles. Mais le 8 décembre, sa voix se brise en pleine représentation, pendant l’air de Nadir. On rapporte qu’il s’agenouilla en murmurant : « No puedo cantar más. Esto se acabó… » (« Je ne peux plus chanter. C’est la fin… »). Atteint d’une bronchopneumonie, son état s’aggrave rapidement et il meurt le 2 janvier 1890 à l’âge de 45 ans.
Immensément populaire, apprécié des connaisseurs comme du grand public (il était considéré comme l’un des plus grands ténors de son temps, si ce n’est le plus grand), Julián Gayarre possédait de toute évidence un grand charisme vocal (il est malheureusement mort trop tôt pour que des témoignages sonores de son art parviennent jusqu’à nous) mais aussi physique, dont témoignent les photographies et portraits le représentant. Très attaché à sa ville natale de Roncal, il y fit construire, à l’endroit même où se trouvait la maison de son enfance, une maison qui a depuis été transformée en un émouvant musée où l’on peut voir de nombreux souvenirs liés à sa carrière (et qui fut visité en 1998 par Alfredo Kraus).
La vie de Julián Gayarre fit l’objet de trois films :
El canto del ruiseñor (Le chant du rossignol, 1932), Gayarre (1959, avec Alfredo Kraus) et Romanza final (Romance finale, 1986, avec José Carreras).