Se préparer à I CAPULETI E I MONTECCHI
Opéra Royal de Wallonie – Liège, 19-28 mai 2024

Opéra Royal de Wallonie-Liège, 19-28 mai 2024

Tragedia lirica en deux actes de Vincenzo Bellini, livret de Felice Romani, créée le 11 mars 1830 à Venise (Teatro la Fenice). 

LES AUTEURS

Le compositeur

Portrait de Bellini par Giuseppe Tivoli (Museo internazionale e biblioteca della musica, Bologna)

Vincenzo Bellini (1801-1835)

Bellini naît à Catane en 1801 dans une famille de musiciens. À Naples, il bénéficie d’une formation musicale assurée par de grands maîtres de l’époque et de Zingarelli, directeur du conservatoire. La fin de sa formation est couronnée par les représentations de ses deux premiers opéras : Adelson e Salvini, représenté sur la scène du conservatoire en 1825 et, un an plus tard, Bianca e Fernando, sur la scène du San Carlo. Dès lors, les grands théâtres italiens ouvrent leurs portes au jeune compositeur : la Scala (Il pirata en 1827, La straniera en 1829, Norma et La sonnambula en 1831) ; Teatro Regio de Parme (Zaira, 1829) ; Fenice de Venise (I Capuleti e i Montecchi, 1830, Beatrice di Tenda, 1833). Il voyage également en Europe, notamment à Londres et Paris où il fait représenter son ultime chef-d’œuvre : I puritani e i cavalieri en 1835. 

La disparition brutale de ce compositeur de 34 ans quelques mois après le triomphe de cette dernière création privera l’histoire de l’Opéra de possibles chefs-d’œuvre à venir… mais aussi Verdi du seul véritable rival qu’il eût pu connaître en Italie. Le charme prégnant des mélodies belliniennes fit l’admiration de compositeurs pourtant parfois assez éloignés de cette écriture et de cette esthétique, tels Chopin ou encore Wagner – qui dirigea Norma à Riga en 1837.

Le librettiste

Felice Romani (1788-1865)

Romani naît à Gênes en 1788. Il suit de brillantes études de lettres dans l’université de cette ville, et devient un spécialiste reconnu de la littérature française (de fait, plusieurs de ses livrets, tel celui de Norma, seront des adaptations d’œuvres françaises) ainsi que de l’Antiquité et de la mythologie. Poète et critique musical et littéraire, c’est en tant que librettiste qu’il acquiert sa plus grande renommée. Extrêmement prolifique (il est l’auteur de près d’une centaine de livrets !), il écrivit de nombreux textes pour :

  •  Rossini : Aureliano in Palmira, Il turco in Italia, Adina ;
  • Bellini : Il pirata, La straniera, Zaira, I Capuleti e i Montecchi, La sonnambula, Norma, Beatrice di Tenda ;
  • Donizetti : Chiara e Serafina, Alcina, regina di Golconda, Rosmonda d’Inghilterra, Anna Bolena, L’elisir d’amore, Lucrezia Borgia,…;
  • et Verdi : Un giorno di regno

L’ŒUVRE

La création et la fortune de l’œuvre

Giuditta Grisi et Amalia Schutz lors de la reprise des Capulet à la Scala en 1830

Après les triomphes du Pirata et de La straniera, Bellini avait essuyé un échec avec Zaira, créée à Parme en 1829. I capuleti e i Montecchi lui permettront de prendre une belle revanche, avec une œuvre qui, pourtant, emprunte beaucoup à Zaira… Créés à La Fenice de Venise le 11 mars 1830 avec, dans les rôles principaux, Rosalbina Caradori-Allan (Giulietta) et Giuditta Grisi (Romeo), l’œuvre triomphe et est rapidement reprise sur les principales scènes italiennes puis européennes. Sans atteindre tout à fait la renommée de Norma, Puritani ou Sonnambula, elle s’est maintenue au répertoire et fait régulièrement l’objet de reprises avec dans les deux rôles principaux, la participation des belcantistes les plus chevronnées : Renata Scotto, Mariella Devia, Katia Ricciarrelli, Cecilia Gasdia, Anna Netrebko, Patrizia Ciofi furent des Giulietta célèbres ; et Tatiana Troyanos, Martine Dupuy, Agnes Baltsa, Vesselina Kasarova, Karine Deshayes, Joyce DiDonato, Elīna Garanča remportèrent de grands succès en Romeo.

Rosalbina Carradori-Allan par Pierre Louis Grevedon en 1831

La créatrice de Giulietta, Maria Caterina Rosalbina Carradori-Allan (née de Munck en 1800 à Milan, décédée le 15 octobre 1865 à Surbiton) est une soprano française ayant connu de grands succès dans toute l’Europe en Cherubino, Zerlina, Vitellia, Cenerentola, Rosina, ou encore Palmide (Il crociato in Egitto). 

Le livret

Les sources littéraires

Pour apprécier pleinement I Capuleti e i Montecchi, il faut impérativement s’affranchir du souvenir de la tragédie de Shakespeare – ce dont Berlioz, admirateur du grand Will devant l’Éternel, fut incapable. Le livret surprend et déçoit en effet les admirateurs du dramaturge anglais. C’est que Romani, dont le texte avait déjà été mis en musique par Vacai (Giulietta e Romeo, 1825), s’inspire moins de la pièce anglaise que de différentes versions italiennes l’ayant précédée, signées notamment Masuccio de Salerne (Novellino, 1476), ou encore Luigi da Porto (Historia novellamente ritrovata di due nobili amanti, 1535) et Matteo Bandello (Nouvelles, 1554-1573).

L’intrigue

À Vérone, au XIIIe siècle.

Luigi da Porto (1485-1529)



Luigi da Porto, Roméo et Juliette, nouvelle traduite en français par M. É.-J. Delécluze (1827)

ACTE I
Les deux familles des Capuleti (appartenant à la faction des Guelfes) et des Montecchi (appartenant aux Gibelins) se vouent une haine ancestrale, ravivée par la récente mort du fils de Capellio, tué par Romeo au cours d’une bagarre.

Capellio (basse) a promis à Tebaldo (ténor) la main de Giulietta (soprano). Mais la jeune fille  est secrètement éprise de Romeo (mezzo-soprano). Celui-ci, déguisé, se présente au palais des Montecchi en tant qu’ambassadeur de paix : il propose que les noces de Romeo et Giulietta scellent la réconciliation des deux familles. Capellio refuse : le mariage de Giulietta et de Tebaldo est imminent, au désespoir de la jeune fille. Romeo s’introduit secrètement dans les appartements de Giulietta et lui propose de s’enfuir avec lui. La jeune fille refuse, n’osant désobéir à son père. Romeo tente alors d’enlever sa bien-aimée le jour même de son mariage avec Tebaldo, mais il est démasqué et doit s’enfuir. Le mariage est reporté.

ACTE II
Lorenzo (basse), médecin des Capuleti favorable aux deux amants, propose à Giulitetta de boire un puissant narcotique : on la croira morte, on déposera son corps dans le tombeau familial, Romeo viendra l’y rejoindre et les deux jeunes gens pourront alors s’enfuir loin de Vérone. Giulietta accepte et boit le somnifère. Hélas, Romeo n’a pu être prévenu à temps : alors qu’il se bat en duel avec Tebaldo près du palais des Capuleti, il entend les accents d’un convoi funèbre et assiste, désespéré, aux funérailles supposées de sa bien-aimée. Il pénètre alors dans le tombeau des Capuleti et s’empoisonne. Lorsque Giulietta reprend ses esprits, c’est pour découvrir Romeo agonisant: se saisissant du poignard du jeune homme, elle se donne la mort.

Luigi da Porto (1485-1529)




Luigi da Porto, Roméo et Juliette, nouvelle traduite en français par M. É.-J. Delécluze (1827)

La partition

L’œuvre n’atteint peut-être pas les sommets qui seront ceux de Norma ou des Puritani quelques années plus tard : l’urgence dans laquelle elle fut composée se ressent parfois dans certaines pages musicales, et surtout le livret peine à maintenir la tension tragique qu’on est en droit d’attendre de la légende des amants de Vérone. Cette tragedia lirica n’en demeure pas moins très attachante, et son maintien au répertoire s’explique par plusieurs raisons : à Giulietta échoient de longues et belles cantilènes typiquement belliniennes, tels l’air d’entrée « Oh ! quante volte… », précédé d’un très beau récitatif et d’une superbe introduction orchestrale, et surtout la supplique à Capulet (Acte II, scène 3 : « Ah ! non poss’io partire… »), où Giulietta trouve des accents dont l’émotion préfigure celle de Norma, Amina ou Elvira.
Les deux amants, à l’acte I, chantent un duo (« Si, fuggire ») dont le lyrisme tendre est irrésistible.
Quant au rôle de Romeo, c’est sans doute l’un des plus intéressants et des plus touchants du répertoire de mezzo belcantiste : ardent, amoureux, impulsif, désespéré, le personnage offre à l’interprète un large registre d’émotions et la possibilité  de briller vocalement dans la fougue comme dans l’élégie. Plus encore que la cavatine et la cabalette par lesquelles il se présente à l’acte I, on retiendra le duo avec Tebaldo à l’acte II, interrompu par la procession funèbre de Giulietta, et surtout l’admirable scène du tombeau, avec un récitatif et une aria (« Deh ! tu, bell’anima ») qui comptent parmi les pages les plus émouvantes de tout le répertoire bellinien.

LES ARTISTES DE LA PODUCTION LIÉGEOISE

Le chef

© Opéra de Paris

Maurizio BENINI

Maurizio Benini étudie la composition avec Giacomo Manzoni et la direction d’orchestre avec Luciano Rosada au Conservatoire Giovanni Battista Martini de Bologne. Il fait ses débuts au Teatro Comunale de Bologne avec Il Signor Bruschino. De 1984 à 1991, il est Chef principal de la Philharmonie du Teatro Comunale de Bologne. En 1992, Maurizio Benini fait ses débuts à la Scala de Milan (La Donna del lago) et au Festival de Pesaro (La Scala di seta) : c’est le début d’une prestigieuse carrière internationale qui le conduira dans les plus grandes salles du monde :

Teatro San Carlo de Naples, Staatsoper de Vienne, Bayerische Staatsoper de Munich, Royal Opera House de Londres, Gran Teatre del Liceu de Barcelone, Teatro Real de Madrid, Fenice de Venise, Metropolitan Opera de New York, Opéra national de Paris,…
Unanimement reconnu comme un des meilleurs spécialistes du répertoire lyrique italien, il enregistre pour Opera Rara plusieurs raretés de Rossini, Mercadante, Donizetti, Meyerbeer ou Leoncavallo.

https://www.youtube.com/watch?v=NvKa3YX9X18

Leoncavallo, Zazà, « Ah Perche soletta sei laggiù »‘ | Opera Rara Chorus, Maurizio Benini, BBCSO

Le metteur en scène

© Opéra Royal de Wallonie-Liège

Alex AGUILERA

Après avoir étudié le chant lyrique au Conservatoire de musique de Genève, Allex Aguilera s’oriente vers la mise en scène : il devient régisseur puis assistant metteur en scène au Grand Théâtre de Genève et à l’Opéra national de Paris. Il a depuis réalisé de nombreux spectacles sur les plus grandes scènes internationales : Turandot, I Pagliacci et Otello à l’opéra de Monte-Carlo,Tristan et Isolde et La Clemenza di Tito au Palau de les Arts de Valence, La Favorite au Teatro Massimo de Palerme,…

Il a notamment collaboré avec Werner Herzog, Lorin Maazel, Plácido Domingo, La Fura dels Baus ou encore Zubin Mehta.

https://www.youtube.com/watch?v=YgdU6JIKZmE

Otello de Verdi à l’Opéra de Monte Carlo (2019)

Les chanteurs

© ORW – Liège

Rosa FEOLA, Giulietta

Rosa Feola attire l’attention du public et de la critique à l’occasion du concours Operalia 2010 de Plácido Domingo, à l’occasion duquel elle remporte le deuxième prix, le prix de la Zarzuela et le prix Rolex du public. Très vite, les premiers engagements arrivent, avec de nombreux rôles italiens (L’elisir d’amore,  Rigoletto, I puritani, Falstaff, La traviata, Lucia di Lammermoor,…) mais aussi français (Micaëla dans Carmen, Les Pêcheurs de Perles, Médée).

Rosa Feola chante aussi Mozart (Le nozze di Figaro, Don Giovanni, La clemenza di Tito, idomeneo), Mahler (Symphonie n°2) et redonne volontiers vie à certains ouvrages quelque peu oubliés, tels I due Figaro de Mercadante, Il matrimonio segreto de Cimarosa, ou La finta giardiniera de Mozart. Elle s’est fréquemment produite sous la direction de Riccardo Muti, et a chanté sur de nombreuses scènes prestigieuses : festival de Ravenne, Bayerische Staatsoper, Lyric Opera of Chicago, metropolitan Opera de New York, Wiener Staatsoper,…

https://youtu.be/fTru7W9HKfk

Bellini, I puritani, « Qui la voce… » (Venise, 2017)

© ORW – Liège

Raffaella LUPINACCI, Roméo

Remarquée par Alberto Zedda qui lui fait intégrer l’Accademia Rossiniana de Pesaro, Raffaella Lupinacci commence sa carrière en interprétant de nombreux ouvrages rossiniens : Il viaggio a Reims, Tancredi, Aureliano in Palmira, Il barbiere di Siviglia, Torvaldo et Dorliska… Mais très vite, son répertoire s’ouvre à d’autres compositeurs et d’autres écoles.

Elle interprète ainsi Suzuki dans Madama Butterfly au Teatro Massimo de Palerme et au Teatro San Carlo de Naples, Neris dans Medea de Cherubini au Wexford Festiva, Roméo dans Giulietta e Romeo de Nicola Vaccaj au Festival della Valle d’Itria, Cherubino dans Le nozze di Figaro au Teatro Filarmonico-Arena di Verona, Dorabella de Cosi fan tutte à l’Opéra national de Corée, Donna Elvira de Don Giovanni  au Teatro Comunale de Bologne, Carmen au Luglio Musicale Trapanese. Pour le disque, elle a notamment chanté Rosmonda d’Inghilterra de Donizetti et Giulietta e Romeo de Vaccaj, publiés par Dynamic.

https://www.youtube.com/watch?v=z-aB16ORv5E

La favorita, « O mio Fernando » (Bruxelles, La Monnaie, 2021)

© Ksenia Ryzhkova

Maxim MIRONOV, Tebaldo

Après des études suivies à Moscou, le ténor russe Maxim Mironov remporte le 2e prix du concours international de chant Neue Stimmen en Allemagne en 2003, un événement qui le propulse sur les scènes lyriques de première importance : La Fenice de Venise, la Scala de Milan, le Teatro del Maggio Musicale Fiorentino, le Teatro dell’Opera di Roma, le Teatro Massimo de Palerme, le Teatro di San Carlo de Naples, le Teatro Comunale di Bologna, le Teatro Real de Madrid, le Théâtre des Champs-Élysées, le Palais Garnier de Paris, la Staatsoper de Vienne,

la Semperoper de Dresde, La Monnaie de Bruxelles, le Gran Teatre del Liceu de Barcelone, l’Opéra de Los Angeles, l’Opéra de Washington,…

Spécialiste de Rossini, il se produit régulièrement au Festival de Pesaro. Son répertoire comporte les principaux rôles de ténor rossinien, mais Maxim Mironov interprète également Mozart (Cosi fan tutte, Don Giovanni, L’Enlèvement au sérail), Gluck (Iphigénie en Aulide, Orfeo ed Euridice), Donizetti (Roberto Devereux, Anna Bolena, Don Pasquale, La Fille du régiment), Bellini (I Puritani, La Sonnambula) ou Verdi (Falstaff).

https://www.youtube.com/watch?v=nDfnIER6Dnk

Rossini, air de Ramiro (La Cenerentola) – Vienne, 2016

NOTRE SÉLECTION POUR VOIR ET ÉCOUTER L’ŒUVRE

CD

Aragall, Scotto, Pavarotti – Abbado / Scala de Milan, 1967 (Opera d’Oro)

 

Troyanos, Sills, Evans – Caldwell / Opera Company of Boston, 1975 (VAI)

Baker, Sills, Gedda – Patané / New Philharmonia, 1976 (EMI)

 

 

Baltsa, Gruberova, Raffanti – Muti / Covent Graden, 1984 (EMI)

 

 

Larmore, Hong, Groves – Runnicles / Scottish Chamber Choir, Scottish Chamber Orchestra, 1998 (Warner/Teldec)

 

 

Kasarova, Mei, Vargas – R. Abbado / Münchner Rundfunkorchester, 1998 (RCA)

 

Garanča, Netrebko, Joseph Callej – Luisi / Wiener Symphoniker, 2009 (DG)

 

DVD et Blu-ray

Mianiti, Mazzavillani Muti / Gardina, Farcas, Patti – Ravenna, VAI, 2005

Accocella, Krief / Polito, Ciofi, Formaggia – Festival della Valle d’Istria, Dynamic, 2006

 

Frizza, Boussard / DiDonato, Cabell, Pirgu – San Francisco Opera, 2014

 

Luisi, Loy / DiDonato, Kulchynska – Zurich , Accentus Music, 2015

 

Meir Wellber, Bernard / Ganassi, Pratt, Amoretti –La Fenice, Naxos, 2022

Streaming

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Tokyo, 2002 – Callegari, Pizzi / Ganassi, Devia

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Ravenne, 2005 – Mianiti, Mazzavillani Muti / Gardina, Farcas

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Paris, 2008 – Pido, Carsen / DiDonato, Netrebko