LE DICTIONNAIRE DE PREMIÈRE LOGE ~ A-M

A

A capella
Se dit initialement des compositions religieuses vocales polyphoniques sans accompagnement instrumental, et qui à l’origine étaient chantées dans les chapelles durant le service liturgique. Aujourd’hui, le terme désigne plus généralement tout chant exécuté sans accompagnement instrumental.

Acciaccatura
Brève appoggiature (voir ce terme).

Accelerando
En accélérant, en pressant le mouvement. 

Accord
Association de plusieurs sons entendus simultanément. L’harmonie est la science étudiant les accords, leur nature, leurs caractéristiques, leur enchaînement.

Adagio (it.)
Lentement.

Affetti (it.)
Passions, sentiments de l’âme. Musicalement, les affetti donnent lieu à des procédés expressifs, chargés d’imiter / de rendre compte des sentiments exprimés. 

Agnus Dei
Triple invocation utilisant la métaphore qu’emploie Saint Jean-Baptiste pour désigner Jésus dans l’Évangile selon Saint-Jean. Il s’agit d’une prière dont les paroles signifient : « Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, donne-nous la paix ». 

https://www.youtube.com/watch?v=uhPMM_c238E

Brigitte Fassbaender chante l’Agnus Dei de la Petite messe solennelle de Rossini​

Air
Toute mélodie (principalement vocale) se présentant le plus souvent comme une pièce à interpréter en solo (habituellement sous frome strophique et avec un accompagnement d’instruments).

https://www.youtube.com/watch?v=Qs0E2CufQ7c

La Habanera de Carmen, l’un des airs les plus célèbres de tout le répertoire d’opéra (Grace Bumbry)

Allegro (it.)
Rapide.

Ambitus
Terme désignant l’étendue d’une voix, d’un instrument ou d’une mélodie entre sa note la plus grave et sa note la plus élevée.

Andante (it.)
Modérément, sans hâte, mais un peu moins lentement qu’adagio.

Antienne
Chant de chœurs alternant dans l’ancienne liturgie chrétienne, utilisé dans les parties les plus importantes de la messe.

Appoggiature (de appoggiare, appuyer)
Petite note d’agrément placée avant la note principale.

Aria
Fragment mélodique dans lequel la parole passe généralement au second plan, parce que, très souvent, le schéma formel du chant ne découle pas des phrases du texte mais suit une logique géométrique, reposant sur les symétries A-B-A, A-B-A-B, etc. Cette structure géométrique fait que l’aria est une « pièce close ». Au dix-neuvième siècle, on tend à abolir le caractère fixe de cette structure, qui s’adapte davantage au texte.

Aria concertato
Type d’aria dans lequel la voix dialogue avec un instrument soliste.

Aria d’imitazione
Type d’aria fréquemment utilisé dans l’opéra baroque, dans lequel la voix et le chant imitent un phénomène naturel (très souvent, par exemple, le chant d’un oiseau). 

Aria d’ombra
Littéralement,  air « de fantôme ». air dans lequel surgit le souvenir d’un être disparu. Il s’agit d’un moment d’introspection et de recueillement.

https://www.youtube.com/watch?v=EMd7i5Bhd1E

Un exemple d’ « aria d’ombra » : « Gelido in ogni veni » de Farnace (Vivaldi), par Cecilia Bartoli

Aria di baule
Littéralement, « air de malle ». Il s’agit d’un air les castrats emmenaient avec eux, exigeant de l’interpréter quelle que soit l’œuvre représentée, parce qu’il savaient qu’il y obtiendraient un grand succès.  

Aria di furore
Comme son nom l’indique,  l’aria di furore est utilisée pour exprimer la fureur, la colère, ou plus généralement toute passion extrême.

Aria di paragone
Littéralement, « air de comparaison ».  Type d’aria propre à l’opéra baroque, dans lequel s’établit un parallèle entre la situation vécue par le personnage et un « comparant », le plus souvent un animal (un tigre ou toute autre bête sauvage), un phénomène naturel (les flots impétueux d’un torrent) ou météorologique (une tempête, un orage ; voir aria di tempesta). 

Aria di sorbetto
L’ « aria di sorbetto », littéralement « air du sorbet », est une expression désignant un air confié à un personnage secondaire dans les opéras italiens du début du XIXe siècle. Sans impact sur l’action, de qualité musicale inégale (il était parfois composé par une « seconde main ») et ne nécessitant aucune démonstration excessive de virtuosité, il permettait aux spectateurs qui le souhaitaient de faire une pause pendant le spectacle, par exemple… en dégustant un sorbet !
Ci-dessous, une aria di sorbetto extraite du Tancredi de Rossini, interprété en 1976 par Martine Dupuy, à l’orée d’une glorieuse carrière !

https://www.youtube.com/watch?v=XNw7-fb8U9Q

Rossini, Tancrède, air d’Isaura par Martine Dupuy

Aria di sortita
Air à la fin duquel l’interprète quitte la scène,  jeu de scène propre à susciter les applaudissements.

Aria di tempesta
Air typique de l’opera seria, dans lequel s’établit un parallèle entre la violence des sentiments éprouvés par le personnage et celle des éléments naturels (orage, ouragan,…)

Aria parlante
Aria caractérisée par un style mélodique déclamatoire. Le chant tend alors à se rapprocher de la langue parlée, notamment pour l’évocation de sentiments passionnés (on parle aussi d’aria declamata).

Arioso
Style de chant dans lequel la mélodie suit nettement le déroulement du texte (même si le chant assume toujours une importance mélodique). L’arioso occupe ainsi une place intermédiaire entre le récitatif et l’aria, auquel il se substitue parfois dans l’opéra romantique.

Armonica de verre
L’armonica de verre (parfois improprement orthographié « harmonica de verre ») fut inventé par Benjamin Franklin en 1761. Il s’agit d’une mécanisation du principe des « verres musicaux », lesquels émettent un son cristallin lorsqu’un doigt mouillé frotte leur bord. En raison de ses sonorités étranges, Donizetti avait d’abord songé à l’utiliser pour la scène de folie de Lucia di Lammermoor (1835), avant finalement de le remplacer par la flûte. Depuis la fin du XXe siècle, de nombreux théâtres choisissent d’ailleurs de remplacer la flûte par l’armonica de verre. 
Ci-dessous, une démonstration de l’utilisation de cet instrument à l’occasion de représentations de Lucia au Royal Opera House de Londres. 

https://www.youtube.com/watch?v=mfN1Y_8Ngxk

Lucia di Lammermoor et son armonica de verre

Arpège
Exécution successive des notes d’un accord, le plus souvent du grave à l’aigu.

Atonalité
Caractéristique de la musique ne s’appuyant pas sur les fonctions tonales définies par l’harmonie traditionnelle. 

B

Banda
Terme italien signifiant « fanfare ».  À l’opéra, il s’agit d’un petit ensemble (en général composé d’instruments à vent) coupé de l’orchestre principal, jouant une musique entendue par les personnages de l’œuvre. On distingue traditionnellement la banda sul palco  (c’est-à-dire présente sur scène) de la banda interna qui joue en coulisses.

 

Baryténor
Le terme baryténor (en italien baritenore) désigne une voix de ténor au grave aisé et sonore. Ce type de voix était fréquent à l’âge baroque, où les baryténors tenaient parfois les premiers rôles, tel celui d’Orfeo dans l’opéra homonyme de Monteverdi (dans lequel on distribue d’ailleurs aujourd’hui aussi bien des barytons que des ténors). On le trouve encore fréquemment dans les premières décennies du XIXe siècle, dans le répertoire belcantiste, et notamment dans les œuvres de Rossini qui leur confiait souvent non pas les rôles de jeunes premiers mais plutôt ceux de personnages nobles plus âgés.
On peut conclure à la lecture des témoignages de l’époque que le célèbre ténor Manuel Garcia, père de Maria Malibran et Pauline Viardot, fut précisément un baryténor (il interpréta d’ailleurs, outre les rôles d’Otello ou d’Almaviva, ceux du Comte des Noces de Figaro ou de Don Giovanni).

Manuel Garcia en costume d’Otello dans l’opéra homonyme de Rossini

Baryton
Voix d’homme intermédiaire entre le ténor et la basse. 

Basse
1. Voix d’homme la plus grave.
2. Celle des parties qui fait entendre les sons les plus graves des accords dont se compose l’harmonie.

Basse chantante
(Ou basse-taille). Type de voix masculine convenant à des rôles dans lesquels le chant se déploie avec dignité et dont l’étendue est assez grande dans le grave. Le timbre des basses chantantes est en général plutôt clair et leur ligne vocale est capable de souplesse

Basse continue 
Partie confiée à des instruments tels que le clavecin, l’orgue, le chitarrone, etc. réalisant des accords permettant de soutenir la mélodie. Les instruments utilisés pour réaliser cette partie forment le continuo. Elle fut très utilisée à l’époque baroque.

Basse noble
(Voir basse profonde)

Basse parlante (ou basse bouffe)
(Par opposition à basse chantante)
Voix typique de l’opéra bouffe, destinée à des rôles un peu grossiers et ridicules.

Basse profonde
Sous-catégorie la plus grave des voix de basse. La basse profonde possède un timbre profond et sombre ; elle incarne souvent des personnages aux propos graves et solennels (le Grand Inquisiteur de Don Carlos, ou Sarastro dans La Flûte enchantée, par exemple).  

https://www.youtube.com/watch?v=BGSlaQ736gk

Kurt Moll chante les deux airs de Sarastro (La Flûte enchantée, Munich, 1983)

Basse-taille
(Voir basse chantante).

Basso ostinato
Voir ostinato

Bel canto
Expression italienne signifiant, d’une manière générale, beau chant.
Autre acception plus restreinte (et qui est celle la plus fréquente aujourd’hui) : technique de chant propre aux compositeurs de la première moitié du XIXe siècle italien (en particulier à Rossini, Bellini et Donizetti).

Bémol
Altération qui abaisse d’un demi-ton le son de la note précédente.

Benedictus
Le Benedictus est un chant complétant le Sanctus (donc prenant place dans le 4e chant de l’ordinaire de la messe), dont les paroles signifient : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux ! »

Buffo
Genre buffo (ou bouffe) : voir opera buffa.

C

Cabalette
Air de mouvement vif, avec reprise, mettant généralement en valeur la virtuosité de l’interprète. Il peut notamment conclure l’air d’entrée du personnage, comme Lucia di Lammermoor (« Quando rapita in estasi ») , Norma (« Ah, bello, a me ritorna ») ou Rosina (« Io sono docile »).

https://www.youtube.com/watch?v=nlLZyLH2LmQ

Norma, « Ah, bello a me ritorna » (Joan Sutherland, Sydney, 1978)

Cadence
Désigne un passage brillant d’improvisation du soliste dans le silence de l’orchestre, mettant en valeur sa virtuosité.

https://www.youtube.com/watch?v=oXx_7I9EOv0

Les Contes d’Hoffmann, « L’amour lui dit : La belle… », par Sumi Jo, avec une cadence finale virtuose imaginée par la chanteuse elle-même

Canon
Règle régissant les entrées de voix dans une mélodie, celle-ci commençant par une seule voix, suivie, à intervalle déterminé, d’une seconde, puis d’une troisième, etc.

https://www.youtube.com/watch?v=iB38Qc0pav0

Le canon des Brigands d’Offenbach : « Soyez pitoyables » (John Eliot Gardiner)

Cantabile (it.)
Chantant. Par extension, phrase musicale très expressive, de caractère essentiellement mélodique.  

Cantate
Née au XVIIe siècle en Italie, la cantate (du verbe cantare, chanter) est un avatar du madrigal ou de la monodie accompagnée. Elle peut être sacrée (et présente alors des affinités avec l’oratorio) ou profane (et se rapproche alors de l’opéra). Elle peut être écrite pour une ou plusieurs voix et est, à l’origine, accompagnée par la basse continue. Elle se développe en France à la fin du XVIIe siècle, puis tend à devenir une œuvre de circonstance. Permettant aux compositeurs d’exprimer, dans un format concis,  un large éventail de possibilités instrumentales et vocales, elle constituera l’épreuve permettant d’obtenir le prix de Rome : Berlioz composa à cette occasion quatre cantates, dont  Herminie (1828) ou Cléopâtre (1829).

Cantilène
Mélodie dominante, liée et chantante, de couleur le plus souvent mélancolique. Employé adverbialement : « avec un mouvement lent et expressif ».

Cantabile
Premier mouvement d’une aria (ou second mouvement d’un ensemble tripartite) dans l’opéra italien du XIXe siècle, de style lent et expressif.
Exemple : au premier acte du Trovatore de Verdi, l’air d’entrée de Leonora se compose d’un récitatif suivi d’un cantabile (« Tacea la notte ») puis d’une cabalette (« Di tale amor »). 

https://www.youtube.com/watch?v=TsDAyxpIDqQ

Cavatine
Pièce vocale par laquelle un personnage se présente au public lors de sa première intervention dans l’opéra, mettant en valeur sa virtuosité. Le terme peut aussi indiquer la première partie d’une aria, de facture plutôt simple, par opposition avec la seconde partie, plus complexe et plus virtuose, appelée cabalette.

https://www.youtube.com/watch?v=RvW9cUCuPQI

Teresa Berganza chante la célèbre cavatine de Rosine du Barbier de Séville (1972) « Una voce poco fa »

Chacone (ou chaconne)
Danse espagnole du début du XVIIe siècle, à trois temps et de tempo modéré. 

Chant mélismatique
Par opposition au chant syllabique,  ce type de chant correspond au style mélismatique, un mélisme désignant  une figure mélodique de plusieurs notes portant une syllabe.

Chant syllabique (en italien : sillabato)
Style de chant dans lequel chaque syllabe du texte est chantée sur une seule note. Dans l’esthétique du  bel canto, le sillabato est souvent utilisé sur un tempo très rapide à des fins comiques (écouter notamment les sections finales de l’air de Bartholo dans Le Barbier de Séville de Rossini, ou du duo Don Pasquale/Malatesta dans Don Pasquale de Donizetti : dans notre extrait, à partir de 06:52′). 

https://www.youtube.com/watch?v=046A36UGcR0

Don Pasquale/Malatesta (John del Carlo & Mariusz Kwiecien)

Chromatique
S’applique à un procédé qui n’emploie que des intervalles de demi-tons entre les sons dans un système ascendant ou descendant : altérations d’un demi-ton vers l’aigu (dièse) ou vers le grave (bémol).
(Exemple : au piano, on obtient un passage chromatique en frappant successivement les touches blanches et noires. Les touches noires représentent les sons altérés : entre un do et un ré, la touche noire représente l’altération du do – en do dièse – ou celle du ré – en ré bémol).

https://www.youtube.com/watch?v=8e799j6AxIw

L’air d’Elena dans I Vespri siciliani de Verdi : « Arrigo! ah parli a un core… » et ses périlleuses échelles chromatiques finales. (Maria Callas)

Cinquecento
Terme italien désignant le XVIe siècle.

Coda
Court passage situé tout à la fin d’un morceau.

Col legno (ou col legno battuto)
Dans une partition, indication signalant que les cordes des instruments doivent être frappées avec le bois de l’archet et non frottées avec les crins.

https://www.youtube.com/watch?v=Zj23v5_P9wc

 Colorature
Terme désignant toute formule ornementale (écrite par l’auteur ou improvisée par le chanteur) ajoutée aux notes principales du chant.

https://www.youtube.com/watch?v=z3reLK2FbNI

Un exemple de chant colorature dans le registre de mezzo-soprano (finale de La Cenerentola par Joyce DiDonato)

Composition continue : voir durchkomponiert

Comprimario
Terme italien désignant initialement « celui qui est avec / à côté du premier rôle », donc le confident. Par extension, le mot s’applique maintenant à tout rôle secondaire. 

Concitato
Voir Stile concitato

Concertato
Style musical basé sur un dialogue entre les exécutants, le plus souvent instrumentaux, jouant seuls ou en groupe.

Continuo
Voir basse continue.

Contrepoint
« Point contre point », soit note contre note : art de superposer deux lignes mélodiques (ou plus). Le contrepoint fut rigoureusement appliqué dans la musique savante jusqu’à la fin du XVIe siècle, puis dans des formes instrumentales telles la fugue.

Contreténor
Chanteur utilisant le falsetto dans certains répertoires (notamment la musique baroque).

https://www.youtube.com/watch?v=CAmGREgIgDA

Le contreténor Gérard Lesne chante A. Vivaldi : Stabat Mater RV 621

Crescendo
Terme italien qui signifie de plus en plus fort.
Le finale du premier acte de La Cenerentola de Rossini donne à entendre un crescendo, comme de nombreuses autres pages (ouvertures, finales…) du même compositeur.

https://www.youtube.com/watch?v=WJjsWplxqt8

La Cenerentola, finale du premier acte

Credo
Troisième chant de l’ordinaire de la messe, situé entre le Gloria et le Sanctus, et dont les paroles signifient : « Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible ».
Dans Otello (1887), Verdi compose un Credo qu’il fait chanter par Iago, l’incarnation du Mal : il s’agit d’un chant blasphématoire, véritable hymne au Mal : « Je crois en un Dieu cruel qui m’a créé à son image! »

https://www.youtube.com/watch?v=OTNr2KQzQw4

Sherrill Milnes chante le Credo de Iago

Czardas
Danse populaire hongroise, à deux ou quatre temps, composée d’une partie lente et d’une partie rapide. 

https://www.youtube.com/watch?v=HBjo-YRUBtc

La czardas de La Chauve-Souris par Rachel Willis-Sørensen

D

Da capo
Expression italienne signifiant « de nouveau ». Elle s’emploie pour indiquer la reprise du morceau à partir du début.
Une « aria da capo »  comporte une reprise, elle est construite sur le modèle A-B-A’. Cette structure est surtout utilisée aux XVIIe et XVIIIe siècles. La reprise (A’) peut être librement ornée par l’interprète, même si dès le XVIIIe siècle les compositeurs prennent l’habitude de noter eux-mêmes les variations pour éviter certains excès de la part des chanteurs. Traditionnellement, les deux parties constitutives de l’air (A et B) sont très contrastées musicalement, contraste rendant compte des états d’âme changeants du personnage.
Dans l’air ci-dessous extrait d’Alcina de Händel (« Ah, mio cor ! Schernito sei ! »), la lenteur du tempo, dans les sections A et A’, rapproche le chant du personnage de la déclamation tragique (Alcina y dit son désespoir d’avoir été trompée). Dans la partie médiane (B’, à partir de 7:47), le choix d’une tonalité majeure et d’un tempo très vif souligne la détermination de la magicienne à ne pas se laisser abattre et à faire face à son destin, avant que ne revienne la section A (9:00), faisant cette fois l’objet d’ornementations.

https://www.youtube.com/watch?v=rZzsjgW3IRM

Alcina (Händel), « Ah! Mio cor » ( Sandrine Piau)

Decrescendo
Terme italien signifiant de moins en moins fort.
Le Chœur des soldats et des étudiants de La Damnation de Faust de Berlioz s’achève sur un decrescendo

https://www.youtube.com/watch?v=vaRKRon5wtw

Berlioz, La Damnation de Faust, chœur des soldats et des étudiants.

Dessus
Selon la classification des voix à l’époque baroque en musique française, le dessus désigne la voix de femme la plus aiguë, soit l’équivalent de l’italien soprano (sopra = dessus).

Dièse
Altération qui élève d’un demi-ton le son de la note précédente.

Diminuendo
Terme italien signifiant littéralement « en diminuant progressivement l’intensité sonore » (syn.: decrescendo). 
Jonas Kaufmann termine ici l’air de José dans Carmen (« La fleur que tu m’avais jetée ») par un diminuendo sur les mots « Et j’étais une chose à toi »…

https://www.youtube.com/watch?v=V1dafrlt10w

Dissonance
Absence de consonance, c’est-à-dire de correspondance dans l’audition de deux ou plusieurs sons simultanés. Jusqu’au XIXe siècle, la notion de dissonance est liée à l’idée de désagrément. 

Dodécaphonisme
Technique de composition consistant à utiliser les douze sons de la gamme chromatique indépendamment de toute fonction tonale. 

Droit
Un son droit est un son dépourvu de vibrato.

Durchkomponiert
Terme allemand désignant une forme de « composition continue », c’est-à-dire collant au plus près du texte, sans qu’aucune section, aucun motif, soit répété. L’impression qui se dégage est ainsi celle d’une musique « collant » au plus près du texte et de son déroulement linéaire. Le terme s’applique essentiellement aux genres de la mélodie ou du lied.

Dynamique
Caractéristique de la phrase musicale se référant à l’échelle d’intensité des sons. Elle est indique par les signes piano (p) ou forte (f), exprimant tous les degrés entre les intensités sonores maximales ou minimales.  (NB : avant le XVIIe siècle, les partitions ne comportaient pas d’indication de dynamique).

E

Ensalada (« salade », en espagnol)
L’ensalada est une pièce musicale particulièrement en vogue en Espagne au XVIe siècle, se caractérisant par son côté hybride : elle mêle en effet plusieurs styles musicaux (madrigal, chanson, danse,…), plusieurs langues (espagnol, portugais, italien, latin,..) et plusieurs thèmes (religieux ou profanes)

Et incarnatus est
Dans une messe, passage du Credo évoquant le dogme selon lequel le Verbe divin s’est fait chair en Jésus-Christ : 

Et incarnátus est de Spíritu Sancto ex María Vírgine : et homo factus est.
Par l’Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.

Voici deux célèbres Incarnatus : Mozart (Grande Messe en ut mineur, Barbara Hendricks, dir. H. von Karajan) et Schubert (Messe n°6 en Mi bémol Maj D 950, Rachel Harnisch, Javier Camarena, Paolo Fanale, dir. Claudio Abbado).

https://www.youtube.com/watch?v=sQ_3N1_hlIAhttps://www.youtube.com/watch?v=7egvzYadxrE

Étendue
Voir ambitus.

F

Falsetto (fausset)
Voix de tête produite par les hommes. L’emploi des expressions falsetto ou voix de fausset est parfois connoté péjorativement. Quoi qu’il en soit, le falsetto peut être utilisé par des ténors ou des basses à des fins comiques, notamment lorsqu’il s’agit d’imiter une femme. 
Dans l’air extrait de La Cenerentola de Rossini ci-dessous, Don Magnifico utilise une voix de fausset pour imiter une femme venant lui demander une faveur. La partition indique d’ailleurs explicitement « in falsetto » avant les paroles  « Baroncino ! Si ricordi quell’affare » ; puis juste après cette réplique : « voce naturale », « voix naturelle », soit un retour à la voix de poitrine.
L’utilisation du falsetto se situe à 2:10.

https://www.youtube.com/watch?v=YqhJYtdSsj4

Air de Don Magnifico par Paolo Montarsolo

Fantaisie
Pièce de musique instrumentale, souvent destinée à un seul instrument, de forme libre et très liée à l’improvisation.

Ficta
Voir « musica ficta »

Filati
Voir « sons filés ».

Forma chiusa
Voir pezzi chiusi.

Fort ténor
Voir « ténor dramatique ».

Forte, fortissimo
Le forte (f) ou le fortissimo (ff) font partie des nuances qui indiquent l’intensité relative d’une note, d’une phrase, ou encore d’un passage entier d’une œuvre. La nuance forte désigne une intensité forte, fortissimo une intensité très forte.

Fugato (italien)
Morceau composé dans le style fugué, non développé.

Fugue
Forme musicale contrapuntique fondée sur le principe de l’imitation d’une phrase ou d’un thème comme dans le canon. Elle comprend trois parties : l’exposé du sujet, le développement puis la conclusion (ou strette).

https://www.youtube.com/watch?v=LvFyDeOwMtY

La fugue finale du Falstaff de Verdi (Metropolitan Opera, James Levine)

G

Giocoso (it.)
Gai, joyeux.

Giovane Scuola
Expression italienne signifiant « Jeune École » et donnée (par le presse, dans un premier temps)  à un groupe de compositeurs italiens de la fin du XIXe siècle. Il s’agit pour l’essentiel de compositeurs d’opéras (Puccini, Mascagni, Leoncavallo, Giordano, Cilea, Catalani,…) dont les œuvres marquent une rupture avec l’opéra italien traditionnel.

Glissando
Terme musical italien désignant un glissement continu d’une note à une autre. (Le glissando est notamment utilisé dans les portamenti). 

Gloria
Hymne de louange, deuxième chant de l’ordinaire de la messe, situé entre le Kyrie et le Credo, et dont les paroles signifient : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur Terre aux hommes de bonne volonté ».

Grazioso (it.)
Avec grâce.

Gruppetto
Le gruppetto est un ornement mélodique particulier : trois ou quatre sons tournent autour de la note principale en faisant apparaître les deux notes voisines, supérieure et inférieure. 

Gruppi
Il s’agit, selon la définition donnée par Caccini dans ses Nuove musiche,  d’ornements se situant en fin de phrases (notes répétées descendant ou montant sur la tonique). 

H

Habanera
Chant et danse typiquement cubains (ou encore catalans), nés vers 1830, de rythme binaire et de mouvement modéré.

https://www.youtube.com/watch?v=K2snTkaD64U

La Habanera de Carmen par Elina Garanca

Harmoniques
Sons accessoires, ayant des fréquences multiples du son fondamental, qui se surajoutent à ce son et dont l’ensemble forme le timbre.

Haute-contre
Type de ténor utilisant, pour les notes aiguës ou suraiguës ne pouvant être atteintes en voix de poitrine, les résonances de la voix de tête (à la différence du falsettiste qui utilise ces résonnances de tête sur toute son étendue vocale). Au XIXe siècle, les Italiens nommaient le ténor haute-contre contraltino.

Hauteur
Qualité des sons par rapport à l’aigu ou au grave. La hauteur d’un son dépend de la fréquence des vibrations sonores.

Heldentenor
Voir « ténor dramatique »

I

Instrumentation
Étude de la technique et des qualités expressives des instruments permettant l’orchestration d’une composition. 

Intermède (intermezzo, it.)
Sorte de divertissement qui s’intercalait autrefois entre les parties d’un spectacle. En musique instrumentale, synonyme d’interlude.
À partir du XIXe siècle, l’intermezzo devient une composition instrumentale, sans forme particulière, le plus souvent intercalée entre deux parties d’une œuvre plus considérable – par exemple, à l’opéra, entre deux actes. Les intermezzi de Cavalleria rusticana ou de Manon Lescaut sont particulièrement célèbres. 

https://www.youtube.com/watch?v=K8YXU0ZuE_k

Mascagni : Cavalleria rusticana : Intermezzo – Filarmonica della Scala, dir. Myung-Whun Chung, Taormine (2017)

Introït
Chant d’ouverture de la messe (dans les « parties variables » de l’office : voir l’article « messe »).

J

Jodel
Voir Yodel.

K

Kappelmeister (all.)
Littéralement, maître de chapelle. En Autriche et en Allemagne, musicien au service d’une église ou de la chapelle d’un prince.

Klangfarbenmelodie (all.)
Notion élaborée et définie par Arnold Schönberg dans son Traité d’harmonie (1911), même si certains compositeurs (Berlioz notamment) ont utilisé antérieurement la technique que ce terme recouvre. La Klangfarbenmelodie consiste à confier à différents instruments des interventions brèves qui, juxtaposées les unes aux autres, permettent l’élaboration d’une ligne mélodique.

Kyrie
Prière liturgique, premier des cinq chants de l’ordinaire de la messe, situé entre l’Introït et le Gloria, et dont les paroles (Kyrie eleison) signifient « Seigneur, prends pitié ». 

https://www.youtube.com/watch?v=7vOtjwEXPns

Le Kyrie de la Messe en si mineur de Bach (La Capella Reial de Catalunya, le Concert des Nations, dir. Jordi Savall)

L

Larghetto (it.)
Un peu moins lentement que largo.

Largo (it.)
Indique un mouvement large, ayant de l’ampleur.

Legato (it.)
Désigne le fait d’enchaîner les notes en les liant, sans aucune interruption. 
Un chant legato nécessite entre autres qualités une grande maîtrise du souffle et une bonne gestion des consonnes, certains interprètes étant tentés de les estomper afin de ne pas briser la continuité de la phrase musicale. 
La cantilène d’Amina dans La Sonnambula de Bellini (« Ah, non credea, mirarti... »), avec ses longues phrases plaintives et mélancoliques, exige une bonne maitrise du chant legato.

https://www.youtube.com/watch?v=7egCC9H6FUo

Bellini, La Sonnambula, « Ah, non credea… » (Maria Callas)

Leitmotiv
En 1878, le musicographe Hans von Wolzogen crée les Bayreuther Blätter, publication mensuelle destinée à chanter la gloire de Richard Wagner (elle paraîtra jusqu’à la mort de von Wolzogen en 1938). C’est dans cette revue que von Wolzogen crée et utilise pour la première fois le terme de leitmotiv, qui connaîtra un grand succès au point de supplanter celui de Grundthema que Wagner utilisait lui-même jusque là. Les leitmovivs désignent des motifs musicaux liés à un personnage ou à un concept (par exemple, dans L’Anneau du Nibelung, la rédemption par l’amour, le Rhin, le Déclin des Dieux,…). Leurs apparitions et leur agencement peuvent contribuer à la caractérisation des personnages, à l’évocation de leur évolution psychologique, à la mise en place de couleurs dramatiques ou à l’architecture des scènes.
Il est à noter que si Wagner contribua largement à étendre et développer le procédé du leitmotiv (au point d’en faire un des éléments constitutifs majeurs de son langage musical), plusieurs autres compositeurs l’avaient utilisé avant lui.

Lied
Chanson en langue allemande, accompagnée au clavier (éventuellement par une petite formation de chambre).

https://www.youtube.com/watch?v=j0N-24NYN3g

Erlkönig (« Le Roi des aulnes ») de Schubert, l’un des lieder les plus célèbres de Schubert, ici interprété par Dietrich Fischer-Dieskau

Lieto fine
Expression italienne signifiant « fin heureuse ». Le lieto fine était de mise au siècle des Lumières, y compris dans les tragédies aux sujets les plus sombres. Il s’accompagnait souvent d’une visée morale. Divers éléments pouvaient l’introduire au sein de l’intrigue : un « Deus ex macchina« ,  la clémence ou le repentir d’un souverain, …  On en trouve encore des exemples dans le premier romantisme, par exemple dans le Tancredi de Rossini (version originale de Venise), ou dans I puritani de Bellini. 

Livret (ou libretto en italien)
Texte d’un opéra.

M

Madrigal
Sans doute la plus ancienne forme vocale polyphonique dont des témoignages écrits nous soient parvenus. Il s’agit d’une courte pièce, née au XIVe siècle, écrite sur des textes d’inspiration lyrique ou sentimentale, décrivant des scènes de la vie pastorale. Le madrigal fut d’abord écrit pour trois, puis quatre et cinq voix. Monteverdi en est l’un des plus célèbres représentants.

https://www.youtube.com/watch?v=iKbMolqK-5M

Monteverdi – Madrigaux, livre V : « O Mirtillo, Mirtillo anima mia » (Les Arts florissants, Paul Agnew)

Maestoso (it.) 
Indication de tempo signifiant : « majestueux »

Masque ou Mask (anglais)
Divertissement scénique anglais né au XVIe siècle, dans lequel interviennent  chant, danse et théâtre.  Ses équivalents français et italien pourraient être le ballet de cour et la mascherata. Le masque était le plus souvent destiné à n’être représenté qu’une seule fois, et constituait en cela un événement exceptionnel.

Masque 
Zone du visage comprise entre les arcades sourcilières et la mâchoire supérieure – soit la zone qui serait couverte par un masque de la Commedia dell’arte. Chanter dans le masque permet de faire vibrer les résonateurs situés dans cette zone et d’enrichir le son d’harmoniques. 

Meistersinger (all.)
Artisans et commerçants allemands groupés en corporations qui, entre les XIIIe et XIVe siècles, se consacrèrent à la composition poétique et musicale selon des règles très strictes.

Mélodie
Succession de sons, de durée variable, caractérisée par un sens musical accompli. Il s’agit le plus souvent d’une composition vocale ou instrumentale avec accompagnement.

https://www.youtube.com/watch?v=RgUINdGLPFA

« Casta diva » de Norma (Bellini) : une des plus belles mélodies jamais composées (Sondra Radvanovsky)

Mélodrame
Texte déclamé sur un accompagnement musical. Le mélodrame peut constituer une œuvre en soi, ou être ponctuellement inséré dans un ouvrage lyrique. (Exemple : l’arrivée de la colombe de Vénus au premier acte de La Belle Hélène d’Offenbach).

Mélologue
Composition destinée à accompagner la déclamation d’un texte littéraire. Lors de sa création le 9 décembre 1832, Lélio ou le Retour à la vie était qualifié de mélologue par Berlioz.

Messa di voce
Procédé consistant à  attaquer une note pianissimo, à en augmenter progressivement le volume puis à revenir graduellement au pianissimo initial.
Exemple : Montserrat Caballé commence l’air « Pace, mio Dio » de Leonora dans La Forza del destino de Verdi par une messa di voce.

https://www.youtube.com/watch?v=oKE6E4sou8A

Messe
Le chant étant une composante indissociable de la liturgie, les compositeurs se sont très vite attachés à composer des musiques destinées à accompagner les offices. La structure de la messe romaine (apparue en Occident dès la fin de l’Antiquité) est restée quasi inchangée jusqu’à nos jours. Il faut distinguer les « parties fixes » (ou « l’ordinaire », noté en capitales) de la messe des « parties variables » (ou « le propre », noté en minuscules et en italique), qui varient en fonction des dimanches et fêtes.

Déroulement de l’office :
Introït
KYRIE
GLORIA
Graduel
Alleluia
Séquence
CREDO
Offertoire
SANCTUS
BENEDICTUS
AGNUS DEI
Communion

Mezza voce
Terme italien signifiant à mi-voix.

Mezzo-soprano
Voix de femme intermédiaire entre le soprano et le contralto.

Minnesinger (all.)
Chanteurs de l’aristocratie allemande réunis en sociétés aux XIIe et XIIIE siècles. Ils préfigurèrent les Meistersinger (voir ce terme). 

Mixte
Voir « voix mixte ».

Modulation
Passage, dans le système tonal, d’une tonalité à l’autre au sein d’un même morceau.

Monodie
Chant à une voix non accompagnée, en usage depuis l’Antiquité. À partir du XVIe siècle, elle devint aussi un chant accompagné. Elle s’oppose à la polyphonie, chant à plusieurs voix.

Morbidezza
Terme italien signifiant « douceur », utilisé notamment pour évoquer le côté doux et soyeux d’une voix.

Morendo
Terme italien signifiant « en laissant mourir le son », (et en principe en ralentissant le tempo, à la différence de smorzando).

Motet
Polyphonie vocale religieuse pour solistes et chœur, a capella ou avec accompagnement instrumental, qui constitua le genre le plus important de musique polyphonique aux XIIe et XIIIe siècles. Il prit au cours des siècles des formes très diverses.

Motif
Élément musical de syntaxe assez simple, constitutif du thème d’une composition, souvent repris au cours du morceau, identique ou modifié.

Musica ficta
Dans la musique médiévale et renaissante, la musica ficta désigne les accidents chromatiques (dièses et bémols).