Curly : Nathaniel Hackmann
Laurey : Sierra Boggess
Jud Fry : Rodney Earl Clarke
Will Parker : Jamie Parker
Ado Annie : Louise Dearman
Aunt Eller : Sandra Marvin
Ali Hakim : Nadim Naaman
Andrew Carnes : Leo Roberts
Ike Skidmore : Juan Jackson
Joe : Will Richardson
Gertie Cummings : Sejal Keshwala
Kate : Emma Kingston
Ellen : Kelly Mathieson
Virginia : Rebekah Lowings
Vivian : Charlotte Kennedy
Sylvie : Ceili O’Connor
Fred : Danny Whitehead
Cord Elam Michael Colbourne
Farmer : Freddie King
Chœur : Oklahoma! Ensemble ; Orchestre : Sinfonia of London ; dir. John Wilson
Richard Rodgers, Oklahoma !
Livret d’Oscar Hammerstein, orchestration de Robert Russell Bennett
2 CD Chandos, 53’12 + 46’31. Enregistré du 18 au 22 juillet 2022 à la Royal Academy of Music, Londres
Mozart et Da Ponte, Gilbert et Sullivan… des tandems compositeur-librettiste qui restent gravés dans l’histoire de la musique. La carrière de l’Américain Richard Rodgers (1902-1979) se divise très nettement en deux duos. Avec Lorenz Hart, la collaboration dura de 1920 à 1943, et l’on en retient surtout des chansons, comme « Blue Moon », « My Funny Valentine » ou « Mimi » immortalisée par Maurice Chevalier. Ayant hélas sombré dans l’alcoolisme, Hart décéda en 1943. Avant la guerre, Oscar Hammerstein avait connu de beaux succès grâce à ses livrets pour Rose-Marie (1924) ou Show Boat (1927). C’est vers lui que se tourna alors Rodgers, et le fruit de cette première collaboration fut Oklahoma ! créé à Broadway le 31 mars 1943. Avec son histoire de cow-boys au langage fleuri, ce musical révolutionna le genre et allait pulvériser tous les records en restant à l’affiche plus de cinq années d’affilée (plus cinq autres années en tournée). Rodgers et Hammerstein produiraient ensuite South Pacific, The King and I et The Sound of Music, entre autres.
Il faut néanmoins mentionner un autre larron encore. Si Rodgers savait concevoir des mélodies envoûtantes (on croit même reconnaître dans « Many a New Day » une formule qui a dû inspirer à Fred Freed le générique de Kiri le clown, « Trotte, trotte, ma jument »), il laissait le soin de les orchestrer à Robert Russell Bennett, qui mérite à ce titre de sortir de l’oubli. Et tout comme la musicologie est revenue aux sources pour restituer la musique ancienne, l’âge d’or de Broadway fait désormais l’objet des mêmes attentions lorsqu’il s’agit de retrouver les orchestrations originales, souvent remises au goût du jour ou adaptées pour diverses raisons. Pourquoi ce « premier enregistrement intégral » d’Oklahoma ! est-il publié par le label britannique Chandos ? En 2010, une version de concert avait été donnée triomphalement à Londres dans les cadres des Proms, suivie en 2017 d’une version scénique, et les principaux protagonistes de l’édition 2010 ont été à nouveau réunis en 2022 pour enregistrer la partition sans rien en omettre, contrairement à la pratique en vigueur lorsque les artistes de la création en 1943 avaient gravé un original cast album.
Le chef d’orchestre John Wilson est le maître d’œuvre, comme lors des deux versions données aux Proms. Soucieux de retrouver les effectifs de la création, et même des instruments d’époque, il compare son approche historiquement informée à celle d’un John Eliot Gardiner, dont il partage l’énergie mais, on l’espère, pas le mauvais caractère. Le Sinfonia of London distille les valses suaves et fait un sort à la « Dream Sequence » concluant le premier acte, ballet d’un quart d’heure qui traduit les craintes de l’héroïne. Quant à la distribution vocale, elle se compose de solistes familiers du genre, américains dans les deux rôles principaux, britanniques pour le reste. Sierra Boggess est la seule « survivante » de l’édition 2010 : parfaitement capable de douceur séduisante, elle n’en prête pas moins à Laurey un caractère affirmé. Nathaniel Hackmann était en 2017 un Curly de belle prestance, et même privé de l’image, il reste charmeur à souhait. Le reste de l’équipe sait donner une personnalité à chacune des figures secondaires : Louise Dearman dans le rôle un peu tête-à-claques d’Ado Annie, Rodney Earl Clarke en Jud Fry tourmenté, la vigoureuse Aunt Eller de Sandra Marvin, pour n’en citer que quelques-uns. De quoi compléter de façon musicologiquement correcte l’adaptation cinématographique de 1955, en attendant qu’une salle française se décide à monter Oklahoma !
1 commentaire
J’ai écouté cet album il y a 3 jours, depuis j’ai le générique de Kiri dans la tête! Merci de e montrer que je ne suis pas le seul 😀