Ensemble ApotropaïK
Nouvelles musiques du Moyen Âge
Clémence Niclas, voix et flûtes à bec médiévales
Louise Bouedo, vièle à archet
Marie-Domitille Murez, harpe gothique
Clément Stagnol, luth médiéval
TEMPERANCE
Comtessa de Dia (fin XIIe-début XIIIe siècle)
A chantar m’er de so qu’eu no volria
Bernart de Ventador (1130 ?-1190 ?)
Can l’erba fresc’ (instrumental)
Anonyme
Santa Maria leva (Cantiga de Santa Maria)
Guillaume de Machaut (1397-1474)
Honte, paour, doublance de meffaire)
Anonyme
Sans tire (Codex Faenza début XVè)
Guillaume Dufay (1300 ?-1377)
La elle se siet au piet de la tour
CHARME
Anonyme
Santa Maria amar (Cantiga de Santa Maria)
Ave Maris Stella (Codaex Faenza)
Medée fu en amer veritable (Codex Chantilly, fin XIVe)
TOURMENT
Guillaume de Machaut (1300 ?-1377)
Phyton, le merveilleus serpent
Anonyme
O cruel donna (Codaex Rossi, vers 1370)
1 CD La Belle Abesse, 2023
Ha, Fortune, trop as vers moi frant tort (Codex Chantinlly)
Isabella (vers 1400)
Ce CD, composé entre monts et vallées de la Carte du tendre, forme un triptyque dont les trois figures tutélaires sont la tempérance, le charme et le tourment.
Dans le premier chant, un des rares attestés de la main d’une femme, la Comtesse de Die, la voix de Clémence Niclas s’élève et se répand sans artificialité au sein d’une acoustique de cathédrale. Cette monodie d’une femme trahie qui ose l’exprimer ainsi au Moyen-Âge pourrait être une diaphonie qui ne dit pas son nom. La Comtessa de Dia est certes seule à chanter sa canso mais la nymphe Echo la soutient où qu’elle aille, le long de sa ligne mélodique.
D’une voix dénuée d’affèterie que certaines voix lyriques adoptent parfois d’un air emprunté, la flûtiste chante avec conviction a capella un air qui ressurgit du fond des âges.
Les bigarrures vocales laissent entendre la magie du dépaysement propre au Moyen-Âge. La formule de Jacques Le Goff sur ce pouvoir de l’époque médiévale se trouve alors aisément justifiée. La voix matérielle de la flûtiste se distingue de celle des cantatrices de métier à la voix raffinée par une technique affûtée. Ici, c’est l’authenticité qui prévaut et le choix est pertinent.
En effet, ne serait-ce pas anachronique que de chanter des airs de troubadours avec une voix opératique alors que l’opéra n’était pas même encore une douce idée et sommeillait, appelé à s’éveiller beaucoup plus tard dans le champ des possibles ?
Les chants donnent une image charnelle, ressuscitée de la réalité sociale médiévale. La Bella Donna, tour à tour gente Dame et belladone est au cœur d’une époque qui n’accorde que peu de places aux femmes et à leur voix. Elles ne pouvaient pas chanter dans une église : étant à l’origine du péché, le risque était trop grand !
L’on entend ensuite un morceau du fameux troubadour Bernart de Ventadorn : flûte, cordes et percussions s’accordent pour nous entraîner dans un voyage folklorique, lors d’une danse de village ou dans une clairière. Au rythme entêtant répond la douceur de la harpe gothique et du luth médiéval.
Dans Santa Maria Leva, l’on entend la voix légère, claire et précise de la flûtiste aux aigus apaisants. Tout participe d’une dimension sacrale, les modulations expressives et le halo sonore qui nous enveloppe.
Vient alors une chanson de celui qui « aime à chahuter », Guillaume de Machaut. C’est avec caractère que voix et instruments s’assemblent et se rassemblent, les accents soulignent les émotions du poète épris, les altérations vocaliques exquises chantent les affres de l’amour courtois, le fin’amor.
Certaines partitions ou certains textes, parfois longs d’une seule strophe ont été trouvés dans le Codex de Faenza, le Codex de Chantilly ou encore le Codex Rossi. On ne peut être qu’admiratif de ce travail de recherche sérieux pour raviver la mémoire des voix qui se sont tues. Entre déchiffrement musical et archivistique, l’on perçoit la polyvalence des artistes, à la fois musiciens, interprètes et archéologues. Et cette polyvalence même, n’était-elle pas celle des trouvères, troubadours et ménestrels ?
Les vocalises dessinent les mélismes des demi-tons qui évoquent le mystère de la Dame à la Licorne et de son seul désir.
Harmonies chatoyantes, texture musicale variée, la voix semble couler comme l’onde entre les rocs des cordes pincées et le vent qui sourd de la vièle à archet.
Interprétation de fragments, réécriture, reprises, quintes justes, Moyen-Âge réinventé et réinvesti, voilà tout ce que ApotropaïK nous donne à entendre dans ce magnifique enregistrement paru aux Editions des abbesses.
Clémence Niclas chante et joue des flûtes à bec médiévales, Louise Bouedo joue quant à elle de la vièle à archet, Marie-Domitille Murez est à la harpe gothique tandis que Clément Stagnol joue du luth médiéval.
Ce disque est à la fois original est brillant, il nous fait ouïr des voix, des instruments et des textes révolus, il ravive les couleurs et la variété musicale du Moyen-Âge avec subtilité et alchimie. Dépaysement garanti !
Turandot : Sophie Marceau
Calaf : Justin Bieber
Orchestre Philharmonique d’Oucques-la-Joyeuse, chœurs XXXX (indiquer également si vous le souhaitez le nom du chef des chœurs), dir. Franck Pourcel
Mise en scène : Xxxx
Décors : Xxxx
Costumes : Xxxx
Titre de l’opéra ou du spectacle
Opéra en x actes de xxxxx, livret de xxxx d’après xxx, créé à xxx en xxx.
Nom du théâtre, représentation du xxxxxxxx.