PETR NEKORANEC : French Arias

Les artistes

Petr Nekoranec, ténor
Czech Philharmonic, dir. Christopher Franklin

Le programme

Extraits de Werther (Massenet), La Belle Hélène (Offenbach), Roméo et Juliette (Gounod), La Fille du régiment (Donizetti), Les Pêcheurs de perles (Bizet), Les Troyens (Berlioz), Lakmé (Delibes), Faust (Gounod), Manon (Massenet), Le Roi d’Ys (Lalo).

1 CD Supraphon, 2019

Attention, talent !

Si la carrière de Petr Nekoranec est déjà bien lancée outre-Rhin, ce jeune ténor d’origine tchèque est encore peu connu en France. Aussi ce CD  composé d’airs d’opéras français constituera-t-il pour beaucoup une découverte. La surprise est de taille : le timbre est d’une très grande fraîcheur (Werther et Roméo sont d’une étonnante juvénilité !), la technique accomplie, la prononciation du français extrêmement soignée, la musicalité constante, le tout étant porté par un sens des nuances et un goût très sûrs. C’est peu de dire qu’il est rare de trouver autant que qualités réunies en un 

seul et même gosier, surtout chez un jeune chanteur !

Ce qui séduit le plus chez Petr Nekoranec, c’est qu’il ne cherche jamais à utiliser ses (très) grandes facilités à des fins ostentatoires : son interprétation est une constante leçon de musicalité, de goût, de poésie – et ne se confond jamais avec un numéro racoleur. L’air de Tonio « Pour mon âme » est à cet égard parfaitement révélateur : les neuf contre-ut sont intégrés à la ligne de chant avec un naturel et une facilité déconcertants, à tel point que l’exploit que constitue cet air passerait presque ici pour un simple exercice de mise en voix.

Au demeurant, c’est dans les pages en demi-teinte, empreintes de mélancolie, que l’art de Petr Nekoranec est le plus remarquable : la romance de Nadir, le chant d’Iopas (Les Troyens), le rêve de Des Grieux ou l’aubade de Mylio (Le Roi d’Ys) font entendre un legato souverain, 

un art de la voix mixte et du diminuendo consommé, une parfaite maîtrise du souffle – et sont renversants de poésie. C’est que le goût du chanteur est impeccable : l’emphase ou l’excès de suavité, fatals à ce répertoire, sont soigneusement évités, et l’émotion qui affleure constamment est d’autant plus touchante qu’elle est sobrement contenue.  Le large panel de nuances dont dispose le chanteur n’est pas pour rien dans l’émotion qui se dégage de sa voix, de même que son léger vibratello, contenu dans de justes proportions : exactement ce qu’il faut pour être charmant, constituer un atout et non un défaut ! Ajoutons que l’accompagnement du Czech Philharmonic dirigé par Christopher Franklin est à l’unisson : tout à la fois présent, nuancé et raffiné.

https://youtu.be/Ae09Tktwvn8https://youtu.be/fla56uHUTts

 French Arias, teaser

Les Pêcheurs de perles, « Je crois entendre encore… »

Le Metropolitan Opera ou la Fondation Mozarteum de Salzbourg ne s’y sont pas trompés : le premier a invité  Petr Nekoranec à y faire ses débuts en avril 2018, la seconde le conviera en janvier 2021 dans le cadre de la « semaine Mozart » pour chanter dans Le Roi pasteur. La France ne doit pas manquer l’envol de ce beau ténor : il faut que Petr Nekoranec vienne nous proposer ce florilège d’airs français dans lequel il excelle, et qui constitue son meilleur atout pour conquérir le cœur des mélomanes français.