Sandrine Piau, Jodie Devos sopranos
Lea Desandre mezzo-soprano
Stanislas de Barbeyrac, Loïc Félix ténors
Florian Sempey baryton
Insula Orchestra, direction Laurence Equilbey
Extraits de Gallimathias Musicum, Musik zu einer Pantomime, Duo des chats, « Vorrei spiegarvi, oh Dio !« , extraits de La Flûte enchantée, L’Enlèvement au sérail, Don Giovanni, Les Noces de Figaro, Cosi fan tutte, La Finta semplice, Bastien et Bastienne.
Erato (71 min.), septembre 2020
Faire découvrir les opéras de Mozart au plus large public est une entreprise on ne peut plus louable. Laurence Equilbey a pour le Salzbourgeois un amour qui l’a poussée à créer le Festival Mozart Maximum, accueilli chaque année en juin par la Seine Musicale. Evidemment, l’édition 2020 n’a pas pu se dérouler comme prévu, mais elle aura en partie lieu, et en léger différé, puisque c’est le 15 novembre que l’on pourra voir Magic Mozart, « concert spectaculaire » monté par Philippe Decouflé, avec chanteurs, clowns, danseurs et vidéo (en remplacement du « cabaret enchanté » initialement prévu).
Pour accompagner cet événement, Insula Orchestra a enregistré un disque où le public retrouverait les airs interprétés dans le spectacle. Qui dit grand public dit « tubes », et les tubes sont là : les airs de Chérubin, la sérénade de Don Giovanni et l’air du champagne, l’entrée de Papageno et les vocalises de la Reine de la Nuit, donc, mais aussi diverses autres choses. Cocorico : il se trouve que le gratin du chant mozartien inclut aujourd’hui assez de chanteurs français – ou francophones, puisqu’il y a une Belge dans l’équipe – pour que l’on puisse graver un tel disque sans trop sortir de nos frontières.
L’occasion était excellente pour ces artistes, car l’époque n’est plus aux intégrales de studio qui avaient proliféré autour de 1991, lors du bicentenaire de la mort de Mozart. Cela permet de réparer une injustice dans le cas de Sandrine Piau car la soprano n’a guère eu de chances d’incarner sur scène des personnages dont elle a les moyens, et n’a pas toujours eu l’occasion de les graver au disque. On l’entend ici dans les deux airs de la Comtesse des Noces, et l’on regrette qu’un certain jeunisme interdise désormais de confier ce rôle à une chanteuse de plus de 30 ans.
Pour les autres, ces airs confirment ce que l’on savait déjà : Stanislas de Barbeyrac est un Tamino qu’on entend sur les plus grandes scènes internationales ; Florian Sempey a Papageno depuis toujours à son répertoire mais pourrait devenir un beau Don Giovanni ; Lea Desandre est un séduisant Chérubin ; Jodie Devos a toute la virtuosité de la Reine de la Nuit.
Notre bonheur serait complet si la magie promise par le titre était au rendez-vous. Hélas ! L’auditeur en est réduit à la réclamer, telle Blanche Dubois dans Un tramway nommé désir (à qui est emprunté le titre de cet article). L’orchestre pèche à plusieurs reprises par un prosaïsme qui sape les beautés distillées par les solistes, et le « Soave sia il vento » final ne parvient pas à décoller, faute de tension et de souffle.
On espère maintenant que, porté par la magie de la scène, Magic Mozart enthousiasmera les spectateurs qui y assisteront ce dimanche 15 novembre. A noter : les chanteurs ne seront pas du tout ceux du disque. Lea Desandre était déjà la seule rescapée prévue en juin, mais elle a disparu de l’affiche automnale, remplacée par Cecilia Molinari, autour de qui seront réunis Olga Pudova, Armando Noguera, le ténor Alasdair Kent remplaçant Ben Bliss initialement annoncé.