Les Itinérantes
Manon Cousin, Élodie Pont, Pauline Langlois de Swarte : chant
Thierry Gomar : percussions
Voyages d’hiver
Noëls du monde a capella
1CD Ambronay Éditions, 1 CD, 48’50 (enregistré du 08 au 11 février 2021)
Quelle jolie surprise que ces Voyages d’hiver concoctés par les Itinérantes, trio vocal composé de trois femmes issues de la même école de comédie musicale mais dont les goûts et centres d’intérêt présentent un réjouissant éclectisme : musique classique et ancienne pour Pauline Langlois de Swarte, jazz et chanson pour Manon Cousin, musiques du monde pour Élodie Pont… Si vous ne supportez pas la litanie des chants de Noël fades et sucrés jusqu’à l’écœurement dont on nous rebat les oreilles jusque dans les mairies, supermarchés ou autres stations-service, ce CD est pour vous : le voyage que vous propose les Itinérantes vous fera redécouvrir certains classiques (Noël nouvelet, Sankta Lucia) avec des oreilles neuves (le Sankta Lucia notamment, dans sa version originale suédoise, n’a rien à voir avec les versions grasses et sirupeuses auxquelles nous ont habitués tel ou tel gosier illustre !). Et surtout, vous découvrirez de nombreuses pièces peu (ou pas) connues, qui vous feront voyager du sud de la France à l’Irlande, du Brésil à la Russie, de la Roumanie à la Toscane, dans une belle alternance de chants religieux ou païens, certains d’entre eux célébrant le solstice d’hiver autant – voire plus – que la naissance du divin enfant.
Les trois interprètes font preuve d’une facilité déconcertante à passer d’un style à l’autre : aussi à l’aise lorsqu’elles déploient et superposent de longues lignes vocales pures et éthérées (magnifique « Ice Dance », tirée d’une des plus belles scènes de l’extraordinaire Édouard aux mains d’argent de Tim Burton) que lorsque qu’il s’agit de renouer avec les contours plus âpres, plus rugueux de chants d’origine populaire (le Laude Novella toscan, par exemple), elles font preuve d’une virtuosité magnifique (La Fée Dragée, d’après Casse-Noisette de Tchaïkovski !), jamais démonstrative, toujours au service de l’émotion.
Le très beau résultat sonore ne doit pas faire oublier le long travail qui, de toute évidence, a eu lieu en amont : non seulement les trois artistes interprètent les différents chants, mais elles ont aussi parfois patiemment recherché et reconstitué certains d’entre eux, écrit elles-mêmes la plupart des arrangements, appris à prononcer le catalan, le brésilien, le letton, le suédois… et jusqu’à l’eldali, langue imaginaire inventée par Élodie Pont qu’elles prononcent sans le moindre accent !
Interprétés a capella ou tout juste ponctués par les sonorités du vibraphone, du daf (un tambour sur cadre de tradition persane), de cloches, de bols ou du glockenspiel, les 16 chants retenus par les Itinérantes constituent aussi bien les rafraîchissantes et dépaysantes étapes d’un merveilleux voyage à travers des traditions culturelles variées, qu’une immersion en pleine poésie. À ne pas manquer !