Orchestre national de Lyon, dir. Nikolaj Szeps-Znaider
Aux étoiles, French Symphonic
Œuvres de Franck, L. Boulanger, D’Indy, Dukas, Bruneau, Holmès, Bonis, Duparc, Chausson, Sohy, Chabrier, Joncières, Saint-Saëns, Rabaud.
2 CD Palazzetto Bru Zane, 73:41 et 73:31, octobre 2023 (enregistré en mai 2021 et septembre 2022).
Une fois n’est pas coutume, le Palazzetto Bru Zane fait paraître ce mois-ci un coffret de deux disques où l’on ne chante pas. Habitué aux redécouvertes d’opéras oubliés, le mélomane ne doit pourtant pas hausser le sourcil : le Centre de Musique romantique française poursuit son œuvre de redécouverte du patrimoine en se penchant cette fois sur un genre qui faisait jadis les beaux dimanches des salles de concert. Musique à programme par excellence, le poème symphonique a connu ses beaux jours dans le dernier quart du XIXe siècle, en débordant jusque dans l’entre-deux-guerres, les œuvres ici réunies allant de 1874 à 1923.
Beaucoup de compositeurs d’opéra répondent à l’appel : Alfred Bruneau et son enchanteresse Belle au bois dormant, Victorin Joncières et son émouvante Toussaint, Vincent d’Indy et sa mystique Istar, Saint-Saëns et son inévitable Danse macabre. Et la plupart des autres furent tentés par la scène, au moins une fois, à défaut de pouvoir répéter l’expérience, faute de temps ou de moyens. Quatre compositrices parmi les quinze : Augusta Holmès (dont La Nuit et l’Amour revient décidément de plus en plus souvent), Mel Bonis et son orientaliste Rêve de Cléopâtre, Lili Boulanger et son audacieux D’un matin de printemps, Charlotte Sohy et son intrigante Danse mystique.
Cette musique à programme se fonde en général sur une œuvre littéraire, et c’est ce qui la rapproche de la mélodie, sinon de l’opéra : il s’agit dans tous les cas de s’approprier un texte, parfois donné à lire au public à défaut d’être donné à entendre. Certains de ces poèmes symphoniques prennent même la forme d’une « ouverture » précédant un opéra jamais écrit (Ouverture d’Arteveld d’Ernest Guiraud) ou d’une page destinée à servir d’entracte, comme Aux étoiles de Duparc, prévu pour une La Roussalka d’après Pouchkine qui ne fut jamais menée à bien. Et le morceau susmentionné d’Augusta Holmès est en fait un interlude tiré d’une ambitieuse « ode-symphonie » pour récitant, chœur et orchestre. Quant à la Viviane de Chausson, elle se situe évidemment dans le même cadre légendaire que son Roi Arthus.
Sous la baguette alerte de Nikolaj Szeps-Znaider, l’Orchestre national de Lyon fait revivre ces œuvres célébrissimes (España de Chabrier, L’Apprenti sorcier de Dukas) ou injustement délaissées. Puisse ce disque inspirer les responsables de salles de concert : elles n’exigent que peu de place, puisque leur durée oscille entre cinq et quinze minutes !