Richard Resch, ténor
Diego Caetano, piano
Die Winterreise
Cycle de mélodies de Franz Schubert, poèmes de Wilhelm Müller. composées en 1827.
1 CD DaVinci Classics C00763. Enregistré les 18 et 19 novembre 2021 à Gut Bannacker (Allemagne)
Le ténor allemand Richard Resch n’a pas peur de faire le grand écart, en termes de répertoire. Après un disque consacré à la musique de Buxtehude et de ses contemporains, le voici qui revient avec tout autre chose, une œuvre aussi célèbre que les pièces de son précédent enregistrement étaient peu connues : le Winterreise de Schubert. Est-ce à dire qu’il aborde ce chef-d’œuvre du lied avec les habitudes d’un baroqueux ? Peut-être, du moins si l’on entend par là qu’il apporte un soin particulier à la diction, avec une émission très sobre, loin de la surcharge expressionniste qu’y introduisent parfois des interprètes plus associés à l’univers de l’opéra.
Pour autant, que l’on ne s’attende pas à une démarche « historiquement informée ». S’il est difficile de se prononcer sur l’âge exact du Bechstein B 190 utilisé par le pianiste Diego Caetano, une chose est néanmoins bien certaine : il ne s’agit pas d’un pianoforte. Et ce qui frappe d’emblée, c’est le côté ouaté de ce piano, comme si l’on découvrait l’instrumentiste, puis le chanteur, au milieu d’un paysage enseveli sous la neige qui étouffe les sons.
De fait, c’est la sensation de froid qui domine d’abord l’écoute. Non pas de froideur, bien au contraire, car les sentiments du voyageur amoureux sont bien présents, mais ce voyage semble particulièrement hivernal, conformément à toutes les références textuelles à la glace et à la neige, parce que le ténor parvient à exprimer une impression de froid ressenti dans le corps même. À la manière dont est susurré le premier numéro, « Gute Nacht », on croit écouter un jeune homme frigorifié, aux doigts engourdis et aux lèvres gelées.
En effet, un Winterreise de ténor, c’est en général la garantie d’un Winterreise moins « mûr » que lorsqu’il est chanté par une de ces voix de basse, de baryton ou de mezzo qui s’en emparent le plus souvent. C’est à un narrateur tout à fait juvénile que l’on a ici affaire, qui expose simplement ce qui vient de lui arriver (plutôt que d’évoquer les souvenirs d’un passé lointain).
Autre avantage appréciable : pour être claire et travaillée, la diction de Richard Resch n’en perd jamais son naturel, contrairement à ce que proposent certains chanteurs célébrissimes, qui croient bon de faire un sort à chaque mot en surarticulant le texte des poèmes.