Lou Benzoni Grosset, soprano
Cyril van Ginneken, piano
Transalpin
Mélodies de Meyerbeer, Séverac, Schubert, Wolf, Schumann, Mendelssohn, Brahms, Rossini,Sinigaglia.
Lou Benzoni Grosset, soprano
Cyril van Ginneken, piano
1 CD Maguelone. Enregistré en janvier 2024
Quand on y réfléchit bien, Meilhac et Halévy auraient peut-être dû faire chanter à Carmen les attraits de ce qu’on trouve « là-haut, là-haut » plutôt que « là-bas, là-bas, dans la montagne », mais peu importe, car il n’a jamais manqué de compositeurs séduits par les hauteurs. Mais pour quelques opéras situés sur les cimes – Linda di Chamounix, La Wally… – combien de mélodies et de lieder faisant l’éloge des sommets ?
C’est à ces poèmes mis en musique que s’est intéressée la soprano française Lou Benzoni Grosset pour composer le programme d’un spectacle créé il y a deux ans, mais dont un écho discographique vient d’être publié. Les habitués des opérettes montées par la Compagnie Fortunio connaissent bien cette chanteuse, qui a créé son propre ensemble de musique de chambre et à qui l’on doit la mise en scène de spectacles pour enfants.
Sa participation aux opérettes montées sous la houlette de Geoffroy Bertran a permis d’apprécier le timbre pur de Lou Benzoni Grosset, idéal pour les juvéniles héroïnes de l’opéra-comique du XIXe siècle, et ce sont ces mêmes qualités de fraîcheur et de diction qu’elle met au service d’un tout autre répertoire, mais avec autant de charme.
C’est d’ailleurs sur une mini-scène d’opéra que se conclut le disque, avec « Le ranz-des-vaches d’Appenzell » mis en musique par Meyerbeer en 1828 alors qu’il travaillait déjà à Robert le diable. Egalement en français, on distinguera tout particulièrement les deux admirables mélodies de Déodat de Séverac, impressionnantes par la fluidité de leur composition.
Le reste du disque permet de découvrir Lou Benzoni Grosset chantant surtout en allemand, de Schubert à Wolf en passant par Schumann, Mendelssohn et Brahms. On entend un peu d’italien aussi, avec « La pastorella delle Alpi » extraite des Soirées musicales de Rossini, la version italophone d’un lied de Schubert (« Nel boschetto », alias « Im Haine ») et « Montanina » du compositeur et alpiniste turinois Leone Sinigaglia. Dans les trois langues, Lou Benzoni Grosset se montre également touchante, grâce à la sincérité de son chant dénué de toute affectation. Le pianiste Cyril van Ginneken l’accompagne dans ce voyage avec la même sobriété du meilleur goût. Seul regret : la brièveté de ce disque (moins de quarante minutes), reflet d’un spectacle mi-parlé, mi-chanté, dont seule la partie musicale est ici conservée.