Cet ouvrage collectif va paraître incessamment sous peu. Il voit le jour grâce aux multiples contributions d’artistes du monde lyrique, de professeurs de droit ou encore de politiciens.
Unique en son genre, Entre Opéra et Droit, dirigé par Mathieu Touzeil-Divina, est édité par LexisNexis. Rédigé sous l’égide de Bernard Stirn, membre de l’Académie des sciences morales et politiques et de Christophe Rousset, chef d’orchestre, l’ouvrage bénéficie d’une double approche, à la fois artistique et juridique qui lui permet de pallier les lacunes d’une seule perspective.
Ce beau livre, élégamment illustré, rehaussé de coloris rouge et or et comportant 220 pages de papier glacé, préfacé par Jack Lang, se compose de douze chapitres constitués de manière similaire : chacun débute par le portrait d’une personnalité du monde opératique (chef d’orchestre, metteur en scène, sopranos, directeurs d’opéras, costumiers) dont, entre autres Cecilia Bartoli ou encore Christian Lacroix. En guise d’ouverture on joue les portraits, cette première approche nous permet de découvrir ou de prendre connaissance des grandes personnalités de l’univers opératique.
Par la suite, une thématique mettant en relief l’enchevêtrement de l’opéra et du droit est proposée, comme par exemple celle de la théâtralité du procès, de la direction d’un opéra, de la gestion des publics, ou encore des cas d’application de la censure à l’opéra.
Dans un style clair et concis, chiffres, dates et anecdotes se mêlent à l’histoire de l’opéra, lieu de divertissement mondain où la fascination s’exerce, le charme opère grâce notamment aux “Enchanteresses” dont parle Jean Starobinski, ces cantatrices à la voix cristalline.
Grâce à de savantes variations des genres où se mêlent prose, statistiques et entretiens, l’on ne s’ennuie pas à la lecture de cet ouvrage conçu comme une grande variation sur un thème.
Si l’Opéra et le Droit semblent de prime abord antithétiques, nous découvrons qu’il n’en est rien. Il existe une juridiction propre aux théâtres, l’opéra est à la fois un lieu de subversion des normes à travers les spectacles, l’occasion renouvelée d’une purgation des passions (catharsis) mais il est encore le théâtre de l’expression des normes et des lois. Dans les coulisses de l’Ancien Régime, l’on aperçoit une myriade de litiges et de contentieux lyriques, tels que l’objurgation des chanteurs sous retenue. Chaque chapitre comportera l’histoire d’un contentieux qui a malmené le monde lyrique.
Enfin, les amateurs d’opéras pourront apprécier en guise de finale, une étude sur le droit dans tel ou tel opéra. Il est notable de remarquer que les opéras mis en valeur n’ont pas fait l’objet d’un choix arbitraire mais, au contraire, que chacun d’eux représente un exemple pertinent voire paradigmatique de l’influence du juridique dans l’art.
Cet ouvrage fera découvrir des opéras méconnus tels que l’Antigona de Traetta ou Vasco de Gamma de Meyerbeer, d’autres montés relativement peu souvent comme Jeanne au bûcher de Honegger, Le Freischütz de Weber, Platée de Rameau, Il matrimonio segreto de Cimarosa, et permet aussi de redécouvrir les grands classiques tels que Carmen de Bizet ou Le Trouvère de Verdi.
Lohengrin, un des plus fameux opéras de Wagner s’ouvre sur un procès devant le ban du roi : écriture dramatique et dramaturgique se confondent, livret et musique chantent à l’unisson les linéaments du droit pénal grâce à une immersion dans un procès.
Autre exemple patent où les institutions juridiques sont questionnées et même remises en cause à l’opéra, véritable institution de l’art : Cosi fan tutte, de Mozart. Norbert Rouland nous montre à travers cet opéra que la critique de l’impossibilité des divorces, tant manifestée à travers les arts et la philosophie des Lumières au XVIIIe siècle a pu contribuer à l’institution du divorce en 1791, en France. En effet, Cosi fan tutte a été créé un an auparavant seulement : l’art a pu influencer l’ordre. Certains compositeurs ont étudié le droit, à l’instar de Haendel ou encore de Tchaïkovski. Toutefois, ce ne fut pas le cas de Mozart. Néanmoins, mettre en scène l’adultère et l’inconstance des amours dans son opéra, c’est une façon de se positionner face au droit, à la législation en vigueur, en l’occurrence l’indissolubilité des unions, et de la condamner en un procès artistique par l’ingénieux moyen d’une virtuosité musicale, d’un ordre impeccable dans la composition afin de peindre les plus grands désordres des mœurs amoureuses.
Si l’opéra donne souvent une image d’institution poussiéreuse et désuète, il s’agit de vaincre les préjugés et d’en juger par les chiffres, si ce n’est par l’émotion. En effet, le taux de remplissage des salles s’élève à 96% et la moyenne d’âge des spectateurs est de 45 ans. De quoi renverser l’opinion erronée des détracteurs de l’art lyrique.
Entre Opéra et Droit peut être commandé ici (en inscrivant le titre et l’EAN : 9782711032549 dans le mail) ; il sera également prochainement disponible à la vente à la librairie Pedone, au 13 rue Soufflot, Paris 5, au prix de 45 euros.