L’année du bicentenaire Offenbach n’aura, musicalement, sans doute pas porté tous ses fruits : les concerts marquants, en France, auront été plutôt rares (Paris, en particulier a raté l’occasion de proposer enfin les belles Rheinnixen au public, ne serait-ce qu’en version de concert…). En revanche, certains événements universitaires ont eu lieu, dont l’un organisé en Sorbonne par le Centre de Recherches en littérature comparée (organisation Stéphane Lelièvre, Jean-Claude Yon). Les actes de ce colloque viennent de paraitre aux Classiques Garnier, dans un volume intitulé Offenbach en toutes lettres. Le titre de l’ouvrage le dit clairement – et le sous-titre, « Enjeux littéraires et dramatiques », le précise : les différents articles proposent moins des analyses musicales (on en trouve cependant…) que des réflexions portant sur les livrets, leurs sources, leurs adaptations et traductions pour les pays étrangers, la fortune de l’œuvre du grand Jacques en Europe et au-delà, la dramaturgie offenbachienne, etc…
Saviez-vous qu’Offenbach est – ou fut – très populaire en Italie ? En Hongrie ? En Bulgarie ? En Égypte ? Au Brésil ? Que George Sand a, possiblement, influencé l’écriture du livret de La Grande-Duchesse de Gérolstein ? Qu’une certaine Marie Aimée contribua à la notoriété d’Offenbach aux États-Unis ? Qu’outre-Manche, le rôle de Pâris était fréquemment tenu par une femme ? La lecture de cet ouvrage conduit le lecteur de surprise en surprise, et on lira également avec un grand intérêt une étude (signée Laurent Bihl) consacré à la supposée médiocrité de la série télévisée Les Folies Offenbach de 1977 dans laquelle jouait Michel Serrault, de même qu’un article (Alain Galliari) faisant l’émouvant portrait de Jules Offenbach, frère de Jacques, ou encore une correspondance inédite d’Offenbach avec Chivot et Duru (établie par Laurent Fraison) permettant de comprendre la genèse de La Fille du Tambour-Major.
De quoi patienter en attendant la nouvelle production annoncée de Robinson Crusoé ou celles, hélas bien plus hypothétiques, du Pont des soupirs, de La Princesse de Trébizonde, des Fées du Rhin ou de tant d’autres titres attendant d’être tirés de leur sommeil…
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Offenbach en toutes lettres – Enjeux littéraires et dramatiques (sous la direction de Jean-Claude Yon et Stéphane Lelièvre), Classiques Garnier, mai 2024