Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe au maire de Lyon chargée de la culture, a annoncé la suppression de 500 000 euros de subvention par an à l’Opéra. Elle a expliqué à nos confrères du Petit Bulletin (édition de Lyon) que les 7, 5M€ alloués annuellement à l’Opéra de Lyon en subvention de fonctionnement allaient passer à 7M€ dès cette année.
Indépendamment du bien-fondé de cette diminution, ce sont d’une part la méthode utilisée, d’autre part les justifications avancées qui interrogent.
Sur la méthode, Richard Brunel, le futur directeur de l’Opéra, explique qu’il n’a pas été contacté par l’adjointe à la Culture, et surtout que cette décision semble acquise alors même qu’elle n’a pas été débattue au conseil municipal. Aucune discussion, ni avec Richard Brunel, ni avec Serge Dorny (l’actuel directeur) n’a été engagée sur les conséquences qu’engendrerait une telle diminution du budget.
Et surtout, cette annonce est faite alors que la Ville de Lyon, présente à l’assemblée générale de l’Opéra le 11 décembre dernier a validé le budget 2021 avec une subvention stable.
Quant aux justifications avancées par Nathalie Perrin-Gilbert, elles mettent en lumière une meilleure répartition des aides – ce qui peut s’entendre –, mais surtout le souhait d’agir en faveur de « l’accompagnement de la création et de l’émergence », ce qui ne laisse pas de surprendre : qui, aujourd’hui, oserait encore prétendre que l’Opéra n’est pas un lieu de créations, ni n’agit en faveur de « l’émergence », de la « diversité » et des « territoires », pour reprendre des mots particulièrement en vogue actuellement ?
Il ne nous appartient pas d’estimer si le budget jusqu’alors octroyé par la municipalité à l’Opéra national de Lyon est excessif ou pas ; mais avancer de telles justifications ne fait que remettre en lumière un discours et des idées dont on croyait être débarrassé depuis longtemps (l’Opéra, la peinture classique, les films en noir et blanc, La Princesse de Clèves et autres Misérables, ça n’intéresse que les riches et les vieux …) ; et ces propos se révèlent particulièrement blessants pour les équipes de l’Opéra national de Lyon et de tous les autres théâtres qui œuvrent sans relâche en faveur de la modernité, de l’intégration et de l’accès à la culture pour tous.