Brèves de juillet – août

  • 23 août (23h)
    On en sait plus sur les raisons qui ont – ou auraient… – poussé John Eliot Gardiner à quitter le festival de la Côte-Saint-André…
    Notre correspondant à la Côte-Saint-André nous avait prévenu hier d’une attitude pour le moins étrange de John Eliot Gardiner pendant la première partie des Troyens. Il s’est montré tendu pendant le concert, mais c’est surtout à la fin qu’un incident est survenu : il présente les musiciens de l’orchestre (jusqu’ici tout va bien), puis veut faire applaudir le chœur, mais en distinguant les hommes et les femmes. Les choristes ne comprennent pas et se lèvent ensemble : grosse insatisfaction du chef, assortie d’un geste quelque peu inapproprié. Puis Gardiner semble provoquer quelque peu le public en lui faisant comprendre que les applaudissements sont un peu timides. La salle se lève pour une standing ovation, mais le chef disparaît et laisse les chanteurs revenir saluer sans lui après un temps infini…
    Entre-temps, le site britannique Slipped Disc a révélé que Gardiner s’est fâché contre la basse William Thomas (qui aurait quitté la scène du mauvais côté !), allant jusqu’à le frapper au visage. John Eliot Gardiner est rentré chez lui à Londres pour consulter son médecin : selon le site Slipped Disc, cette attitude pour le moins surprenante pourrait s’expliquer par une modification d’un traitement médical suivi par le chef. John Eliot Gardiner déclare regretter son geste.
  • 23 août (20h30)
    John Eliot Gardiner, qui a remporté hier un très grand succès dans la première partie des Troyens (La Prise de Troie) au festival Berlioz de la Côte-Saint-André (compte rendu à venir), annule ce soir sa participation aux Troyens à Carthage. Selon l’annonce faite il y a quelques minutes avant le spectacle, John Eliot Gardiner, souffrant, a regagné Londres. La direction musicale du concert de ce soir est assurée par Dinis Sousa, chef principal du Royal Northern Sinfonia (RNS). Dinis Sousa a été nommé en 2018 chef assistant du Monteverdi Choir and Orchestra, ce qui lui a permis de  collaborer étroitement avec John Eliot Gardiner. Il est actuellement chef associé à l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique.
  • 7 août
    ANNA NETREBKO ET LE METROPOLITAN OPERA DE NEW YORK

    Anna Netrebko, après avoir essuyé plusieurs reproches – et avoir vu se fermer les portes de nombreux théâtres européens et américains –, avait fini par déclarer qu’« elle s’opposait à la guerre, mais refusait de critiquer le président russe, qu’elle soutient depuis longtemps[1] ». Une déclaration qui lui a permis d’être réengagée par les principales scènes européennes, mais pas par le Met en raison de son refus réaffirmé de condamner Vladimir Poutine, au motif qu’il est toujours « le président de son pays » (voir son interview donnée au Monde le 22 mai 2022) – même si Netrebko revendique le fait d’habiter depuis plusieurs années en Autriche, où elle paie ses impôts. La chanteuse maintient également son soutien au chef Valery Gergiev, ouvertement pro-Poutine. Elle déclare par ailleurs regretter que ses propos ou actions passées aient pu être mal interprétées.

    Pour rappel, la soprano russe  a pourtant suscité à plusieurs reprises la surprise, voire l’indignation : lors de son refus de prendre position par rapport aux lois violemment homophobes promulguées par Vladimir Poutine en 2013 (c’était à New York, à l’occasion d’un Eugène Onéguine) ; lors de sa visite à Donetsk en décembre 2015, visite au cours de laquelle elle s’était fait photographier tenant le drapeau des républiques (non reconnues internationalement) de Donetsk et de Louhansk ; ou encore lors de remise d’un chèque d’un million de roubles au dirigeant ukrainien prorusse Oleg Tsarev en 2014 (un montant destiné à l’Opéra de Donetsk, la chanteuse ayant déclaré ne faire qu’aider quelques amis). Enfin, même si Netrebko affirme « n’être membre d’aucun parti politique ni l’alliée d’aucun dirigeant russe[2] », des documents de la Commission électorale centrale russe montrent qu’elle a été une mandataire dûment enregistrée du candidat Vladimir Poutine en 2012 et 2018[3].

    Quoi qu’il en soit, Anna Netrebko porte aujourd’hui plainte contre Peter Gelb et le Metropolitan Opera, invoquant « la diffamation, la rupture de contrat, une grave angoisse mentale et une détresse émotionnelle, une dépression, une humiliation, un stress et une anxiété, ainsi qu’une souffrance émotionnelle ». Elle déplore que soient annulés ses engagements new-yorkais des deux saisons à venir, lesquels auraient dû lui rapporter 17 000 dollars par représentation. La chanteuse a également été « contrainte de revendre à perte son appartement new-yorkais ». Elle réclame à l’institution new-yorkaise au moins 360 000 dollars de dommages et intérêts[4].
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    [1] Courrier international du 22 juin 2022 : https://www.courrierinternational.com/article/profil-anna-netrebko-une-soprano-russe-a-la-carriere-contrariee

    [2] Radio France / France Musique, 30 mars 2022 :
    https://www.radiofrance.fr/francemusique/anna-netrebko-condamne-la-guerre-en-ukraine-et-annonce-son-retour-sur-scene-8496202

    [3] Le Devoir, 1er avril 2022.
    https://www.ledevoir.com/culture/musique/693894/musique-classique-anna-netrebko-a-ete-mandataire-de-vladimir-poutine-en-2012

    [4] « Anna Netrebko Sues Peter Gelb & Metropolitan », OperaWire du 4 août 2023.

  • 31 juillet
    FESTIVAL D’ATHÈNES

    En juin dernier a été proposée, dans le cadre du Festival d’Athènes, une nouvelle production de Madama Butterfly (mise en scène Olivier Py, avec Anna Sohn, Alisa Kolosova, Andrea Carè, Dionysos Sourbis,direction musicale Vassilis Christopoulos). Le spectacle a été donné dans l’Odéon Hérode Atticus. Il sera diffusé sur Mezzo jusqu’au 1er septembre, puis repris au mois de novembre 2023.

    HOMMAGE À MARIA CALLAS LE 16 SEPTEMBRE À ATHENES (Odéon d’Hérode Atticus)
    L’Opéra national de Grèce rend hommage à Maria Callas avec un gala qui se tiendra le 16 septembre 2023 dans l’Odéon Hérode Atticus.
    Ce récital est organisé le jour anniversaire du décès de Maria Callas et lui rend hommage en reprenant le répertoire qu’elle y avait chanté lors de son récital dans le même amphithéâtre en 1957.
    4 sopranos s’y succèderont : Anna Pirozzi, Catherine Foster, Vassiliki Karayanni, et Nina Minasyan. Elles interprèteront des airs de O Protomastoras (Le contremaitre de Kalomiris), Fidelio, Hamlet, La Force du destin, Lucia di Lammermoor, Il Trovatore, et Tristan et Isolde.
    Ce récital fait partie de l’hommage que l’Opéra consacre à Maria Callas, qui a débuté en avril par Medea de Cherubini et se clôturera en décembre par la projection d’un documentaire sur les années grecques de Maria Callas.

  • 30 juillet
    SAN CARLO DE NAPLES

    Comme prévu, Stéphane Lissner a donc été démis de ses fonctions de directeur du San Carlo de Naples – et comme nous le pressentions dans notre brève du 6 mai dernier, c’est bien Carlo Fuortes, ex administrateur délégué de la RAI, qui le remplacera[1]. Carlo Fuortes a exercé les fonctions de directeur général de la Fondazione Musica per Roma, a géré l’Auditorium Parco della Musica de 2003 à 2015, a été commissaire extraordinaire du Teatro Petruzzelli à Bari (2012-2013) et surintendant de l’Opéra de Rome de 2013 à 2021.
    Pour rappel, le départ de Stéphane Lissner et celui, annoncé, de Dominique Meyer (pour l’heure à la tête de la Scala) sont la conséquence directe d’un récent décret fixant l’âge de la retraite des directeurs étrangers des théâtres lyriques italiens à 70 ans. Certains voient dans l’adoption de ce décret une prise de position « anti-française » émanant du gouvernement Meloni : cela n’est peut-être pas à exclure ; mais cette manœuvre permet aussi et surtout à Giorgia Meloni d’imposer la présence de l’extrême droite dans les médias et les milieux culturels italiens. C’est en effet Giampaolo Rossi qui, après le départ de Carlos Fuortes, se trouve dorénavant à la tête de l’audiovisuel public italien. Il s’agit d’un proche de la cheffe du gouvernement, s’étant jusqu’à présent surtout illustré par ses théories complotistes[2] ou ses prises de position pro-Poutine – du moins jusqu’à ce que Giorgia Meloni prenne position en faveur de l’Ukraine…

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    [1] Sa nomination doit néanmoins encore être validée par le ministère de la Culture italien.
    [2] Source : Ouest-France du 15 mai 2023.

  • 18 juillet
    À peine avions-nous formulé le souhait de voir Le Prophète représenté en version scénique que nous apprenions l’intention du Teatro Regio de Parme de monter prochainement le chef-d’œuvre de Meyerbeer, suite au concert exceptionnel donné tout récemment à Aix-en-Provence. Nous tiendrons bien-sûr nos lecteurs informés des suites de ce projet. 

  • 16 juillet
    Le 14 juillet dernier, à Torre del Lago, s’est ouvert le 69e festival Puccini, avec une nouvelle production de La bohème, mise en scène par Christophe Gayral.
    Si le sous-secrétaire à la culture du gouvernement italien a demandé au chef Alberto Veronesi, soutien de Georgia Meloni, de ne pas assurer ces représentations en raison d’une mise en scène qui trahirait l’esprit de Puccini (Christophe Gayral  a transposé l’action dans le Paris des années 1968), le chef n’a pas renoncé à se produire mais a choisi de diriger les yeux bandés, s’attirant de nombreuses moqueries (« bouffon », « imbécile »), pour ne pas dire les foudres du public.
    Suite à ces événements, le metteur en scène Christophe Gayral nous a fait parvenir le communiqué suivant : »En tant que metteur en scène de la nouvelle production de La Bohème pour la 69e édition du Festival Puccini à Torre del Lago, suite à la polémique créée par le chef d’orchestre Maestro Alberto Veronesi lors de la première représentation du 14 juillet 2023 ( inauguration du Festival ), j’aimerais rectifier ce que certains journalistes ont pu mal interpréter de cet évènement.– La mise en scène, fondée sur un travail approfondi de dramaturgie, s’est toujours basée sur l’œuvre de Puccini respectant à la lettre tous les sens de l’œuvre, sans aucune coupure ou réécriture des paroles du livret ou détournement de l’intrigue.– Comme de très nombreux metteurs en scène le font de nos jours, j’ai voulu lire et éclairer l’œuvre de manière moderne dans un cadre contemporain. J’ai pour cela situé l’action de cette « Bohème »  à Paris de décembre 1967 à mai 1968, époque pleine d’artistes et de bohémiens en quête de nouveaux idéaux comme on en trouve dans l’œuvre de Puccini et dans le roman de Murger. – Mon intention n’a jamais été de faire référence à un quelconque cadre politique en place aujourd’hui en Italie. – Je précise que ce projet, bien des mois avant le début des répétitions, a été présenté et expliqué très clairement à la Fondation Puccini qui l’a totalement approuvé dans son ensemble (dramaturgie, décors, costumes, etc.); projet également expliqué au Maestro Veronesi qui lui aussi à cette époque l’avait approuvé« .

    Source : scherzo.esÈ

  • 13 juillet

    Des annulations à l’occasion des représentations d’Aida à Vienne, d’André Chénier à Monaco, de Werther à Londres ; un récital également annulé à Budapest : 2023 aura été une année noire pour Jonas Kaufmann… qui annule également l’Otello aixois prévu le 17 juillet prochain. Il sera remplacé par le ténor arménien Arsen Soghomonyan.