Jérémie Rhorer rend hommage à Anne Blanchard à l’occasion de son « départ forcé » du Festival de Beaune

Le 15 août 2022, la disparition de Kader Hassissi plongeait les mélomanes dans la stupeur et la tristesse : âgé de 72 ans, le co-directeur fondateur du festival de Beaune s’éteignait, victime d’un arrêt cardiaque, laissant sa veuve Anne Blanchard seule aux commandes de ce qui, en quarante ans, est devenu l’un des événements musicaux majeurs de l’été. Toujours à l’affût de raretés et de nouveaux talents, le couple, inlassablement, œuvra à donner au festival son identité : d’abord « généraliste », il se spécialisera dans la musique « baroque » avant de devenir le « festival de musique baroque et romantique » que l’on connaît aujourd’hui.

Anne Blanchard à Beaune en 2009 (Capture d’écran YouTube)

Or Anne Blanchard, a-t-on appris en janvier dernier par le conseil d’administration du Festival, signe cette année la programmation de son dernier festival avant de passer la main à Maximilien Hondermarck. Un départ qui a fortement ému Jérémie Rhorer, lequel a tenu à rendre hommage au couple fondateur du festival lors de la soirée d’ouverture, le 5 juillet dernier. 

Le chef a évoqué en termes émus « le couple héroïque et indestructible » formé par Kader Hassissi et Anne Blanchard, dont il n’a pas hésité à comparer l’action à celle menée naguère par Gabriel Dussurget à Aix-en-Provence, rappelant que leur œuvre fut aussi « un combat de tous les instants, tant ils eurent à lutter, surmonter les épreuves, les intrigues parisiennes ou régionales, les assauts de ceux qui voyaient dans leur compétence, leur ardeur, leur intransigeance diront certains, une menace directe pour leurs prébendes ». 
« Anne Blanchard, explique Jérémie Rhorer, est aujourd’hui contrainte d’ouvrir son dernier festival en tant que directrice artistique », malgré les efforts du chef « et de nombreux amis pour la soutenir dans sa volonté de continuer à faire vivre ce Festival ». Malgré la « nomination rassurante » de Maximilien Hondemarck, Jérémie Rhorer doute que l’esprit de ce Festival puisse survivre « à la disparition de Kader et au départ forcé d’Anne », et le chef a ainsi annoncé que son concert du 5 juillet (« Amours », avec Gaëlle Arquez) risquait fort d’être le dernier donné par les musiciens du Cercle de l’Harmonie dans le cadre de ce Festival.