Pour manifester votre soutien à la revue l’Avant-Scène Opéra, signez cette pétition en ligne !
L’émotion a été grande dans le monde musical lorsqu’a été rendue publique la décision de mettre un terme à la publication de L’Avant-Scène Opéra[i], qui accompagne la vie des mélomanes et des musiciens depuis quelque 50 ans. Le webzine Première Loge Opéra (au singulier… à ne pas confondre avec les éditions Premières Loges – au pluriel – qui jusqu’à présent éditaient cette prestigieuse revue) s’est très vite fait l’écho de cette triste nouvelle, tout en exprimant son espoir qu’une solution soit rapidement trouvée pour permettre à l’Avant-Scène Opéra, véritable « bible » des lyricophiles (Karine Deshayes), que les étrangers nous jalousent (Gabrielle Philiponet), de poursuivre sa route…
Aussi avons-nous accepté avec joie de publier cette tribune que nous ont adressée des chercheurs et contributeurs. Elle comporte plus de cent témoignages d’auteurs, artistes (interprètes, metteurs en scène : Robert Carsen, Christof Loy , Olivier Py, Benjamin Lazar, Ludovic Tézier, Karine Deshayes, Sabine Devieilhe,…), chercheurs et enseignants-chercheurs (Gérard Condé, Jean-Claude Yon, Jean-Christophe Branger), directeurs de salles (Alexander Neef, Jean-Louis Grinda, Sophie de Lint, Peter de Caluwe, Stéphane Lissner, Matthieu Rietzler, Michel Franck,…), compositeurs (George Benjamin, Philippe Hersant,…) qui disent ici haut et fort leur attachement à cette revue et leur émotion face à sa disparition annoncée.
Espérons que cette tribune puisse contribuer à faire bouger les choses… Après la mélancolique couverture du Crépuscule des dieux qui illustrait notre dernier papier consacré à cette triste nouvelle, nous avons choisi cette fois celle du Docteur Miracle (celui qui saura trouver le remède permettant à l’Avant-Scène Opéra de renaître des ses cendres ?…), un numéro paru tout récemment et dont nous espérons ardemment qu’il ne soit pas le dernier !
Pour dire votre attachement à la revue l’Avant-Scène Opéra, n’hésitez pas à signer vous aussi cette pétition en ligne !
Stéphane Lelièvre
Sabine Teulon-Lardic
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[i] Sont aussi concernées les revues Classica et Pianiste, qui étaient publiées par la même maison d’édition (en cessation de paiement) que l’Avant-Scène Opéra.
Vendredi 7 février 2025, Jules Cavalié, rédacteur en chef de la revue l’Avant-Scène Opéra passe ses appels à ses collègues, amis et nombreux contributeurs et contributrices formant cette solide communauté : « L’Avant-Scène Opéra est mis en cessation d’activité. »
Abasourdis, les uns à la suite des autres, nous réalisons que cet outil, précieux au quotidien, irremplaçable et porteur de nombreux projets en cours ou futurs, pourrait disparaître.
Oui l’Avant-Scène Opéra est irremplaçable, c’est une publication que les autres pays nous envient, tant elle est vivante, riche d’un catalogue exceptionnel et ouverte à différentes approches de l’opéra. Depuis sa création, grâce à une formule mettant en regard texte, musique et image, articles de fond, entretiens et critiques, elle n’a cessé de contribuer au dynamisme des études sur l’opéra, et d’œuvrer à sa transmission. Pionnière de l’interdisciplinarité, elle s’intéresse depuis toujours à l’histoire et à la pratique contemporaine, aux œuvres et à leurs mises en scène, aux créateurs, aux interprètes et aux publics. Reconnue sur le plan scientifique au niveau international, pratiquée par les artistes et les professionnels, lue avec passion par les amateurs, elle est un ferment de la vitalité de l’opéra. À ce titre, l‘Avant-Scène Opéra offre un ensemble de monographies extrêmement sérieuses, qui sont la base de beaucoup d’autres travaux et une source d’inspiration pour la communauté lyrique. Au fil des années, elle est devenue un monument culturel qu’il n’est pas envisageable de voir disparaître. (IM)
Cette brutale mesure de cessation d’activité est également inquiétante pour la vitalité et la pérennité du secteur culturel français. Car le lectorat de l’Avant-Scène Opéra, mais aussi de Classica ou du Pianiste est accompagné dans sa passion et ses émotions musicales avec discernement, sensibilité, nuances ou coups de cœur pour défricher l’actualité culturelle. Aujourd’hui, celle-ci se diversifie davantage par les créations, les modalités d’accès, les croisements culturels, etc. Informés ou interpellés, ces lectrices et lecteurs sont ceux-là même qui achètent des Cd ou Dvd, fréquentent les salles de concert et d’opéra, les festivals, dynamisant ainsi l’économie du spectacle vivant. En effet, les travaux du chercheur Emmanuel Négrier ont démontré à quel point les sorties culturelles sont de puissants leviers économiques et financiers pour l’attractivité des territoires. (STL)
En outre, l’Avant-Scène Opéra constitue pour les métiers de la scène lyrique un support de travail précieux, une ressource commune et incontournable. Chaque année, l’Opéra national du Capitole commande les numéros de l’Avant-Scène Opéra correspondant à la programmation de sa saison lyrique, se constituant au fil du temps une collection importante qui est accessible à tous nos corps de métier. En effet, costumiers, décorateurs, répétiteurs, service pédagogique, service communication, dramaturgie, etc., se réfèrent fréquemment à cet outil pour travailler collectivement à l’élaboration de nos productions. Par ailleurs, mes activités de médiation culturelle m’ont amené à constater que l’usage des Avant-Scène Opéra ne concernait pas que les professionnels, mais également une part notable de notre public, qui aime préparer sa venue aux spectacles : lecture du livret, commentaires historiques, musicaux et discographiques sont des éléments importants de préparation à l’écoute et pour lesquels l’Avant-Scène Opéra est un auxiliaire précieux. Aucun autre outil de ce genre n’existe dans le champ éditorial français, et sa disparition est préjudiciable aux liens du public comme des professionnels au patrimoine lyrique que notre institution a pour mission de préserver et de transmettre. (DA)
Depuis un demi-siècle, l’Avant-Scène Opéra constitue une référence incontournable non seulement pour le monde lyrique francophone, mais aussi chez le public mélomane international. Non seulement la revue a suivi toutes les créations françaises, mais elle a toujours opéré de précieuses mises à jour de ses publications et une veille continue de l’actualité lyrique internationale, devenant ainsi un outil indispensable lorsqu’une œuvre était reprise dans d’autres scènes lyriques d’Europe ou d’Amérique. On ajoute à cela l’ampleur des études fournies par l’Avant-Scène Opéra, revue consacrée non seulement au grand répertoire, mais aussi à l’histoire des théâtres et des festivals, l’histoire de la mise en scène, terrain où se joue, aujourd’hui, une grande et belle partie de l’interprétation de l’opéra. (GM)
La disparition de l’Avant-Scène Opéra ne serait pas seulement préjudiciable aux multiples métiers de la scène lyrique, allant de la production, l’interprétation, la critique, la recherche, l’enseignement, mais elle serait préjudiciable à la création elle-même et à la connaissance d’un pan entier de la culture française. Détentrice de la mémoire des productions lyriques les plus glorieuses comme les plus avant-gardistes, par son iconographie vertigineuse, par sa chronologie des dates, lieux et distributions, ou encore par ses recensions, l’Avant-Scène Opéra est à la fois un espace de conservation inédit et complémentaire des institutions dédiées, et le lieu concret depuis lequel se met en mouvement une riche collaboration entre la pensée et la création, le savoir et l’émerveillement. Nous, enseignants, enseignantes, chercheurs, chercheuses, dramaturges, ne pouvons envisager de nous voir privés de l’outil irremplaçable que constitue l’Avant-Scène Opéra dans le temps présent et des possibles infinis qu’il permet de faire exister pour l’avenir. (JP)
C’est avec émotion et détermination que nous écrivons cette tribune à laquelle nous joignons les témoignages des chanteurs, chanteuses, chefs d’orchestres, compositeurs, metteurs et metteures en scènes, directeurs et directrices des scènes lyriques et autres institutions musicales et d’enseignement, afin que des solutions soient trouvées, notamment par l’intervention de la puissance publique et la mobilisation des acteurs privés du secteur, pour sauvegarder, maintenir et pérenniser l’Avant-Scène Opéra.
- Dorian Astor, dramaturge de l’Opéra national du Capitole de Toulouse
- Isabelle Moindrot, professeure des Universités, membre de l’Institut Universitaire de France, contributrice de l’ASO
- Giuseppe Montemagno, professeur au Conservatoire de Catane (Italie), contributeur de l’ASO
- Jonathan Parisi, docteur en musicologie, dramaturge, contributeur de l’ASO
- Timothée Picard, professeur des Universités, dramaturge et conseiller artistique du Festival d’Aix-en-Provence, membre du comité de rédaction et contributeur régulier de l’ASO
- Sabine Teulon Lardic, docteure en musicologie, contributrice de l’ASO
« La disparition de l’Avant-Scène Opéra serait un affaissement dramatique du paysage lyrique français. Au fil des années, ses publications accompagnent avec intelligence et talent le développement de nos activités lyriques, l’élargissement des publics, faisant appel aux plumes chevronnées autant qu’aux nouveaux talents. Je souhaite ardemment que son sauvetage soit entrepris. »
Philippe Agid, ancien directeur adjoint de l’Opéra national de Paris
« À des générations de jeunes mélomanes, l’Avant-Scène Opéra a appris à lire ; lire la relation entre texte littéraire et musical, l’héritage culturel dont procèdent les œuvres, le contexte historique et artistique qui les a vues naître, les correspondances qu’elles entretiennent avec le monde d’aujourd’hui. À ce titre, cette collection est une somme vivante, appelant des actualisations constantes des titres existants, autant que la découverte d’œuvres nouvelles ou jusqu’ici oubliées. Par la qualité des rédacteurs, du travail éditorial et iconographique, l’Avant-Scène Opéra est aussi reconnue au-delà de nos frontières comme un projet unique, qui participe au rayonnement de la langue française. Une référence universitaire accessible comme un magazine, alliance rare ! »
Vincent Agrech, journaliste et ingénieur culturel
« Les numéros d’Avant-Scène Opéra sont pour moi une source précieuse d’informations indispensables à mon travail de dramaturge. J’y trouve, dans un format idéal, tout le matériau d’analyse musicologique et textuelle nécessaire à l’analyse comme à la rêverie, les deux moteurs de la dramaturgie. »
Catherine Ailloud-Nicolas, dramaturge
« Je souhaite, en mon nom et en celui du Festival d’Aix-en-Provence, dire combien l’annonce de la disparition programmée de l‘Avant-Scène Opéra, concomitante à celle d’autres organes qui faisaient la richesse de la presse musicale française, m’a sidéré et attristé ; cette nouvelle, si elle venait à se confirmer, serait particulièrement grave et funeste pour le monde de l’opéra. l’Avant-Scène Opéra a tracé un chemin pour notre métier ; il a profondément transformé la manière d’accompagner les programmations d’opéra dans le monde ; il est la nourriture première et dernière pour tout ce qui a trait à l’opéra, autant pour les débutants que pour les mélomanes passionnés : c’est pour une large part grâce à lui, grâce à son apport unique, que je suis rentré dans le métier ; c’est lui qui nous forme, nous instruit, éveille notre sensibilité, cultive notre goût et notre esprit critique. J’ai été particulièrement fier du numéro spécial que l’Avant-Scène Opéra a consacré au Festival d’Aix-en-Provence, à l’occasion de ses 75 ans. C’est une dimension universelle de l’opéra qui va mourir, si cette publication d’une valeur inestimable venait à disparaître. »
Pierre Audi, directeur général du Festival d’Aix-en-Provence
« J’ai beaucoup travaillé voici longtemps (à partir de 1985) pour l‘Avant-Scène Opéra en contribuant par des articles et plusieurs traductions (Strauss, Schoenberg, Berg, Korngold, Weber, Zemlinski) et j’ai toujours considéré que cette revue visait et trouvait souvent un équilibre idéal entre la rigueur des analyses et la capacité à trouver un large public. Par la composition des numéros, comprenant livret d’opéra et traduction, analyse musicale, commentaires, discographie, la revue est absolument originale dans le paysage tant français qu’international. »
Bernard Banoun, professeur des Universités
« Revue en tous points remarquable par sa qualité intellectuelle et scientifique, par son exhaustivité et son utilité irremplaçable dans le champ des arts du spectacle, l’ASO documente et met en perspective de façon absolument exceptionnelle la mise en scène d’opéra de ses origines jusqu’à ses évolutions contemporaines. Elle est non seulement précieuse et chère à quantité de lecteurs non spécialistes, mais le premier recours de tous les spécialistes de notre discipline quand ils doivent se documenter sur l’histoire scénique d’une œuvre. La voir disparaître créerait un manque catastrophique, à l’échelle de notre travail de chercheurs et de chercheuses en histoire du spectacle, alors même que nous devons jour après jour nous battre contre l’amnésie et la pure valorisation du présent. »
Anne Françoise Benhamou, professeure émérite en Études théâtrales à l’ENS, dramaturge
« From a vantage point outside France, it’s difficult not to view the achievement of Avant-Scène Opéra with anything less than astonishment. These beautiful publications – so generous in spirit and fine in realisation – are a marvellous source of enlightenment for both practitioners and devotees of this supreme art form. This journal makes an absolutely unique contribution to today’s cultural landscape and I ardently hope that it can be saved. »
George Benjamin, compositeur
« Née à peu près en même temps que l’Avant-Scène Opéra, ma passion dévorante pour l’art lyrique s’est constamment nourrie de cette véritable encyclopédie dont tous les numéros trônent précieusement dans ma bibliothèque. S’adressant aussi bien aux néophytes qu’aux amateurs éclairés et aux professionnels des arts de la scène, la revue possède cette qualité très rare de marier de façon particulièrement heureuse érudition et intelligibilité. Découvert avec ravissement par l’adolescent québécois que j’étais alors, l’Avant-Scène Opéra n’a cessé de m’émerveiller au fil des décennies par la richesse de son contenu et sa présentation d’une séduction extrême. Car la revue est non seulement une source de documentation à nulle autre pareille, mais un objet de rêve grâce à une iconographie qui nous fait voyager à travers le temps et l’espace. Ce fut donc pour moi un privilège extraordinaire que de me joindre à l’équipe des collaborateurs pour contribuer à cette magnifique mission de mieux faire connaître le théâtre lyrique. Après avoir été un lecteur insatiable, j’ai pu rendre une partie du bonheur dont l’Avant-Scène m’avait généreusement comblé. Je ne saurais me résoudre à sa disparition et souhaite ardemment fêter ses 50 ans en 2026 ! »
Louis Bilodeau, professeur de littérature (Montréal), collaborateur de l’ASO
« L’Avant-Scène Opéra s’est imposée depuis plusieurs décennies dans le champ de la recherche et de l’enseignement universitaire. Ses numéros offrent des articles scientifiques féconds quand d’autres, inclus dans des numéros spéciaux, permettent aux étudiant.es d’embrasser, en quelques pages d’un abord aisé, les spécificités d’un compositeur ou d’un metteur en scène. Sa disparition serait préjudiciable pour toute communauté ou génération férue d’art lyrique. »
Jean-Christophe Branger, professeur des Universités
« Faire disparaitre l’Avant-Scène Opéra, c’est faire disparaitre la publication de textes et de livrets d’opéras, mais aussi des pages et des pages de contenus musicologiques et dramaturgiques précieux, des contenus indispensables à l’exercice d’un art vivant, à sa connaissance ainsi qu’à son appréciation. Cette revue est la porte d’entrée de nombreux amateurs et une bible pour les professionnels sur bon nombre d’œuvres connues et d’autres plus rares. En tant que metteur en scène, cette revue est une source de découvertes que nous consultons avec mes équipes, à chaque projet, car elle concentre différents points de vue sur une œuvre et nous ouvre de nouvelles perspectives. En tant que Directeur Général de l’Opéra de Lyon, j’ai souhaité que nous acquérions la totalité de la collection de l’Avant-Scène Opéra pour notre bibliothèque d’établissement. Pour toutes les équipes de l’Opéra c’est une mine essentielle qui s’enrichit chaque année, à chaque numéro et qui témoigne de la vitalité de l’art lyrique. Nous ne pouvons pas laisser disparaitre un outil de travail collectif comme celui-là. »
Richard Brunel, metteur en scène, directeur général et artistique de l’Opéra de Lyon
« L’Avant-Scène Opéra est un objet rare. Une collection qui parcourt le répertoire ouvrage après ouvrage. Spectateur, interprète, créateur, dramaturge, étudiant, programmateur, et tant d’autres curieux, chacun trouve dans la petite somme de connaissances qu’est chaque fascicule une source d’information, d’inspiration, de désir, de réflexion, qui n’est nulle part ailleurs rassemblée de cette manière. L’Opéra que je dirige, comme la plupart des maisons, conserve avec le plus grand soin sa collection d’Avant-Scène. Mais elle ne dort pas sur une étagère, elle est un outil de travail quotidien. Il n’est pas imaginable que cette collection ne s’enrichisse plus de nouveaux cahiers visitant ou revisitant le répertoire de l’opéra. »
Jérôme Brunetière, directeur général et artistique de l’Opéra de Toulon Provence Méditerranée
« La bibliothèque se remplit depuis des décennies. Des romans, des livres d’histoire, des ouvrages de musicologie. Des poèmes, des biographies de De Gaulle, Laval, Mendès France, les mémoires dédicacées de Lucie Aubrac, les Oisivetés de Vauban, Campagne de France de Goethe, Méridien de Sang de McCarthy, et l’Avant-Scène Opéra, un peu fragile et écornée dans plusieurs de ses numéros, mais tout autant patrimoniale que tout le reste. Alors ça s’arrête là ? On ne bourlinguera pas avec de nouvelles parutions ? Certes cela ne fera jamais une intégrale (quoique…) mais une somme, oui : unique en son genre. Il reste tant de répertoire à analyser et mettre en valeur… Je repense à la collection Zodiaque : Berry, Rouergue, Quercy Roman, une odyssée semblant sans fin dans l’architecture de l’An Mil… C’est cela l’Avant-Scène, sans limite. Alors soyons encyclopédistes, et poursuivons l’exploration du répertoire. Une aventure de plume dans les portées si multiples. »
Laurent Brunner, directeur de l’Opéra Royal et de Château de Versailles Spectacles
« Avant-Scène Opéra ne peut baisser le rideau ! Il s’agit bien de la revue la plus précieuse du monde lyrique aujourd’hui, tant son impressionnante collection fournit une documentation sans égale à celles et ceux qui font la scène lyrique aujourd’hui, quelle que soit son esthétique. ASO ce n’est pas qu’une revue, c’est aussi un véritable patrimoine ! »
Nicolas Bucher, directeur général du Centre de musique baroque de Versailles
« Serviteur chenu de notre revue n’aurais-je tant vécu que pour voir en un jour tant de joies effacées ? Dans le concert de professions de foi et d’implorations que soulève le forfait commis par ceux qui d’un coup de balai ont décidé de sonner le glas d’une aventure entre toutes exemplaire, je sais que ma voix a peu de chances d’être entendue. Je la joins néanmoins à celles, innombrables, de celles et ceux qui le cœur serré veulent croire que leur défense et illustration de ce que de Michel Pazdro en Chantal Cazaux et Jules Cavalié, secondés notamment par Aurianne Bec et tant d’autres au fil des décennies ont su préserver et enrichir les trésors accumulés sous la bannière de notre ASO. »
Jean Cabourg, critique musical et contributeur de l’ASO
« Je suis profondément choqué de ce qu’une publication, soi-disant élitiste, du niveau de l’ASO doive disparaître du paysage de la musique classique. J’ai découvert l’ASO pendant mes études, alors que je préparais une thèse de doctorat consacrée à la mise en scène de l’opéra. Les différents numéros se sont révélés être une source inestimable d’informations et de mises en contexte. J’ai beaucoup apprécié de voir les photos des différentes interprétations, la liste des artistes, les commentaires des auteurs informés et, bien sûr, les livrets et leur traduction. Je remercie les fondateurs de la revue et leurs successeurs d’en avoir assuré la parution pendant tant d’années et regrette profondément que cette offre ne soit plus disponible aujourd’hui. Comme l’écrivait Stefan Zweig il y a un siècle dans son ouvrage fondamental Die Welt von Gestern, l’essence de l’éducation et la familiarité avec la culture représentent non seulement une nostalgie, mais aussi un aperçu du futur potentiel auquel nous sommes confrontés, en particulier dans la combinaison de la tradition, de l’innovation et de la recherche. Ces concepts sont tellement modernes et pertinents ! Connaître et comprendre les grandes œuvres du passé nous aide à contrer l’agressivité défensive dominante, si logique face aux crises politiques et sociétales, et à ouvrir le potentiel offensif, engageant et pacifique de l’art qui donne un contexte à la réalité d’aujourd’hui. Je suis fermement convaincu que la réponse à la confusion vient de l’éducation et de la culture, toutes deux offrant des connaissances et des expériences qui nous rappellent nos racines et notre identité. Je plaide vivement pour que la publication se poursuive et offre un antidote aux informations souvent trop restreintes de Wikipédia et de l’IA sur les œuvres que nous présentons. »
Peter de Caluwe, directeur général et artistique, La Monnaie / De Munt, Bruxelles
« Les choses sont, au fond, très simples : plus on éteindra de lumières, et plus l’obscurité gagnera. On le sait. Et personne ne peut prétendre se soustraire à ce principe, ni l’ignorer. Les penseurs des Lumières ont d’ailleurs été parfaitement clairs à ce sujet. Chacun sait donc très bien ce qu’il commet lorsqu’il décide d’étrangler un soleil. Aussi loin que remontent mes souvenirs d’apprentissage de l’opéra, la revue Avant-Scène Opéra est présente, et essentielle. Là déjà, dans les bibliothèques, lorsqu’il s’est agi, garçon, de découvrir, émerveillé, les chefs d’œuvre du répertoire, les livrets, d’en lire des analyses, de commencer à en comprendre les mécanismes musicaux. Là encore, sous l’arbre de Noël, lorsqu’il s’est agi, adolescent, de plonger dans les océans wagnériens ou straussiens, une solide boussole à la main. Là toujours, désormais, dans mon bureau d’étude, lorsqu’il me faut aborder, de façon synthétique et éclairée, le halo historique et culturel entourant la création d’une œuvre rare du répertoire, et ce avant même que d’en déchiffrer la partition. Et de Madison à Kuala-Lumpur, de Moscou à Bogota, de Berlin à Manaus, presque tous les metteurs en scène du monde avec lesquels j’ai travaillé avaient, à portée de mains, y compris lors des répétitions, ces fascicules (traduits par leurs soins) qui sont un concentré de savoir et d’informations, une référence internationale. Comprenons bien ce qui se joue : l’Avant-Scène Opéra n’est pas juste une publication parmi d’autres, c’est du patrimoine mondial. Et décider d’en interrompre la publication, c’est tout simplement barricader pour les générations à venir la voie royale qui permettait d’accéder à la forme artistique la plus achevée, celle qui mêle les grands mystères reliant tous les hommes entre eux à la surface de la terre. Celui qui prendrait une telle décision serait le même qui demanderait : « À quoi servent les roses ? », avant de les arracher toutes. Et, sur ce point aussi, les Lumières ont été très claires : Il faut cultiver notre jardin, pas le saccager ! »
Laurent Campellone, directeur de l’Opéra de Tours
« En découvrant la nouvelle d’une possible disparition de l’Avant-Scène Opéra, j’ai réalisé que cette revue m’avait toujours accompagné. Elle était présente sur les rayons des librairies quand s’est éveillé mon premier intérêt pour l’opéra. Elle accompagna mes années d’études. Elle avait provoqué mes premières fiertés d’auteur lorsque j’avais eu la chance d’y publier plusieurs analyses. Elle me fut précieuse quand mon tour vint de préparer des cours. Et j’étais sûr de retrouver ses couvertures noires dans les salles sous le bras des spectateurs. Ce compagnonnage est sans doute moins une aventure personnelle qu’une histoire partagée avec tous les amateurs de théâtre lyrique dont l’Avant-Scène Opéra guida l’écoute numéro après numéro et façonna les jugements en suscitant aussi bien l’adhésion enthousiaste que d’âpres désaccords. Enthousiasme à la lecture des inoubliables textes d’André Tubœuf dont on finissait par ne plus savoir si le miracle dont ils étaient pleins était celui des interprétations entendues par le critique ou des mots choisis pour les dire. Agacement en parcourant certains articles qui achevaient pourtant de nous attacher à cette société des amoureux de la chose lyrique dont la revue était le point de ralliement. Comment se résoudre alors à voir brisée la chaîne ayant uni plusieurs générations de rédacteurs qui, dans un cadre éditorial immuable, ont entretenu la flamme d’une passion pour l’opéra sans cesse renouvelée et qui devrait demeurer longtemps encore notre bien commun ? »
Rémy Campos, Conservatoire de Paris, Haute école de musique de Genève
« Comme nombre de mélomanes j’ai été stupéfait et attristé d’apprendre la disparition prochaine de l’Avant-Scène Opéra, tant cette revue fait partie intégrante, dans mon imaginaire, du patrimoine culturel français. C’est une revue qui m’a accompagné, m’a réjoui et m’a enrichi tout au long de ma carrière de spectateur et de mon parcours d’enseignant-chercheur, une revue qui s’est rendue indispensable car elle parle aussi bien aux initiés qu’aux néophytes, à l’intellectuel exigeant qu’au mélomane débutant, avide de découvrir un univers fascinant. Sans elle, le monde du théâtre et de la musique se verrait irrémédiablement amputé d’un de ses fleurons. La mort de l’Avant-Scène Opéra, c’est la disparition de toute une culture de la connaissance, et du bonheur partagé d’écouter, de regarder et de comprendre le monde de l’opéra. l’Avant-Scène Opéra n’a pas d’équivalent, ni en France, ni ailleurs dans le monde, il faut à tout prix la sauver. »
Jean-François Candoni, professeur des Universités
« De violents coups la tirèrent brusquement de son sommeil. À peine avait-elle entrouvert les yeux que des individus fracassèrent la porte et pénétrèrent dans l’appartement. Ils se précipitèrent sur les étagères, jetèrent à terre les numéros de l’Avant-Scène Opéra, lacérant les pages, piétinant les volumes. Après avoir répandu de l’essence sur les revues, l’un deux approcha une allumette… Elle se réveilla en sursaut, hagarde, mit quelques minutes à reprendre ses esprits. Puis elle attrapa son téléphone et découvrit un message de Jules Cavalié… ‘‘Non… ! Il faut que je me réveille… Je dois me réveiller, je dois me réveiller…’’ »
Hélène Cao, musicologue
« Depuis ma découverte de l’opéra dans les années 1980, l’Avant-Scène Opéra a été ma bible. Elle m’a apporté cet approfondissement nécessaire à toute passion, m’a aidé à former mon goût et mon esprit critique. En 1994, j’ai eu l’opportunité de collaborer à cette revue unique à l’occasion d’un numéro hors-série qui documentait une programmation consacrée aux « Grandes voix du XXe siècle » à l’Auditorium du Musée du Louvre. Depuis j’ai continué à apporter régulièrement à mon tour ma petite pierre à cet édifice qui constitue sûrement le plus grand fond de référence consacré à un art qui ouvre sur tant de domaines culturels et artistiques, au-delà de lui-même. Un tel patrimoine doit rester vivant et ne devrait pas être soumis aux aléas économiques. Car non seulement il entretient la mémoire de cette forme d’art mais il fournit à ceux qui le font vivre – spectateurs et professionnels – des éléments pour qu’il continue à exister. Laisser disparaître l’Avant-Scène Opéra revient à nier la valeur d’un outil culturel de premier plan. »
Alfred Caron, critique lyrique
« L’Avant-Scène Opéra est l’une des publications les plus importantes et les plus utiles qui existent dans le monde de l’opéra. Je l’utilise depuis bien avant de commencer à travailler dans le domaine de l’opéra. La combinaison éditoriale extrêmement réussie du synopsis, du livret, de l’analyse musicale et scénique, du contexte historique, des articles spéciaux, des comparaisons d’enregistrements vidéo et sonores est absolument unique dans le domaine, ce qui explique pourquoi la publication a toujours eu un si large public international. Personnellement, je n’entreprends jamais une nouvelle production d’un opéra sans avoir à mes côtés le numéro correspondant d’Avant-Scène Opéra. Il est inconcevable que cette publication essentielle puisse disparaître. C’est LA référence dans notre domaine, toutes langues confondues, mais qui n’a sans doute pu être imaginée et réalisée avec autant d’intégrité qu’en France. S’il fallait une sonnette d’alarme pour nous montrer à quel point le secteur culturel en France, en Europe et dans le monde est menacé, c’est bien celle-là. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver cette publication pour qu’elle puisse continuer à se développer pour les générations futures de public et de professionnels. »
Robert Carsen, metteur en scène
« L’Avant-Scène Opéra fut d’abord pour moi un outil précieux durant mes études musicales. Intégrer ensuite l’équipe de ses auteurs puis en devenir la rédactrice en chef pendant dix ans fut un honneur, doublé d’un bonheur artistique et humain. En contribuant au plaisir de savourer l’opéra en toute connaissance de ses secrets de fabrique, l’ASO est un passeur indispensable entre les créateurs, les artistes et le public – lequel, on le sait, est en évolution fragile, mais le défi fait la vie ! L’annonce de sa possible disparition paraît absurde, à tout le moins conséquence d’un point de (courte) vue qui se méprend sur sa nature : l’ASO n’est pas une « marque », pas un bilan chiffré, mais un trésor reconnu par-delà nos frontières par les plus grands chefs d’orchestre, artistes lyriques et directeurs d’institution. À la barre d’un tel vaisseau, tout éditeur digne de ce beau nom saurait braver les tempêtes ; d’autres se sabordent… Quelques marins lyricomanes ont d’office remis les voiles en 1989 – sans perspectives de bénéfice autres que le maintien du titre au long cours : ils ne s’appelaient pas encore « actionnaires ». Qui pour suivre leur exemple aujourd’hui ? »
Chantal Cazaux, musicologue, rédactrice en chef de l’ASO de 2012 à 2022
« Cette revue accompagne les amateurs d’opéra dans leurs découvertes, qu’ils soient passionnés de longue date ou nouveaux venus. Avec ses analyses, ses entretiens et son regard éclairé, elle nourrit la curiosité et enrichit l’écoute de chacun. Si cette source de connaissance disparaît, c’est toute la question du renouvellement des mélomanes qui se pose. Comment transmettre cette passion et attirer de nouveaux publics ? Une revue comme celle-ci joue un rôle clé. La soutenir, c’est permettre à l’opéra de continuer à vivre et à toucher de nouvelles générations. »
Baptiste Charroing, directeur général désigné du Théâtre des Champs-Élysées
« L’Avant-Scène Opéra a été le lieu de mes premières publications, dans les années 90… modestes contributions si l’on songe aux décennies de vie de l’ASO et à tous les titres d’opéra qui n’ont pas encore été abordés ! Je me souviens de l’espace de la revue comme d’un haut lieu de culture, non seulement musicale, mais aussi humaine : il faisait bon y travailler et l’on s’y sentait libre de créer et de partager ses connaissances. Toute action qui viserait à faire mourir cette institution intellectuelle de portée mondiale serait un geste rétrograde et dangereux pour l’évolution de notre culture. En témoignent les nombreux et prestigieux signataires issus de tant de pays différents, déterminés à agir pour éviter pareil désastre. »
Claire Chevrolet, auteur-compositeur-interprète, professeure de piano
« Avant-Scène Opéra est à la fois un espace de réflexion, de partage, de transmission et une formidable invitation à plonger dans des oeuvres tant pour les artistes que pour les spectateur.trices. Je n’arrive pas à imaginer que cette magnifique collection puisse s’arrêter aujourd’hui. Les menaces qui pèsent sur cette collection sont les mêmes que celles qui pèsent partout aujourd’hui sur les artistes et la culture, dans le spectacle vivant, le cinéma, les musées… : c’est une recherche toujours plus grande de la rentabilité et du profit au détriment de la pensée et de la création. Artistes et spectateur.trices, nous avons tous.tes besoin d’Avant-Scène Opéra ! »
Clément Cogitore, réalisateur, metteur en scène
« En plus des chercheurs et universitaires, L’Avant-Scène Opéra s’entoure également de collectionneurs passionnés qui ont à cœur de préserver et défendre ce patrimoine culturel européen majeur, permettant de compléter avantageusement ses publications de documents souvent inédits. L’Avant-Scène Opéra est ainsi une publication périodique complète et sérieusement documentée d’intérêt majeur pour le rayonnement de l’art lyrique européen réunissant toutes les forces vives et toutes les contributions dans le seul but de le préserver et le transmettre aux futures générations. »
Jérôme Collomb, collectionneur
« Des Troyens à Lulu, de La Clémence de Titus à Pelléas et Mélisande, comme d’Euryanthe à Manon, sans oublier Faust, Louise, Les Huguenots… la rédaction de 35 guides d’écoute (en 35 ans) m’aura fait l’effet d’une formidable école, sans autre modèle que le mystère des chefs d’œuvre, sans autre guide que son propre ressenti, sans autre maître que l’attente légitime du lecteur… En plus de 300 titres, l’ensemble du répertoire semble épuisé. Pourtant il reste à faire : de Saint-Saëns (Henri VIII) à Donizetti (Les Martyrs), de Lortzing (Zar und Zimmerman, Undine) à Massenet (Le Jongleur de Notre-Dame, Chérubin), mais aussi de Gilbet & Sullivan (Iolante, The Pirates of Penzance, HMS Pinafore, The Yeomen of the Guard), à Auber (Les Diamants de la couronne, Le Domino noir), et puis encore Chabrier (Gwendoline), Grétry (Richard Cœur de Lion, Zémire et Azor), Gluck (Iphigénie en Aulide), Enesco (Œdipe). Que sais-je ? Il reste aussi à refaire… car chaque génération révise les certitudes de la précédente : il n’y pas si longtemps, Meyerbeer était insupportable, Massenet indéfendable, Berlioz exécrable, Puccini déplorable. Qui sait si la prochaine ne vouera pas Così fan tutte… au Diable ? Il faudra alors expliquer ce qui allait de soi aujourd’hui. Actrice et témoin indispensable, l’Avant-Scène-Opéra ne peut pas devenir lettre morte. »
Gérard Condé, compositeur, auteur, critique musical
« Il n’existe pas, hélas, d’autre outil que l’Avant-Scène Opéra pour attraper en un coup d’œil cinquante ans d’histoire de la mise en scène d’opéra. C’est en considérant cette capacité des vieux numéros, que nous gardons chèrement, qu’on peut comprendre la fonction des récents et de ceux qui seraient à venir : nous permettre de lire les époques, leur discours dominant et l’image d’elles-mêmes qu’elles ont essayé de nous imposer, par la ruse et la force et inventer la suite. Sans cet outil-témoin, il va être plus difficile encore d’étayer notre pratique, aussi essentielle que dérisoire. »
Emmanuelle Cordoliani, dramaturge, metteuse en scène et pédagogue
« Depuis mes études l’Avant-Scène Opéra tient une grande place dans mon travail. La qualité des analyses des œuvres, la richesse des archives photographiques, les traductions des livrets et tant d’autres choses, en font un instrument incontournable et idéal pour la préparation de mes rôles. C’est un patrimoine culturel, la bibliothèque fondamentale de l’art lyrique qu’il m’est inconcevable de perdre. »
Stéphane Degout, artiste lyrique
« Depuis 1976, l’Avant-Scène Opéra joue un rôle majeur dans la diffusion et la connaissance du répertoire opératique que ce soit pour les mélomanes ou pour le monde professionnel. Il est un pilier dans la valorisation de notre patrimoine lyrique comme un soutien dans la création. Il œuvre également pour une approche critique de l’interprétation fondamentale dans une époque de plus en plus polarisée. »
Émilie Delorme, directrice du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
« L’Avant-Scène Opéra est un instrument incontournable à la préparation de mes rôles. Fidèle compagnon, de mes premières leçons de chant à aujourd’hui, il est gage de qualité, de transmission et témoin de notre patrimoine culturel. Amateurs, comme professionnels, nous avons besoin de cet outil collectif unique et précieux. »
Lea Desandre, artiste lyrique
« La revue l’Avant-Scène Opéra et moi sommes contemporains : nés en 1976, nous ne nous sommes jamais quittés. La chance a voulu que, depuis mon adolescence, je puisse la fréquenter grâce à mon grand-père, abonné depuis son premier numéro, nourrissant une passion grandissante pour l’art lyrique. L’ASO est un outil véritablement unique par son concept, sa qualité éditoriale et son ambition pluridisciplinaire, à même de toucher le plus vaste public, tant amateur que professionnel. Directeur général du Festival Rossini de Pesaro, j’avais souhaité que cette publication emblématique puisse rendre hommage à la célébration des quarante années d’existence de cette manifestation. Comme critique à Diapason et Opéra magazine, ou en qualité de directeur artistique du Théâtre Olympia « Maria Callas » d’Athènes, je n’ai eu de cesse de me référer à ce vade-mecum indispensable. La voir aujourd’hui susceptible de disparaître pour des raisons économiques est un crève-cœur : dans un monde où les repères s’effacent si rapidement, mobilisons-nous pour assurer une continuité à cette entreprise culturelle majeure, authentique bien commun au service de la cause de l’opéra ! »
Olivier Descotes, haut fonctionnaire, directeur d’institutions culturelles
« Lorsque nous avons appris la triste nouvelle de la disparition programmée de l’Avant-Scène Opéra, nous étions, Delphine Haidan et moi, sur la route vers l’un de nos concerts en duo. Nous nous sommes alors dit combien cela nous peinait, combien cette revue n’a cessé de jouer un rôle essentiel dans notre travail. C’est une véritable mine d’or, un outil indispensable pour préparer nos rôles : avec le livret et sa traduction, l’éclairage du contexte, le portrait des créateurs et créatrices (très révélateur sur la question des tessitures, par exemple), etc. Je me souviens d’avoir découvert émerveillée la collection à la librairie Monnier, rue de Rome, près du Conservatoire et, depuis, la revue ne m’a plus jamais quittée. J’ai été très heureuse d’apporter un éclairage sur mon expérience dans le numéro sur La donna del lago. A chaque fois que je commence une nouvelle production, j’ai le numéro correspondant avec moi, truffé d’annotations ! C’était parfois compliqué de trouver un numéro épuisé ; je n’ose imaginer ce que cela va être désormais ! Bien sûr on peut picorer sur internet, mais ça n’est pas la même chose : l’Avant-Scène Opéra réunit toutes les informations dans un même volume, sous la plume des meilleurs spécialistes, avec les témoignages d’artistes, etc. C’est un outil inestimable et irremplaçable : une Bible ! »
Karine Deshayes, artiste lyrique
« De mes premières années au conservatoire de Paris à aujourd’hui, l’Avant-Scène Opéra est un soutien merveilleux dans la préparation d’un rôle. Synthétique et extrêmement complet cependant, c’est un point de départ essentiel pour le répertoire lyrique. Longue vie Avant-Scène Opéra, qui depuis l’ombre des coulisses accompagne les artistes jusque sous les feux de la rampe ! »
Sabine Devieilhe, artiste lyrique
« L’Avant-Scène Opéra m’a d’abord accompagné dans ma découverte de l’opéra. Je l’utilise aujourd’hui pour la présentation de concerts et d’émissions. Tout, ou presque, se trouve dans l’Avant-Scène : l’histoire de l’œuvre, les circonstances de son écriture et de sa création, une présentation musicologique accessible au plus grand nombre, ainsi qu’une analyse pertinente et éclairée du livret. La rubrique “l’œuvre à l’affiche” est également passionnante. En un mot, l’Avant-Scène Opéra est devenu un précieux et indispensable outil de travail. Quelles que soient les vicissitudes économiques, j’espère qu’une solution sera trouvée pour que continue cette belle aventure. »
Jean-Michel Dhuez, journaliste, Radio Classique
« Durant les près de quinze années durant lesquelles j’ai eu l’honneur de diriger l’Avant-Scène Opéra, j’ai ressenti à chaque numéro ce frisson de l’œuvre accomplie, ce sentiment choral d’avoir apporté une pierre à ce palais de la Culture à l’intérieur duquel notre monde peut se réfugier quand les mille visages de la barbarie le menacent. Sentiment choral car, plus que toute autre, l’Avant-Scène Opéra a été une aventure plurielle, collective, avec des collaborateurs réguliers, d’autres occasionnels mais toujours des personnes qui investissaient leur passion de l’opéra avec une volonté d’élucidation de ce monde multiple et riche de mille sens. Car chaque opéra témoigne de l’époque où il est né mais aussi de notre aujourd’hui, dans les échos qu’il ne cesse de susciter. C’est pourquoi j’ai toujours cru et je crois encore que, au-delà d’une « revue », l’Avant-Scène Opéra est une indispensable encyclopédie de l’opéra en même temps qu’un témoignage de la puissance et de la pérennité de la Culture. À ma suite, Michel Pazdro, Chantal Cazaux et aujourd’hui Jules Cavalié ont su maintenir notre exigence initiale à son plus haut niveau : arrêter aujourd’hui l’Avant-Scène Opéra serait un attentat contre l’esprit. »
Alain Duault, ancien rédacteur en chef de l’Avant-Scène Opéra
« Quelle est la valeur d’un travail de passion ? De l’excellence ? C’est aujourd’hui à ces questions que le monde fou dans lequel on vit nous oblige à répondre. Veut-on juger de la qualité éditoriale d’un outil unanimement salué simplement par sa réussite mercantile ? Est-ce que la mémoire d’un art patrimonial doit ainsi disparaître ? Si ce ne sont ces passeurs d’un savoir peu répandu, mais d’un savoir exigeant, qui par leur plume, leur regard, leurs connaissances, transmettent la flamme à la génération suivante, qui le fera ?… Comme beaucoup de collègues, à de nombreuses reprises, ASO a éclairé mes recherches préliminaires à l’étude d’un rôle… Outre un bel objet et une belle collection, c’est un crève-cœur de voir que des institutions telles que celle-là puissent disparaître… »
Cyrille Dubois, artiste lyrique
« La fin annoncée de la revue l’Avant-Scène Opéra doit inquiéter par-delà les milieux de la musicologie ou des spécialistes de l’opéra. C’est tout un pan du savoir sur le spectacle et la culture que couvre cette revue irremplaçable. À mon travail de chercheur et d’enseignant passionné par le XIXe siècle, elle a offert depuis plus de vingt ans environ un apport déterminant. Comment, sans elle, étudier l’histoire des mises en scènes de Don Giovanni en France (n° 172, 1996) ? Qui pourra comprendre les grandes révolutions de la mise en scène au XIXe sans le numéro consacré à Meyerbeer (n°298, 2017) ? Le Dictionnaire Colette que j’ai dirigé avec Jacques Dupont (2018, 100 collaborateurs sur trois continents), n’aurait pu se passer des deux numéros consacrés à L’Enfant et les sortilèges (n° 127, 1990 et n° 299, 2017). Par sa rubrique comptes rendus, la revue permet de donner écho à des travaux récents qui parviennent, par son biais, à la connaissance de milieux culturels imprévus. L’Avant-Scène Opéra offre à la transdisciplinarité – terme si souvent galvaudé – son meilleur exemple en acte. Elle doit survivre à son éditeur actuel. »
Guy Ducrey, professeur des Universités
« Nos collègues du monde entier nous envient, rêvant qu’il existe dans leur langue une publication d’une telle qualité et qui ne connait aucun équivalent dans sa spécialisation, son expertise et ce degré de profondeur dans l’analyse appliquée à chaque titre. L’Avant-Scène Opéra n’est d’ailleurs pas qu’un outil réservé aux professionnels : la transversalité des études dont elle regorge (historique, psychologique, littéraire, picturale) constitue aussi une indispensable aide à l’accessibilisation et la popularisation du genre opéra vis-à-vis de son public, à l’heure où son renouvellement n’a de cesse d’être questionné par nos tutelles. Tuer l’Avant-Scène c’est donc aussi porter un coup au monde lyrique francophone tout entier alors que cette revue contribue à créer des liens de sens entre les œuvres du répertoire et la société dans laquelle prend place le spectacle vivant. »
Pierre Dumoussaud, chef d’orchestre
« Il faut sauver l’Avant-Scène Opéra ! Remarquable revue à la tranche noire et blanche qui occupe les rayons des bibliothèques des opéras et des festivals de France et d’Europe, celles des conservatoires et celles des mélomanes, opéraphiles, passionnés. Source, ressource, clef, historiques des versions, analyses et contrepoints : tout l’opéra s’y trouve ! De Monteverdi à Dallapiccola, de Purcell à Benjamin. Par la qualité de ses contributions, de ses éclairages l’Avant-Scène Opéra a accompagné tant de professionnels, d’artistes, de lecteurs. Il faut sauver l’Avant-Scène Opéra ! »
Chrysoline Dupont, directrice de production du Théâtre National de l’Opéra-Comique, directrice désignée de l’Opéra National du Rhin
« Depuis sa création en 1976, l’Avant-Scène Opéra nous a nourris avec constance et intelligence de cette belle invention née dans l’Europe de la Renaissance d’un spectacle vivant, total, où se réunissent si heureusement théâtre, musique, danse, décors, machineries, mises en scène… Toujours inventive, toujours stimulante, regard éclairé sur ce répertoire, sur les choix interprétatifs les plus divers, cette revue ne peut évidemment pas disparaître. »
Jean Duron, musicologue
« Il est profondément regrettable d’apprendre que l’Avant-Scène Opéra est menacée de disparition. Cette revue constitue depuis des décennies une ressource inestimable pour les amateurs d’art lyrique et les professionnels. Sa disparition signifierait une perte immense pour la vivacité de notre patrimoine culturel et sa transmission. Dans une société prise de vertiges face à de nombreux défis, où l’art lyrique n’est pas épargné, l’Avant-Scène Opéra constitue pour nous tous une ressource documentaire et intellectuelle nécessaire. »
Matthieu Dussouillez, directeur général de l’Opéra de Lorraine
« Se saisir d’une œuvre à bras-le-corps, nous guider – quel que soit notre « niveau » – dans les arcanes de sa construction dramaturgique, de son langage musical et du traitement de sa vocalité, l’envisager ensuite selon divers angles d’attaque (historique, littéraire, culturel, scénique, dramaturgique, économique, etc.), tel était le noble projet de l’Avant-Scène Opéra, afin d’éclairer le professionnel (chef d’orchestre, chanteur, interprète, metteur en scène, chercheur, enseignant) comme l’amateur ou le passionné d’opéra, de musique, de spectacle vivant, le néophyte curieux, avide d’art et de culture, l’étudiante et l’étudiant d’école de musique, de conservatoire ou d’université. Mieux (se) préparer, en amont, (à) un spectacle – que l’on se situe du côté des faiseurs et faiseuses de spectacle, ou bien de celui du public –, prendre le temps d’y revenir à sa guise, en aval, en dégustant, avec gourmandise, les divers éclairages apportés par les historiens, les musicologues, les musiciens, les chercheurs et chercheuses, les hommes et femmes de lettres, les professionnels de la scène, tel est le noble projet de l’Avant-Scène Opéra. Pour aller plus loin. Toujours. S’ouvrir tout à la fois, avec exigence et passion, à la tradition de notre bien commun que représente le « grand répertoire », aux œuvres délaissées ou méconnues à (re)découvrir, mais aussi aux créations contemporaines – prouvant, s’il en était besoin, combien l’opéra reste en prise directe avec notre monde d’aujourd’hui et ses questionnements les plus brûlants et plus actuels –, pour élever l’être humain vers la beauté, le savoir, l’enrichissement artistique et culturel, tel sera, encore et toujours, le noble projet humaniste de l’Avant-Scène Opéra. Car, tel un Phénix, la revue ne peut que renaître de ses cendres. Immédiatement. Urgemment. Pour que le monde toujours plus complexe qui nous entoure continue à faire sens. »
Stéphan Etcharry, musicologue, maître de conférences
« On lui commanda un opéra sur la fin d’une revue importante consacrée à l’opéra, mais le compositeur se rendit compte que personne n’aurait compris son œuvre parce qu’il n’existait plus de revue qui expliquerait au public ce qu’était un opéra. Il cessa d’y penser ; désormais il voyait son histoire, ses racines et peut-être aussi lui-même comme un embarras inutile. Il laissa chatGPT répondre aux commanditaires de la façon la plus appropriée et se mit devant son écran avec une gigantesque chope de Pepsi. Par chance ce soir-là, il y avait le Super Bowl. »
Francesco Filidei, compositeur
« L’Avant-Scène Opéra est la bible de tout amateur d’opéra, un outil incomparable sur le livret, la partition, les interprètes, les grandes productions, la discographie ! Dès l’âge de 18 ans, c’est ce qui m’a permis de découvrir en profondeur des œuvres, de les apprendre, de les comprendre. Que cette revue puisse disparaître me semble impossible : pour démocratiser l’opéra il faut en donner toutes les clés de compréhension au public. L’Avant-Scène Opéra n’est pas une clé, elle est un passe partout universel. »
Michel Franck, directeur général du Théâtre des Champs-Élysées
« La collection l’Avant-scène opéra est essentielle et ne doit pas être arrêtée !
Elle m’a permis de comprendre l’opéra (le remarquable numéro « l’opéra mode d’emploi ») alors que personne autour de moi n’était familier avec cet art, et que rien socialement ne m’y prédisposait ; et de plonger dans les profondeurs de plusieurs œuvres qui m’ont bouleversée. Elle m’a accompagnée comme novice autrefois et elle m’accompagne comme passionnée d’opéra aujourd’hui. Et pour tous les professionnels du spectacle vivant elle est tout simplement indispensable ! »
Bethânia Gaschet, co-directrice du département concerts et spectacles à la Philharmonie de Paris
« L’Avant-Scène Opéra a instruit plusieurs générations de mélomanes et de musiciens en leur faisant mieux connaître non seulement les grands chefs-d’œuvre du répertoire, mais également des ouvrages plus rares, pour lesquels ces publications étaient souvent la seule et précieuse référence bibliographique. Avec cette collection, c’est une remarquable encyclopédie que je vois disparaître avec un profond regret. Je souhaite apporter mon soutien à toutes celles et ceux qui s’engagent pour qu’elle perdure. »
Christophe Ghristi, directeur artistique de l’Opéra national du Capitole
« L’Avant-Scène Opéra est absolument nécessaire pour notre métier. C’est une source complète, informée et de qualité qui ne saurait disparaître ainsi. C’est tout simplement une référence que beaucoup de pays nous envient. »
Romain Gilbert, metteur en scène
« Que l’on soit amateur (au sens d’aimer) ou professionnel (on peut d’ailleurs être les deux en même temps…), L’ASO est notre référence absolue depuis de très longues années. Je ne reviendrai pas sur les multiples informations essentielles ni sur la qualité des analyses qui nous sont offertes : tout ceci est connu, reconnu et admiré. À titre personnel, je souhaiterais mettre l’accent sur la richesse iconographique de la revue qui nous permet de découvrir ou retrouver des artistes ou des productions légendaires, stimulant ainsi notre imagination en mettant visages ou décors sur des rôles ou des scènes que nous croyions connaître. Merci de nous offrir de si belles façons de rêver. »
Jean-Louis Grinda, directeur des Chorégies d’Orange
« Lorsque Louise Moaty a monté Rinaldo au théâtre de Prague (Narodni Divadlo) en 2009 (reprise en 2010, 2012, 2014), elle m’a demandé de l’assister à la mise en scène. L’œuvre était belle, grande, difficile, nous partions à la rencontre d’une distribution qui allait découvrir la gestuelle baroque… La tâche me semblait immense. Penser l’œuvre dans toutes ces dimensions esthétiques et les déplier en répétition, pour éclairer la lecture que proposait Louise. Dans ce voyage à Prague, je n’avais emmené avec moi que deux livres : la Jérusalem Délivrée du Tasse et le n°72 de l’Avant-Scène Opéra consacré à Rinaldo. J’y trouvais le texte du livret tout entier, et aussi les textes de Martinoty, de Malgoire, si éclairants. En condensé, et sur quelques pages cruciales pour moi, dans les recherches sur le sens d’une dramaturgie d’opéra, je voyais s’éclairer les questions liées à la scène, notamment dans le rapport du texte/musique à la scénographie, les enjeux de ce rapport, les difficultés que cela pose. Les mots de Malgoire éclairaient le travail sur les sources dans la réactivation baroque de cette partition. Ils m’ont nourrie et m’ont permis de saisir les discussions que nous aurions quelques semaines plus tard avec Václav Luks, le chef, Pablo Kornfeld, au clavecin, pour le travail de la basse continue. L’Avant-Scène Opéra comme un viatique pour tous ceux et celles qui font profession de se tenir entre musique, texte et scène, entre l’écrit et le joué, ressource inestimable, nécessaire et bénéfique ! L’aventure de la revue s’est poursuivie, bien après ce numéro datant de 1985. Et c’est heureux pour tous les spectacles que ces livraisons de la revue ont inspirés, préparés,… Que l’aventure continue, pour tous les spectacles à venir ! »
Julia Gros de Gasquet, universitaire
« La disparition de la presse musicale, à l’instar de l’Avant-Scène Opéra, nous prive d’un miroir essentiel de notre mémoire culturelle, tout comme Le Ménestrel au XIXe siècle. Ces revues, témoins indispensables de la vie artistique, alimentaient le dialogue, nourrissaient la réflexion et laissaient un héritage des œuvres passées et présentes. Aujourd’hui, sans ces espaces d’expression, comment garantir que les générations futures héritent de cette richesse culturelle, ce fil conducteur entre le passé et l’avenir de la création musicale ? Il est crucial de préserver ces voix qui, plus que jamais, ont vocation à relier l’histoire aux nouvelles générations. »
Sébastien Guèze, artiste lyrique
« À une époque où l’importance de la culture s’érode plus rapidement que jamais, l’Avant-Scène Opéra représente le meilleur de ce que nous risquons de perdre. J’ai acquis plusieurs de leurs publications parce qu’elles sont très sérieuses et qu’elles couvrent absolument tout le répertoire. Un opéra de Dallapicolla sur un livre de Saint-Exupéry ! Comme pour tant d’autres, l’Avant-Scène Opéra est pour moi une ressource, une référence, un guide et un compagnon qui nous ouvre les yeux, les oreilles et l’esprit aux possibilités infinies de cette forme d’art la plus humaine et la plus actuelle qui soit. »
Daniel Harding, chef d’orchestre
« L’an prochain l’Avant-Scène Opéra fêtera son demi-siècle d’existence. Je ne veux pas me résoudre à écrire « aurait dû fêter », tant la disparition de cette revue me parait inconcevable. Elle est indispensable à notre vie musicale, aux professionnels comme aux amateurs d’art lyrique. Elle l’était pour moi dès 1976 et elle l’est restée. Tout doit être fait pour que le numéro consacré à Giuditta de Franz Lehar ne soit pas le dernier. Et tout doit être fait pour sauver Classica et Pianiste, autres fleurons menacés de la presse musicale française. »
Philippe Hersant, compositeur
« Depuis des années, et de manière exemplaire, l’Avant-Scène Opéra permet de fédérer des domaines de compétence qui sont d’habitude trop souvent séparés : la musicologie, la critique, l’histoire de l’interprétation et l’histoire des sociétés. La qualité de ses publications permet tout autant aux amateurs d’opéra qu’aux chercheurs, de faire vivre un répertoire de plus de quatre siècles d’histoire. Les nombreux numéros consacrés aux créations récentes ont montré combien ce prestigieux héritage se renouvelle avec vitalité et mérite d’être analysé pour entrer dans l’histoire. Aujourd’hui plus que jamais, le monde de l’opéra a besoin de l’Avant-Scène. »
Emmanuel Hondré, directeur général de l’Opéra National de Bordeaux
« Pour de nombreux metteurs en scène dont je suis, les numéros de l’Avant-Scène Opéra sont un outil précieux en période de création, et en période plus calme, ils sont tremplins à la rêverie, aux désirs et à la découverte des œuvres. Apprendre que cette institution va disparaître est une nouvelle aussi insensée que désolante. »
Christophe Honoré, cinéaste, écrivain et metteur en scène
« L’opéra : un art magnifique et complexe, mais qui s’offre volontiers à qui veut bien faire le (tout petit) effort de s’y préparer… Un outil ESSENTIEL, IRREMPLACABLE, nous y aidait : l’Avant-Scène Opéra. Mais voilà. Notre époque n’y peut rien, sans doute. Elle plonge chaque jour un peu plus loin dans la paresse intellectuelle, et n’accorde son petit reste d’attention qu’à l’avidité, la rentabilité, l’enrichissement du portefeuille plutôt que du cerveau. Sommes-nous dorénavant condamnés à écouter la « belle musique » comme dans une salle d’attente, en fond sonore, sans clés pour la comprendre ? Et nous, les chanteurs ? Sans clés, que devenons-nous ? Des idiots. Des idiots avec de jolies voix peut-être, mais des idiots quand même. Ou en tout cas des ignorants. Mais ça ne dérangera pas les spectateurs me répondrez-vous, puisqu’ils seront devenus ignorants eux aussi… Deux solutions : 1/ accepter la situation et tenter de lutter contre le « bas de gamme » ambiant en écumant les bouquinistes pour y dénicher tous les anciens numéros de l’Avant-Scène Opéra ; 2/ tenter de toutes nos forces de faire renaître cette indispensable publication. »
Marie Kalinine, artiste lyrique
« Je n’imagine pas de me passer de l’Avant-Scène Opéra qui est un outil de travail de tous les jours dans nos maisons. Autant comme directeur que pour les services de communications. »
Loïc Lachenal, directeur Opéra de Rouen-Normandie
« J’apprends que, suite à un changement d’éditeur, la revue l’Avant-Scène Opéra va cesser son activité. Je voudrais témoigner en quelques mots de mon étonnement, de mon incompréhension et, surtout, de mon attachement à cette revue. Depuis près de cinquante ans, la revue présente un panorama de la production lyrique en offrant aux amateurs un discours accessible, combinant à la fois un guide d’écoute et des approches thématiques riches et variées. Son lectorat mêle mélomanes, musiciens professionnels, musicologues et étudiants. Cet équilibre très rare, son sérieux, son accessibilité et sa régularité en font une publication reconnue dans le monde musical français et étranger. La revue est probablement d’ailleurs, par sa forme et son fond, sans équivalent au monde. Je ne puis donc que m’attrister et même m’indigner de sa disparition, tout en espérant qu’il n’en sera finalement rien et que ce fleuron de l’édition française, touchant la musique et les arts du spectacle, trouvera un nouvel élan. »
Hervé Lacombe, professeur des Universités, membre senior de l’Institut universitaire de France, membre de l’Academia Europeae
« Phénomène unique au monde qu’aucune revue étrangère n’a réussi à copier, jonglant avec habileté entre élitisme et vulgarisation, l’ASO a, depuis près d’un demi-siècle, gardé le cap malgré les tempêtes, les difficultés économiques, le sur-titrage dans les théâtres et la rivalité du numérique qui auraient pu banaliser son propos. Avec les mètres linéaires occupés par ses quelque 345 numéros, c’est sans nul doute le plus volumineux des ouvrages jamais consacrés à l’opéra ! Et le plus utile, à l’amateur comme au professionnel. En arrêter brutalement la publication serait beaucoup plus qu’une erreur : une faute ! »
Alain Lanceron, président Warner Classics & Erato
« J’ai eu l’occasion de collaborer avec cette magnifique revue (traduction du livret de l’Orlando furioso de Vivaldi). Cette revue est un modèle du genre que je recommande régulièrement à mes étudiants. Sa disparition serait une catastrophe ! »
Jean-François Lattarico, professeur des Universités
« Dans mon travail de metteur en scène, l’Avant-Scène Opéra est une clef extrêmement précieuse pour étudier et comprendre une œuvre lyrique. Il n’y a pas une production, que ce soit une œuvre connue ou moins connue, où elle ne m’ait été utile, dans tous ses aspects : livret, iconographie et analyses. J’espère vivement que les moyens seront trouvés pour que cette revue continue à être cette entreprise de mémoire de la scène lyrique tournée vers l’avenir et la création. »
Benjamin Lazar, metteur en scène
« Bien sûr je soutiens ceux qui veulent que l’Avant-Scène continue : c’est effectivement un outil plus qu’utile et en même temps une mémoire, qui s’adressent aussi bien à ceux qui travaillent dans le domaine de l’opéra qu’à ceux qui s’y intéressent « de l’extérieur ». On dirait, par les temps qui courent, que tout est fait pour mettre à mal tout ce qui concourt à nous rendre plus intelligents, à augmenter la connaissance, à faire vivre l’art et la culture, tout cela n’étant pas nécessaire à ceux qui n’utilisent le monde que pour augmenter leur pouvoir et leur richesse… »
Vincent Le Texier, artiste lyrique
« L’Avant-Scène Opéra is the world’s main window on opera in the French language. It is highly regarded and closely read wherever opera is performed in the world. Shutting down the magazine will not only harm an important artform. It will also damage the standing of French lyric arts in the world. »
Norman Lebrecht, écrivain et critique d’art
« L’Avant-Scène Opéra a accompagné toute ma vie de musicologue. Adolescente lyricomane, j’ai acheté les tout premiers numéros. Étudiante puis chercheuse, j’y ai puisé de nombreuses ressources. Enseignante, je l’ai mise en bonne place dans mes bibliographies. Universitaire, j’ai contribué à une dizaine de numéros, saisissant avec bonheur cette chance de m’adresser non seulement au milieu académique, mais aussi aux artistes et aux mélomanes. L’organisation des numéros, autour d’une édition soigneuse du livret et d’une analyse complète de l’œuvre, propose un guide d’écoute, des informations nécessaires pour replacer l’opéra en son contexte, et des articles de l’ordre de l’essai, offrant des lectures très diverses. Les annexes, notamment discographiques et vidéographiques, représentent enfin des sources précieuses. Chaque numéro est à la fois intemporel, utile quelle que soit la date d’édition, et bien ancré dans les questionnements de l’époque de rédaction. L’impressionnant corpus accumulé est donc aussi une histoire de l’amour de l’opéra depuis un demi-siècle. Le 7 février, j’ai interrompu un article sur la réception de Gluck pour l’ASO et je l’ai rangé tristement dans un tiroir. Aujourd’hui, j’ai la ferme conviction que l’Avant-Scène Opéra continuera à vivre, car cette publication nous est essentielle. »
Raphaëlle Legrand, professeure de musicologie, Sorbonne Université
« L’Avant-Scène Opéra est un compagnon indispensable pour tous les passionnés d’opéra, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Cette revue m’accompagne depuis mon adolescence genevoise et ne m’a plus quittée jusqu’à ce jour, à la tête de l’Opéra national des Pays-Bas. Son contenu unique, grâce au travail remarquable des éditorialistes, représente des connaissances accumulées qui jouent un rôle clé dans l’évolution de cette forme d’art. Pensons aux générations futures et faisons tout ce que nous pouvons pour sauvegarder ce guide merveilleux. »
Sophie de Lint, directrice de l’Opéra national des Pays-Bas
« L’Avant-Scène Opéra est une revue essentielle. Elle fait partie intégrante du monde de l’opéra, de notre patrimoine. Depuis toujours je la consulte soit par curiosité soit pour des raisons professionnelles, y puisant des informations fondamentales pour l’appréhension des œuvres, tant d’un point de vue musicologique qu’historique. Si cette revue est amenée à disparaître parce que la seule raison qui vaille est la rentabilité, alors le libéralisme sauvage est en marche ici aussi. Car on ne peut pas imaginer qu’elle mette en péril l’économie d’une entreprise. C’est le sujet du Requiem de Mozart mis en scène par Roméo Castellucci : les choses disparaissent parce qu’on les abandonne. On est prêt à sacrifier, à jeter… alors que l’Avant-Scène devrait être considérée comme une fierté pour une maison d’édition, participant à l’aura de son catalogue. »
Stéphane Lissner, surintendant et directeur artistique du Théâtre San Carlo de Naples, ancien directeur de l’Opéra national de Paris
« Ça fera sans doute moins d’autodafés et on trouvera bien un ou deux prompts à se mettre sous la dent, mais tout de même, que vaut une culture qui admire l’intelligence des machines et abandonne ses livres ? L’Avant-Scène est une figure de proue des médiations qui honorent l’art lyrique : en prononçant l’arrêt de cette formidable revue, c’est toute la tradition opératique et son devenir qu’on attaque. »
Othman Louati, compositeur
« Si l’Avant-Scène Opéra devait disparaître, c’est un symbole de toute une époque de la culture française qui s’éteindrait, et pas seulement de la culture musicale. Il ne s’agit pas seulement de préserver ce symbole, mais aussi de rappeler aux gens leur responsabilité : réintégrer davantage la confrontation avec l’art lyrique dans leur vie. Si l’Avant-Scène meurt, alors c’est aussi un peu de la dignité humaine qui s’éteint… »
Christof Loy, metteur en scène
« Fidèle lecteur depuis mon plus jeune âge, j’ai préparé tous mes spectacles lyriques grâce aux numéros de l’Avant-Scène Opéra, dont j’ai même été un temps collaborateur en qualité de traducteur, à l’époque de son fondateur, Michel Pazdro. Sa cessation à paraître est une perte irremplaçable ! »
Claudio Mancini, traducteur
« This a note to communicate our heartfelt regret to learn of the cessation of publication of l’Avant-Scène Opéra. These edition have been a beacon in our sector for almost fifty years, as a source of knowledge, inspiration, context, analysis, provocation and reference for all, from leading practitioners through to people just beginning their operatic journey, and of course for institutions as much as individuals. The editorial standard has been maintained at the highest level, and the loss of a company so dedicated to profound analysis in a highly specialised field is to be deeply lamented. I hope that there can be a way of surviving the threat to the company’s continued activity. »
Joan Matabosch, directeur artistique du Teatro Real de Madrid
« Cette nouvelle me désole car l’Avant-Scène Opéra a été et continue d’être un outil fabuleux pour tous les professionnels et amateurs du secteur. Aussi bien pour se plonger dans une œuvre que l’on découvre pour la première fois que pour aller plus loin dans l’analyse de la partition ou des contextes de sa création. Faire disparaître l’Avant-Scène Opéra, c’est priver en particulier la jeune génération de chanteurs, chefs, metteurs en scène et auditeurs d’un contenu musicologique et analytique sérieux et rigoureux, ce qu’il est très difficile de trouver ailleurs et en particulier en ligne… »
Marc Mauillon, artiste lyrique
« Pour tout professionnel de l’opéra, comprendre une œuvre lyrique demande un travail de préparation méticuleux, en plusieurs étapes : la lecture du livret – le cas échéant avec sa traduction fidèle en vis-à-vis –, la lecture de la partition, l’écoute de la musique (si un enregistrement est disponible)… pour ne citer que les éléments les plus évidents. Dans cette préparation, l’ASO est bien plus qu’un outil de travail. Il s’agit d’un guide fiable, d’un compagnon de route. Outre les professionnels du milieu lyrique, l’ASO accompagne également les mélomanes et autres auditeurs curieux dans leur soif de découverte, dans leur volonté d’aller toujours plus loin dans l’exploration des œuvres du répertoire et leurs enjeux. En cela, l’ASO joue un rôle déterminant dans l’instruction du public et dans l’épanouissement de son esprit critique. Un spectateur informé appréhende une production avec un regard différent. Cet engagement et cette curiosité sont précieux. Ils transforment le simple consommateur en une partie prenante de la représentation. Cette dernière, en plus de favoriser le partage d’émotions, devient ainsi un prétexte à l’apprentissage de nouvelles choses. »
Marie Mergeay, Sébastien Herbecq, Lalina Goddard et le service Dramaturgie de La Monnaie / De Munt, Bruxelles
« Toute personne qui a, de près ou de loin, un lien avec l’univers de l’opéra, connaît et admire l’Avant-Scène Opéra. Plus qu’une revue, c’est une collection de référence, qui a su évoluer et se réinventer depuis bientôt cinquante ans. J’y ai construit ma culture lyrique, j’y ai fait mes débuts professionnels de chroniqueur musical, j’en ai été partie prenante et j’ai continué à suivre son aventure comme un triomphe de l’intelligence et de la passion. Chefs d’orchestre, metteurs en scène, chanteurs, simples amoureux d’opéra, tous se sont nourris à cette source mettant à égalité plaisir, savoir et perfectionnisme. Et c’est, depuis des générations, un vivier pour les auteurs, chercheurs, universitaires, qui y trouvent une tribune pour nourrir notre approche d’un art vivant. Je ne peux tout simplement pas imaginer un monde sans l’Avant-Scène Opéra. »
Christian Merlin, critique musical au Figaro, producteur à France Musique
« Plutôt qu’une disparition, j’attendais la nouvelle d’une traduction en anglais, en italien, en allemand. Car il n’existe nulle part d’équivalent à l’Avant-Scène Opéra. Je ne voudrais pas m’exprimer à la place de mes consœurs et confrères mais quel chef, quel chanteur et quel metteur en scène n’a pas pour premier réflexe, sitôt qu’un titre se profile, d’ouvrir l’Avant-Scène ? Quoi qu’on cherche, la réponse est dedans, à la fois singulière car les signatures y ont toujours été très personnelles, et savante car il ne s’agit pas de « presse » mais d’édition. Vingt ans après, chaque numéro garde son actualité. Et le miracle est qu’un amateur trouvera dans ces volumes accessibles et « légers » (en poids, non en contenu !) de quoi éclairer son écoute comme le professionnel son travail. Un cas unique. Un essentiel dont je n’imagine pas devoir me dispenser. »
Marc Minkowski, chef d’orchestre
Je tiens à exprimer mon soutien à l’Avant-Scène Opéra. Depuis sa création, cette revue joue un rôle essentiel de passeur auprès du public et contribue à rendre l’art lyrique toujours plus vivant.
L’Avant-Scène Opéra se distingue par la profondeur et la rigueur de ses analyses, fruit d’une grande tradition journalistique et d’une connaissance approfondie du répertoire. Ses dossiers d’une grande richesse, ses discographies comparées exhaustives et ses critiques de spectacles ont su éveiller la curiosité et nourrir la passion des mélomanes français depuis des générations.
La disparition de l’Avant-Scène Opéra laisserait un vide irremplaçable dans notre paysage culturel. Sa voix est indispensable pour la vitalité de notre activité.
Alexander Neef, Directeur Général de l’Opéra national de Paris
« L’Avant-Scène Opéra est unique en ce que ses volumes sont d’un usage indispensable aussi bien pour les amateurs d’opéra que pour les enseignants, les étudiants, les chercheurs, les musiciens et les metteurs en scène. Il reste beaucoup d’opéras à traiter et beaucoup de numéros à mettre à jour. La disparition de l’Avant-Scène serait une grande perte pour beaucoup de monde, dans l’espace francophone et au-delà. »
Michel Noiray, directeur de recherche honoraire au CNRS
« Artiste lyrique et professeur de chant, cela fait près d’un demi-siècle que l’Avant-Scène Opéra accompagne étroitement mes études, mes recherches, ma carrière et mon enseignement. Concernant certains points spécifiques et certaines œuvres en particulier il constitue même l’unique et indispensable référence sérieuse. Accepter sa disparition, c’est offenser et spolier le domaine entier de l’art lyrique, l’ensemble de ses interprètes et artisans, mais aussi tout son public. Il me semble inconcevable de s’y résigner ! »
Daniel Ottevaere, artiste lyrique et professeur de chant
« Je me permets de vous envoyer tout mon soutient pour la suite de l’Avant-Scène Opéra. Votre revue est pour moi d’une grande richesse. Non-voyant, j’achète les pdf, mon Papa m’enregistrant les traductions des opéras à partir de votre revue, car les tableaux ne sont pas toujours bien lisibles avec les lecteurs d’écran et pour le reste j’utilise ma synthèse vocale ainsi que mon afficheur braille. Afin de dévorer les articles de fonds ainsi que les discographies et vidéographies. Votre revue est également une des rares dont les pdf sont accessible pour les déficients visuels, là où d’autres revues de musique classique ne le sont pas. Bref un immense merci à l’Avant-Scène Opéra. »
Antoine Pagnier, directeur du label Les Belles Écouteuses
« L’Avant-Scène Opéra est un outil unique. Elle synthétise une grande partie des informations contenues dans la partition tout en documentant sur l’histoire de la création de l’œuvre et de son interprétation. Cette somme d’informations est colossale, l’existence de l’Avant-Scène Opéra permet leur transmission immédiate à tous les membres d’une production d’opéra : chanteurs, metteurs en scène, chefs d’orchestre, éclairagistes, vidéastes, costumiers, scénographes… Chacun y trouve les informations nécessaires pour démarrer son travail. L’Avant-Scène permet donc un gain de temps extraordinaire, et occupe une place particulière dans l’économie serrée du monde de l’opéra. Sans elle les temps de préparation seraient plus longs et plus coûteux. Son existence a joué un rôle majeur dans la création des compagnies dédiées au spectacle lyrique comme Le Balcon. Elle est utilisée par l’ensemble de nos membres pour chacune de nos productions, et ce depuis notre premier opéra : Ariane à Naxos de Richard Strauss. Je ne compte plus les metteurs en scènes à qui j’ai fait découvrir l’Avant-Scène Opéra à travers le monde et qui l’utilisent quelle que soit leur langue. Je ferai tout ce qui est possible pour sauvegarder cet outil nécessaire et vital. »
Maxime Pascal, directeur artistique, Le Balcon
« L’Avant-Scène Opéra ne peut pas disparaître. Je suis de tout cœur avec sa jeune équipe, et profondément ému par ce formidable élan de soutien des professionnels de l’opéra. Cette Tribune enthousiaste sera une source d’énergie pour ceux qui vont continuer la revue. Elle réveille en moi une histoire de 40 ans passés au service de son édition. J’ai rejoint la rédaction de l’ASO (créée en 1976 dans le sillage du succès de l’Avant-Scène Théâtre et de l’Avant-Scène Cinéma) en 1980. Les trois revues sœurs ont traversé deux moments difficiles, liés aux changements de propriétaire survenus en 1984 et 1986, et qui ont fragilisé les trois titres. Elles se séparent lors de la mise en vente isolée de l’Avant-Scène Opéra en 1989. Avec 26 associés, auteurs de la revue, et avec le soutien de ma première femme, qui n’est plus, je crée la SARL Premières Loges afin de réunir des fonds, racheter le titre et continuer la collection, qui en est alors à son n°123. J’assure la gestion et la direction de la rédaction pendant 30 ans, grâce au soutien de mes associés, aux lecteurs et abonnés fidèles, à des auteurs passionnés et à une petite équipe compétente et dévouée. Le mécénat de la Fondation France Télécom, devenue Orange, nous accompagne aussi pendant 12 ans. En 2019, la vente de Premières Loges au groupe Humensis permet de sécuriser son activité puis nous sauve du Covid-19, qui menace économiquement toute l’industrie culturelle pendant deux ans. Or désormais son nouvel actionnaire regarde le titre davantage comme une colonne de chiffres passés au rouge, conduisant à la brutale décision d’arrêter la revue. Mais le rouge passe toujours au vert. J’y crois fermement. »
Michel Pazdro, fondateur des éditions Premières Loges, gérant et directeur de la rédaction de 1989 à 2019.
« Je joins ma voix à celles qui déplorent l’arrêt de l’ASO. Son utilité n’est plus à démontrer : les témoignages nombreux en attestent, par la diversité des métiers qu’ils représentent et par l’émotion qui les traverse. J’ai une pensée toute particulière pour l’équipe qui tient la barre dans la tempête. La façon dont sont balayés les savoirs et les savoir-faire est un des symptômes d’un capitalisme vorace dans sa course folle à une rentabilité toujours plus grande ! On sait le désastre environnemental que cela produit. La culture, réduite au rang de produit, ne fait pas exception ! »
Sylvie Pébrier, musicologue, enseignante au CNSMDP
« Depuis aussi longtemps que la revue existe et que je fais des décors d’opéra, de L’Italienne à Alger en 1968 à Don Carlos en 2022, je consulte et travaille en permanence avec l’Avant-Scène Opéra rivée à ma table à dessin. Je ne cesse de la consulter de lire et de relire les textes précieux qui m’ont souvent provoqué de nouveaux élans, donné de nouvelles idées. Parfois apporté des solutions à des problèmes que je n’arrivais pas à résoudre. Savoir que cette revue pouvait disparaitre n’est pas pensable. C’est un peu comme si l’on me demandait d’oublier mes idées, mes crayons, mes couleurs et mes lumières, mais pourtant de continuer à inventer de nouveaux décors. Impossible et donc très triste, un peu comme faire le deuil d’un outil fondamental. Avec mes sentiments les meilleurs. Les plus admiratifs. »
Richard Peduzzi, scénographe
« L’Avant-Scène Opéra a toujours été une référence incontournable, offrant une analyse approfondie et une richesse d’informations qui nourrissent ma compréhension de l’art lyrique sous ses multiples formes. Que ce soit pour la mise en scène, la direction d’acteurs, ou l’analyse des œuvres et des productions, chaque numéro de la revue m’a permis d’élargir mes horizons et d’approfondir mes connaissances. Dans le cadre de ma thèse, qui a porté sur l’évolution de la mise en scène opératique, j’ai fréquemment puisé dans les articles de l’Avant-Scène Opéra pour étayer mes arguments et pour mieux comprendre les enjeux contemporains de l’opéra. La revue représente un outil irremplaçable pour toute personne engagée dans l’étude ou la pratique de cet art si complexe et exigeant. Sa disparition serait une perte immense, non seulement pour les artistes et chercheurs comme moi, mais aussi pour tous ceux qui, à travers le monde, s’intéressent à l’évolution de l’opéra et de sa scène. C’est pourquoi je me joins à cet appel et soutiens activement la défense de l’Avant-Scène Opéra. Il est encore temps de sauver cette revue essentielle pour notre discipline. Je vous encourage vivement à témoigner de l’importance de cette publication dans vos propres pratiques et recherches. »
Sofija Perovic, metteuse en scène, claveciniste et docteure en études théâtrales
« Depuis presque 50 ans, l’Avant-Scène Opéra est une brillante version papier de l’ ʺexception culturelle françaiseʺ : dans nulle autre langue n’existe une telle collection consacrée aux opéras de toutes les époques, contrées et esthétiques. Ouvrages de références, ses presque 350 numéros s’adressent à toutes les personnes curieuses de culture, aux mélomanes débutants ou chevronnés, aux artistes qui préparent leurs spectacles, aux dramaturges, aux chargé.e.s de communication, aux technicien.ne.s du spectacle vivant, aux enseignant.e.s comme à leurs étudiant.e.s… Quiconque a un jour rencontré l’Avant-Scène Opéra ne peut plus s’en passer : depuis l’âge de 11 ans, je dévore ses volumes ; plus tard j’ai eu l’immense bonheur d’écrire dans certains d’entre eux ; aujourd’hui, en tant que directeur d’opéra, je continue de les consulter à un rythme presque quotidien. En ces temps de perte de sens et de délitement du lien social, l’Avant-Scène Opéra ne peut pas mourir car elle est, comme l’art lyrique, d’utilité publique. »
Alain Perroux, directeur général de l’Opéra national du Rhin
« Avant-Scène Opéra, toi posé sur ma table de chevet, témoin de tous ceux qui ont chanté, tous ceux qui chantent ; abécédaire du comment et du pourquoi sur l’écriture de nos grands compositeurs ; toi qui dors et qui vis dans ma bibliothèque depuis tant d’années ; toi notre mémoire collective ! Y aurait-il un Deus ex machina qui pourrait te sauver de cette noyade forcée ? de cette fossilisation… »
Patricia Petibon, artiste lyrique
« J’apprends la nouvelle alors qu’il est devant mes yeux, ouvert à la page 50 sur la table de la bibliothèque. Il ? Mon Avant-Scène Opéra sur Alceste de Gluck. Je rédige mon travail de fin d’étude, un master en opéra à l’Institut für Musiktheater de Karlsruhe, et je me sens hautement privilégiée de l’avoir, lui qui reste sans équivalent en langue étrangère. J’ai découvert cet outil précieux, source intarissable de connaissances, au cours de mes études. Les exemplaires, achetés neufs ou d’occasion, ont tous fini bien plastifiés et/ou remis en état, dans un coin de ma bibliothèque – c’est dire que je les chéris. Ils ont bien voyagé, aussi. Et cette collection pourrait disparaître ? Quelle nouvelle décourageante ! Ce monde qui souffre tellement d’être devenu anonyme, inhumain, aurait pourtant bien besoin de lire un Avant-Scène sur Tannhäuser, Lohengrin ou encore sur le Ring, lire sur Wagner, lui qui a vu la révolution industrielle et exprimé ses craintes d’un monde où les êtres humains se couperaient de leur sensibilité et de leurs émotions, et par conséquence les uns des autres… Ou un numéro sur le Consul de Menotti, que j’attendais… Oh oui… c’est l’essence de l’humanité qu’exprime l’opéra, et l’Avant-Scène Opéra nous en donne les clés précieuses. Page 50 de l’Avant-Scène sur Alceste, Apollon dans son char deus ex machina pour réunir vivants Alceste et Admète. C’est peut-être cela qu’il nous faut à l’instant… »
Floriane Petit, artiste lyrique, étudiante à l’Institut für Musiktheater de Karlsruhe
« Je suis sous le choc. Pour moi l’Avant-Scène Opéra est une institution emblématique de notre métier. Tous nos collègues étrangers nous jalousent ce trésor qui est une source inépuisable d’informations lors d’une prise de rôle. »
Gabrielle Philiponet, artiste lyrique
« Adolescent fou d’opéra, que ne serais-je devenu si l’Avant-Scène Opéra et ses contributeurs n’étaient venus rompre ma solitude et m’accueillir par étapes successives dans leur famille ? Je dois tout à cette revue et à certaines rencontres décisives qui lui sont directement liées. L’Avant-Scène Opéra m’a instruit, a développé comme aucun autre vecteur ma sensibilité – mon œil et mon oreille –, mon jugement critique, et par-dessus tout mon questionnement sur la manière de rendre compte au mieux de l’émotion spectaculaire dans l’écriture. C’est depuis trente-cinq ans mon plus cher compagnon de route – d’amateur fervent, puis de chercheur, enfin de professionnel du monde de l’opéra – et je le trouve aujourd’hui dans mon courrier avec un plaisir fébrile et une curiosité aussi inentamée qu’au premier jour. Puisse ce rituel se perpétuer encore longtemps ! Puissions-nous vieillir ensemble portés par cette même flamme de la passion pour l’art lyrique et le spectacle vivant ! La valeur de l’Avant-Scène Opéra et de son apport – passé, présent et futur – est inestimable et irremplaçable. »
Timothée Picard, professeur des Universités, dramaturge et conseiller artistique du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, membre du comité de rédaction et contributeur régulier de l’ASO
« Impensable que d’imaginer voir disparaître l’Avant-Scène Opéra ! Rares sont les publications qui peuvent se targuer d’une telle utilité et pour un public aussi large. Sous son format anodin, un maillon essentiel de l’art lyrique français. Pour ma part, adolescent, ces revues ont été des points d’entrée essentiels et de véritables déclencheurs de curiosité, m’ouvrant les portes de tant d’œuvres, et plus tard accompagnant la naissance de tant de projets lyriques ! ASO ne se contente pas uniquement d’expliquer ou de raconter avec exigence : par la qualité exceptionnelle de ses articles accompagnant chaque publication, il offre également une photographie passionnante de l’opéra dans son époque, mettant en perspective les questions profondes soulevées par chacune des œuvres abordées. Perdre l’Avant-Scène Opéra, c’est perdre un trésor de transmission, un espace de réflexion et de partage qui enrichit autant les néophytes que les passionnés. Il est essentiel de tout faire pour préserver cette revue, symbole tout autant de mémoire que d’avenir de l’art lyrique. »
Raphaël Pichon, chef d’orchestre
« L’Avant-Scène Opéra est un véritable trésor pour les amoureux et les professionnels du monde lyrique. Indispensables à l’élaboration et à l’approfondissement du répertoire, il n’existe aucun équivalent à l’étranger de ces ouvrages à la fois pédagogiques et théoriques, relatant à la fois l’histoire de l’œuvre historique et musicologique mais aussi l’histoire de la mise en scène et de la réception des opéras. À travers ces œuvres, c’est aussi une histoire de l’Europe qui se dessine et se dialectise. L’Avant-Scène met à jour son travail régulièrement, intégrant toujours plus de pensée, c’est un observatoire et un conservatoire de l’opéra. Nous ne pouvons voir disparaître cette université portative de notre art. Surtout aujourd’hui où le monde lyrique est en danger. Sans passé pas d’avenir, sans pensée pas de devenir, sans l’Avant-Scène pas d’opéra exigeant et populaire ! »
Olivier Py, metteur en scène, directeur du Théâtre du Châtelet.
« L’Avant-Scène Opéra est plus qu’une revue : une vraie collection, dont les numéros successifs constituent peu à peu un ensemble inestimable, que les artistes et collègues étrangers nous envient. Ce joyau de l’édition française a l’art de s’adresser aussi bien aux néophytes qu’aux spécialistes. Étudiants, mélomanes et professionnels de la musique continuent de s’y référer pour se préparer au spectacle, pour disposer d’une traduction de qualité, pour approfondir leur compréhension des œuvres ou pour mettre l’art lyrique en relation avec un vaste horizon intellectuel. Car l’Avant-Scène Opéra a toujours conjugué les approches historiques, analytiques, esthétiques, interprétatives, mais également littéraires, artistiques ou psychanalytiques. Miroir d’une culture, elle est un acteur indispensable de notre vie culturelle. Je suis fier d’avoir participé à cette aventure collective, mais inquiet de voir s’effondrer un symbole de notre exception française. »
Emmanuel Reibel, professeur à l’ENS de Lyon et au CNSM de Paris
« Je serais désemparée si l’Avant-Scène Opéra disparaissait ; c’est un outil si précieux pour les artistes, vraiment une référence incontournable quand on prépare un rôle. »
Anna Reinhold, artiste lyrique
« Septembre 2001, Isabelle Masset devient directrice de l’administration artistique de l’Opéra national de Lorraine où je débute tout juste. Elle ouvre ses cartons et me demande de l’aide pour ranger par ordre chronologique sa collection intégrale des Avant-Scène Opéra. Elle m’explique alors le joyau que représente cette revue pour comprendre une œuvre, travailler à une future production, relire un livret, vérifier une nomenclature, consulter des archives… ce que je vérifie depuis chaque saison. Un phare indispensable, qui éclaire cinq siècles de répertoire et de créations lyriques et ne cesse de s’enrichir. »
Matthieu Rietzler, directeur de l’Opéra de Rennes
« Pour chacune de mes mises en scène, l’Avant-Scène Opéra est un compagnon de travail de chaque instant : le livret soigneusement édité et sa traduction, l’analyse musicale détaillée de l’œuvre, les apports contextuels ou historiques des spécialistes sont autant d’éléments que j’absorbe et qui nourrissent mon approche, compléments indispensables de la partition que j’ai toujours sous le bras. Nulle part ailleurs, on ne trouve rassemblée dans un seul recueil une telle mine d’informations passionnantes et fiables. Comme directeur d’opéra, j’aime aussi flâner parmi les trois cent quarante-quatre numéros de cette revue mythique, m’y laisser surprendre par des titres que je n’ai jamais entendus, y redécouvrir d’autres qui ont marqué mon parcours à un moment où l’autre, revenir aux grands classiques, et dans cette promenade solitaire que je m’autorise aux moments creux de la saison, il y a toujours un désir qui naît, une idée, une intuition de programmation qui verra sans doute son épanouissement quelques années plus tard. L’Avant-Scène Opéra n’est pas une revue comme les autres. C’est une source intarissable de savoir et d’amour de cet art qui est le nôtre. »
Frédéric Roels, metteur en scène, directeur de l’Opéra Grand Avignon
« Réduire au silence l’Avant-Scène Opéra, comme d’autres revues spécialisées musique, n’est qu’un pas de plus dans l’effritement des Arts et de la Culture… Par l’art, on éveille des consciences, on émeut des âmes, on construit une société ouverte et apaisée. Plus que jamais, notre monde a besoin de culture. »
Claire Roserot de Melin, directrice générale de l’Établissement public du Capitole, Opéra national et Orchestre national, présidente des Forces Musicales, syndicat professionnel des Opéras et des Orchestres
« Apprendre la disparition brutale de l’Avant-Scène Opéra est un vrai choc. C’est comme perdre un compagnon de route. J’ai eu la chance de grandir avec l’Avant-Scène Opéra, chez mes parents. La lecture de cette revue n’est d’ailleurs pas totalement étrangère à ma « vocation ». Il n’est pas une mise en scène que j’ai faite sans avoir au préalable lu le volume consacré à l’ouvrage que je travaille. Il est impensable que ce monument d’érudition et de vulgarisation disparaisse. »
Pierre-Emmanuel Rousseau, metteur en scène
« Opera is a collective creation, the flowering of multiple voices and multiple visions, a human tapestry, a social fabric, an art form that is permanently plural. The unique format and proposal of l’Avant-Scène Opéra is the gathering of a community of contributors to address each individual opera, to open every individual work into a world of perspectives and possibilities, moving beyond ‘the last word’ and ‘definitive’ to create a shared understanding at a moment in time that brings a work forward into the repertoire as a rich, layered, living experience. The Avant Garde of Avant-Scène is the implication that opera is the art form of the future, not of the past, and that neither the art form nor the ways to talk about it have been exhausted, but are ripe for reinvention, a collective proposal moving across disciplines, cultures, and histories. We are on the cusp of an urgent age of rebirth and reimagination, and Avant-Scène Opéra, after so many distinguished years and unique exemplaires, has a leadership role ahead. We are hoping for courage and vision. »
Peter Sellars, metteur en scène
« L’Avant-Scène Opéra est un outil indispensable pour moi en tant que chanteuse et médiatrice culturelle. Je m’en sers en permanence pour animer mes ateliers. »
Catherine Séon, artiste lyrique
« L’Avant-Scène Opéra appartient à ces revues indispensables, ces phares éclairant le chemin sinueux de la création lyrique. Son rôle dépasse celui d’un simple témoin : elle est un outil de travail, une mémoire vivante et un souffle intellectuel pour ceux qui, jour après jour, tentent de donner un sens nouveau aux œuvres du répertoire et d’insuffler à l’opéra la modernité qu’il mérite. Nous savons, mieux que quiconque, combien un metteur en scène, un chef d’orchestre, un dramaturge, un scénographe ont besoin de ces analyses fines, de ces dossiers érudits qui, en abordant un livret sous toutes ses coutures, en explorant les enjeux d’une partition, permettent d’envisager chaque production comme un laboratoire d’idées. Nous ne pouvons que regretter cette disparition, et espérer qu’une alternative puisse renaître, dans le même esprit de rigueur et de passion. Car l’opéra, s’il veut continuer à vivre, a besoin de ces passeurs de sens que furent, pendant des décennies, les pages d’Avant-Scène Opéra. »
Thibault Sinay, scénographe président Union des Scénographes
« Source d’informations et d’analyses historiques et musicologiques fiables, revue vivante avec le témoignage des productions passées et récentes, la collection des Avant-Scène Opéra est un outil remarquable que l’on garde précieusement dans sa bibliothèque, elle est indispensable pour tout professionnel programmateur ou artiste, et en même temps accessible à un large public d’amateurs. A une période où l’Opéra doit plus que jamais être en lien avec la société d’aujourd’hui, l’Avant-Scène Opéra doit pouvoir continuer à ouvrir les esprits des créateurs et du public. »
Caroline Sonrier, directrice de l’Opéra de Lille
« Comment imaginer l’étude d’une œuvre, même en simple auditeur, sans l’Avant-Scène Opéra ? Analyse, histoire, archives, discographie, c’est une chance immense pour les artistes et pour le public francophone d’avoir accès à autant de savoirs réunis. La disparition de l’Avant-Scène Opéra serait une tragédie pour notre art et notre intelligence. »
Amélie Tatti, artiste lyrique
« L’Avant-Scène opéra m’a suivi depuis 20 ans.Il n’y a pas un opéra que j’ai chanté pour lequel je n’aie pas acheté l’Avant-Scène. Tout y est : la genèse de l’œuvre, l’analyse poussée des thèmes musicaux et un livret toujours très bien traduit. Cette revue est indispensable car elle sans équivalent ; elle est la référence absolue des mélomanes et des artistes.Depuis quelques années maintenant l’Avant-Scène s’est modernisée en proposant les versions dématérialisées de ses numéros, donnant ainsi la possibilité aux chanteurs, aux pianistes, aux metteurs en scène et aux chefs d’orchestre de travailler sur tablettes ou sur ordinateurs, ce qui est une grande avancée.Il me paraît impensable qu’une telle institution disparaisse. »
Jean Teitgen, artiste lyrique
« Depuis des décennies, la revue l’Avant-Scène Opéra accompagne toutes les activités des maisons d’opéra françaises, comme elle a accompagné la formation des professionnel.le.s que nous sommes, et aujourd’hui celle de nos stagiaires et apprenti.e.s. Pas une semaine ne passe sans qu’un numéro ne circule au Théâtre national de l’Opéra-Comique, pour une réunion artistique ou pour une répétition, à la demande d’un.e chef.fe, d’un.e metteur.euse en scène, d’un.e cheffe de chant, d’un.e régisseur.euse, d’un.e chargé.e de production, d’un.e dramaturge, d’un.e chanteur.euse, quand ce ne sont pas elles et eux qui apportent leurs propres exemplaires. L’Avant-Scène Opéra fait le lien, de longue date, entre la musicologie, plus largement la recherche, les programmateurs et les artistes. Nos collègues étrangers nous envient cette publication qui constitue aux yeux de tous une référence majeure, une sorte de trésor national. La disparition de l’Avant-Scène Opéra est tout simplement inacceptable. »
Agnès Terrier, dramaturge du Théâtre national de l’Opéra-Comique
« La culture, c’est le front, là où l’homme rencontre l’homme, là où la foule s’infléchit, se relie et devient Public ; c’est l’agora des âmes. Supprimez les postes d’observation, il n’y a plus de front, plus d’agora sinon une esplanade en herbes folles. »
Ludovic Tézier, artiste lyrique
« L’Avant-Scène Opéra est, pour moi, indissociable de la découverte de l’art lyrique, à la fin des années 1970, avant Internet, les réseaux sociaux et même le surtitrage dans les salles. C’est dire combien j’y tiens. La collection grandissait dans la bibliothèque de mon père et, lorsque l’Opéra de Marseille programmait tel ou tel titre, c’était l’ASO qui nous permettait de nous y préparer intelligemment, en soulignant tel ou tel passage de la partition commentée, en écoutant telle ou telle version. Cette collection, je l’ai récupérée et, malgré tous les outils numériques, le goût pour le zapping et le prêt à consommer – ou peut-être grâce à tout cela –, elle est toujours indispensable, surtout qu’elle a su, évitant d’en rester au seul patrimoine, accompagner les créations lyriques les plus significatives. Il faut sauver l’Avant-Scène Opéra ! »
Jean-Philippe Thiellay, conseiller d’État, ancien président du Centre national de la musique et directeur général adjoint de l’Opéra national de Paris
« Je suis chanteur, mais c’est en tant que conférencier musical que par le passé j’ai utilisé l’Avant-Scène Opéra. C’était en effet un outil indispensable. Les opéras expliqués étaient très variés, toutes époques confondues. Je suis quasi persuadé que les opéras contemporains, ceux de Dusapin, Eötvös, sont dans le catalogue. Pour ce qui est du Grand Macabre, de Ligeti, j’en suis sûr. Donc un encouragement à la création contemporaine. Ce serait une très grande perte pour la culture. »
Fred Vacher, artiste lyrique, Beverley Minster Middlesbrough Catholic Cathedral Consort, UK
« Avec une grande inquiétude, j’apprends la nouvelle de l’arrêt de l’Avant-Scène Opéra ainsi que d’autres revues musicales importantes. Elles jouent toutes un rôle indispensable dans l’approfondissement et l’élargissement de la scène internationale de l’opéra et de la musique classique. Opera Ballet Vlaanderen attache une grande importance à un journalisme de qualité, capable d’éclairer l’art de manière informée, critique et inspirée. Dans un monde de plus en plus dominé par des tweets superficielles et par la désinformation qui sape consciemment les fondements de notre démocratie, des voix nuancées et approfondies comme celle de l’Avant-Scène Opéra sont plus nécessaires que jamais. Sans réflexion, sans contexte, sans mémoire, l’art ne peut s’épanouir. Même si ces publications semblent de niche, elles font partie d’un écosystème plus vaste où l’art et la pensée critique peuvent et doivent exister. L’Avant-Scène Opéra remplissait ce rôle avec dévouement et occupait, grâce à son travail éditorial et à ses précieuses éditions spéciales, une place centrale en France et au-delà. Cette décision ne fait pas seulement disparaître une publication, mais aussi le savoir et l’expérience de journalistes passionnés. Toute intelligence n’est pas artificielle. L’Avant-Scène Opéra forme un public, donne une voix aux compositeurs et interprètes, et offre un éclairage précieux sur le riche répertoire lyrique. Opera Ballet Vlaanderen exprime sa solidarité dans l’appel à revoir cette décision et espère que des solutions créatives seront trouvées pour assurer la pérennité d’une publication d’une telle importance intellectuelle et artistique. »
Jan Vandenhouwe, directeur artistique d’Opera Ballet Vlaanderen / Opéra des Flandres
« L’Avant-Scène Opéra a accompagné assidument l’étudiant que j’étais, d’abord en musicologie puis au conservatoire. Il continuera d’occuper une place de choix dans toutes les bibliothèques. Un monument que je pensais éternel… »
Mathias Vidal, artiste lyrique
Je vous écris suite à l’annonce de la possible disparition de L’Avant-Scène Opéra, revue musicale française indispensable, passionnante et incontournable, tant pour les professionnels que pour les amateurs dans le domaine musical.
Depuis mes premières études en direction d’orchestre jusqu’à ma dernière production à l’Opéra de Vienne, j’ai toujours été particulièrement attentif à l’enrichissement que m’apporte cette revue. Non seulement L’Avant-Scène Opéra est une source précieuse de témoignages et d’analyses, mais elle permet également d’approfondir de manière unique notre compréhension des œuvres que nous étudions et interprétons.
Dans le paysage de la musique classique en France, il est impensable de laisser disparaître une telle institution. L’Avant-Scène Opéra est la seule revue musicale au monde, et après avoir exploré les publications similaires dans les principales langues de notre domaine, il est évident qu’aucune ne parvient à égaler sa pertinence et la profondeur de son contenu.
Je vous implore de ne pas laisser cette publication s’éteindre. La disparition de L’Avant-Scène Opéra serait un triste symbole de l’affaiblissement du soutien à la culture française, un patrimoine que nous devons protéger et préserver.
Lorenzo Viotti, chef d’orchestre
L’Avant-Scène Opéra m’a toujours accompagnée lors d’une prise de rôle, me donnant à la fois une connaissance de l’œuvre, différents points de vue sur mon personnage, un contexte, un sous texte et bien plus encore. Il n’existe tout simplement pas d’autre outil si complet, si riche et si formateur dans notre métier. L’Avant-Scène est essentiel et c’est pourquoi il faut absolument nous battre contre sa disparition, à l’heure où l’opéra et la culture sont en péril. A l’heure où nous en avons le plus besoin.
Marina Viotti, artiste lyrique
Nous en sommes donc là ? Ici aussi, à cet endroit fragile et précieux de la rencontre de l’étude et du plaisir ? L’atteinte à la culture, et donc à l’éducation, au futur de la jeunesse de notre continent, paraît être une constante désormais qui associent les populismes de droite et l’économie libérale débridée. S’en prendre à cette revue de prestige, de prestige par l’ambition éditoriale unique qui la caractérise, est une honte. L’honneur de la France a toujours été de porter la création et le patrimoine au plus haut. C’est en cela que la France possède, mais pour combien de temps encore ?, un statut à nul autre pareil dans l’imaginaire européen.
L’Avant-Scène Opéra est une entreprise intellectuelle unique en ce qu’elle salue l’histoire de la musique et du théâtre, qu’elle encourage les créateurs contemporains dans leur travail, qu’elle promet à l’avenir de pouvoir compter sur un patrimoine d’autant plus inestimable que dans le monde dans lequel nous allons entrer l’art et la culture sont plus précieux que jamais.
Nous appelons, avec la plus grande urgence, institutions et mécènes à offrir à L’Avant-Scène Opéra l’avenir qu’il mérite. Il en va non seulement de son avenir, mais de l’avenir de l’opéra dans le monde francophone et au-delà. Sans la qualité intellectuelle de L’Avant-Scène Opéra, c’est l’art lyrique qui sera puissamment affaibli. L’opéra d’aujourd’hui, mais surtout et avant tout celui de demain.
Krzysztof Warlikowski, metteur en scène
Malgorzata Szczesniak, scénographe et créatrice de costumes
Claude Bardouil, chorégraphe
Christian Longchamp, dramaturge et auteur
« Ce serait un grand drame que l’Avant-Scène Opéra vienne à disparaître, tant ces ouvrages sont une mine d’or pour qui aime l’art lyrique, du pur néophyte jusqu’au spécialiste le plus assidu. Depuis mes jeunes années de passionné d’opéra jusqu’à mes activités actuelles de chef de chant et chef d’orchestre assistant à l’Opéra de Paris, au Staatsoper de Vienne ou encore au festival d’Aix-en-Provence, cette collection est un véritable compagnon de route au quotidien. Il est immensément précieux et unique d’avoir accès à une revue si complète, érudite et accessible à la fois, avec, en plus des livrets et leurs traductions si indispensables à notre travail, des articles de fond absolument passionnants qui nous permettent d’entrer au plus profond des œuvres avec une finesse sans égal. Les références discographiques et vidéographiques complétant chaque numéro sont des sources d’informations irremplaçables tant elles sont fouillées et détaillées. Il faut tout faire pour sauver l’Avant-Scène Opéra, qui œuvre si intensément et ardemment à la connaissance et au rayonnement de l’art lyrique en France et au-delà. »
Tanguy de Williencourt, pianiste, chef de chant, chef d’orchestre
« J’ai eu la chance de collaborer à l’Avant-Scène Opéra lorsque je débutais comme chercheur, il y a bien longtemps. Depuis, je n’ai cessé d’y écrire, avec un grand bonheur. La revue offre une occasion unique de pratiquer une vulgarisation de haut niveau en s’adressant à un large public d’amateurs, au sens le plus noble du terme. Contributeur, à ma modeste échelle, je suis également un lecteur passionné de l’Avant-Scène Opéra à qui je dois une bonne part de ma culture lyrique. Il m’est impossible d’envisager un monde sans elle et, au moment où elle est sur le point de disparaître, je veux croire que cet arrêt n’est que le prélude à une renaissance. Notre mobilisation – artistes, universitaires, mélomanes – doit donner corps à cet espoir. »
Jean-Claude Yon, historien, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études-PSL
« Depuis plus de quarante ans, l’Avant-Scène Opéra est le témoin et le reflet de l’évolution, du renouvellement de l’opéra en France et à l’étranger. C’est un outil de travail indispensable, qui accompagne toutes les métamorphoses de l’opéra au XXème et au XXIe siècle. Il est essentiel de continuer. »
Françoise Zamour, maitresse de conférences en études cinématographiques à l’ENS
2 commentaires
Je suis certain que parmi tous ces intervenants, au moins quelques-uns ont la possibilité de faire passer le mot à Aline Foriel-Destezet. Si quelqu’un est en mesure d’apporter une aide concrète à la continuation de l(‘Avant Scène Opéra, c’est bien cette passionnée d’art lyrique.
Merci beaucoup Jean-Christophe pour cette suggestion. Je transmets ! S.L.