L’AMOUR SORCIER, de Falla (1915)- dossier
Manuel de Falla, L’Amour sorcier (1915)
Le compositeur
Manuel de Falla (1876-1946)
De Falla s’illustra tout d’bord dans le genre de la zarzuela, mais c’est un premier opéra qui lui apporte la notoriété : La Vie brève, représenté à Paris en 1913. Son séjour dans la capitale française lui permet de se lier avec des compositeurs tels Debussy, Ravel, Dukas
ou Albeniz, qui auront sur lui une certaine influence. Après La Vie brève, il compose sept Chansons populaires (1914), les ballets L’Amour sorcier (1915) et Le Tricorne (1919), Le Retable de Maître Pierre (1923). Une dernière œuvre, L’Atlantide, restera malheureusement inachevée. La personnalité singulière de de Falla lui permit de créer une œuvre particulièrement originale qui en fait l’un des musiciens les plus séduisants et les plus intéressants de son temps.
La création – les différentes versions
L’Amour sorcier (en espagnol, El amor brujo) est un ballet-pantomime en un acte dont le livret est signé G. Martinez Sierra. La chorégraphie, lors de la création à Madrid en 1915, avait été conçue par Pastora Império, une gitane andalouse qui était alors une des plus célèbres danseuses flamencas de l’époque. Initialement conçue pour un orchestre de chambre et une cantaora (chanteuse de flamenco), l’œuvre sera remaniée pour pouvoir être exécutée par un orchestre symphonique et une mezzo-soprano : la nouvelle version de l’œuvre sera créée en 1916. Enfin, en 1925, l’œuvre est de nouveau remaniée et devient un ballet, les parties chantées se trouvant alors supprimées.
Les livrets
Dans la version originale, l’œuvre se présente comme une pièce en deux actes, avec plusieurs personnages, passages dialogués, musique et passage chantés. Le personnage principal en est Candelas, une tsigane de Cadix, abandonnée par son amoureux. Elle se livre à une série d’incantations et autres rituels magiques pour tenter de le ramener auprès d’elle.
Le livret sera profondément remanié pour le ballet de 1925 : la gitane Candela est amoureuse de Carmelo. Malheureusement, le fantôme de son ancien amant revient la hanter et l’empêche d’aimer librement Carmelo. Le couple d’amoureux cherche alors un moyen de rompre le maléfice afin d’éloigner le fantôme : ils attirent l’attention du spectre sur une autre femme, et pourront ainsi échanger le baiser qui permettra au maléfice d’être rompu.
La musique
Le livret de Gregorio Martínez Sierra permet le déploiement d’une musique âpre, nerveuse, aux tonalités fantastiques, se signalant notamment par un sens des couleurs orchestrales remarquable. Si la version pour orchestre symphonique a très largement contribué à assurer la popularité de l’œuvre, elle a cependant sans doute quelque peu gommé certaines âpretés, certaines rugosités de de la version initiale…
Trois chants scandent l’action : la Canción del amor dolido (« Chanson de l’amour douloureux ») ; El circulo magico (« Le cercle magique »), incantations destinées à éloigner le fantôme ; et la Canción del fuego fatuo (« Chanson du feu follet »).
Pour écouter l’œuvre
CD
Vandernoot / Oralia Dominguez. Philharmonia Orchestra (avec Le Tricorne, Sept chansons populaires espagnoles, etc.). 2 CD EMI, 1996 (enregistré en 1958).
Maazel / Grace Bumbry. Radio-Symphony-Orchester Berlin (avec Le Tricorne et Nuits dans les jardins d’Espagne). 1 CD DG (enregistré en 1965).
Carcia Navarro / Teresa Berganza. London Symphony Orchestra (avec El sombrero detres picos). 1 CD DG, 1989 (enregistré en 1977).
Cleobury / Claire Powell. Aquarius (avec El Corregidor Y La Molinera). 1 CD Virgin Classics, 1989.