SEMIRAMIDE, Rossini (1823) – dossier
Melodramma tragico en deux actes de Gioacchino Rossini, créé le 3 février 1823 à la Fenice de Venise
LES AUTEURS
Le compositeur
Gioacchino Rossini (Pesaro, 1792 – Paris, 1868)
Rossini reçoit sa formation musicale à Bologne. Après quelques succès dans le genre bouffe (La Scala di seta, 1812; La Pietra del paragone, 1812 ; Il Signor Bruschino, 1813), il rencontre un véritable triomphe avec Tancrède, représenté à Venise en février 1813. Cet opera seria ainsi que le dramma buffo Le Barbier de Séville, pourtant accueilli plus que froidement à sa création (Rome, 1816) feront de lui le compositeur italien le plus célèbre de son temps.
Il continuera, au cours de sa carrière, de faire alterner des œuvres bouffes ou semiserie (L’Italienne à Alger, 1813 ; Le Turc en Italie, 1814 ; La Gazza ladra, 1817 ; La Cenerentola, 1817) avec (surtout) des ouvrages sérieux (Otello, 1816 ; Mosè in Egitto, 1818 ; Ermione, 1819 ; La Donna del lago, 1819 ; Semiramide, 1823). Il voyage à Vienne (où il rencontre Beethoven), à Londres puis à Paris où il est nommé directeur du Théâtre-Italien, compositeur du roi – il compose Le Voyage à Reims (1825) à l’occasion du sacre de Charles X – et inspecteur général du chant en France. Il compose plusieurs opéras pour la France (ou adapte d’anciens ouvrages italiens sur des livrets français) : Le Siège de Corinthe (1826) ; Moïse et Pharaon (1827) ; Le Comte Ory (1828); Guillaume Tell (1829). Après la Révolution de 1830, Rossini se détourne de l’opéra et ne composera plus que de la musique sacrée (le Stabat mater, dont la première version est créée en 1831 ; la Petite messe solennelle, 1863), des mélodies et quelques pages instrumentales. Il meurt à Paris. Inhumé au Père Lachaise, son corps sera rapatrié en Italie quelques années plus tard et repose désormais à Florence (basilique Santa Croce).
Le librettiste
Gaetano Rossi (1774-1855)
Gaetano Rossi (18 mai 1774 – 25 janvier 1855) est l’un des librettistes italiens les plus célèbres et les plus prolifiques du XIXe siècle. Il rédigea plus de cent livrets pour les plus grands compositeurs de l’époque, parmi lesquels Rossini, Donizetti ou Meyerbeer. Il dirigea également le Teatro Filarmonico de Vérone pendant six ans (1841-1847). Il puisa son inspiration dans des œuvres littéraires italiennes, mais aussi, plus largement, européennes. Ses livrets les plus célèbres sont ceux de La cambiale di matrimonio (Rossini, 1810), Tancredi (Rossini, 1813),
Semiramide (Rossini, 1823), Il crociato in Egitto (Meyerbeer, 1824), Il giuramento (Mercadante, 1837), Il bravo (Mercadante, 1839), Maria Padilla (Donizetti, 1841), Linda di Chamounix (Donizetti, 1842).
L’ŒUVRE
La création
L’opéra de Rossini fut joué pour la première fois le 3 février 1823 à la Fenice, soit dix ans presque jour pour jour après Tancredi, créé dans ce même théâtre. Le succès est éclatant et l’œuvre est rapidement créée sur les principales scènes lyriques du monde : Vienne (1823), Milan , Munich, Londres (1824), Paris (1825), Saint-Pétersbourg (1836), … Semiramide reste, avec Tancredi, l’un des opere serie de Rossini les plus joués, en dépit du
La Fenice en 1837
mépris certain affiché pour ce type de répertoire au début du XXe siècle par les critiques musicaux et les directeurs de salles – un mépris qui perdure plus ou moins, malgré ce qu’on a appelé la « Rossini Renaissance » : en témoignent les trop rares productions contemporaines d’une œuvre qui, aussi incroyable que cela puisse paraitre, attend toujours d’être créée à l’Opéra de Paris !
Le livret
La source
Gaetano Rossi s’inspire pour son livret de la tragédie de Voltaire en cinq actes Sémiramis, créée le 29 août 1748 au Théâtre de la Comédie française.
Résumé de l’intrigue
Acte 1
L’action prend place à Babylone, à l’époque du règne de Sémiramis (soprano), reine légendaire fondatrice de cette ville. Le roi Ninus, époux de Sémiramis, est mort dans des conditions obscures, tandis que Ninias, fils unique de Ninus et Sémiramis, a mystérieusement disparu.
Dans le temple de Baal doit avoir lieu la cérémonie au cours de laquelle la reine Sémiramis donnera le nom de celui qu’elle a choisi pour époux – et qui sera donc le successeur du roi Ninus. Le grand prêtre Oroe (basse) ouvre le temple de Baal. Idreno (ténor), un prince indien, vient rendre hommage au dieu, à qui il demande de favoriser son amour : Idreno est en effet amoureux de la jeune princesse Azema (soprano).
Le Prince Assur (basse) est quant à lui persuadé d’être l’homme que Sémiramis choisira pour époux et roi, mais au moment où la reine s’apprête à parler, la flamme de l’autel s’éteint brutalement. La cérémonie est interrompue par Oroe qui voit en ce phénomène un funeste présage.
Sémiramis a sollicité la présence d’Arsace (contralto), commandant de l’armée assyrienne, dont elle est éprise. Arrivé à Babylone, le jeune homme évoque son amour pour Azema (soprano), ignorant qu’Idreno est également épris de la jeune femme.
Arsace rejoint Sémiramis dans les jardins suspendus de Babylone. Il assure la reine de sa parfaite loyauté ; mais Sémiramis prend ces propos pour une déclaration d’amour et croit alors que ses sentiments sont partagés…
La cérémonie interrompue peut reprendre, mais lorsque Sémiramis révèle enfin le nom de l’homme qu’elle a choisi, elle suscite la surprise générale : il ne s’agit pas d’Assur, mais du jeune Arsace. Sémiramis accorde par ailleurs la main d’Azema à Idreno. Ces annonces provoquent un nouveau phénomène surnaturel : la foule stupéfaite voit apparaître le fantôme du roi Ninus, qui déclare devant la reine bouleversée qu’Arsace n’accédera au trône que lorsqu’une victime aura été sacrifiée… Arsace jure de venger la mort du roi, tandis que la foule s’interroge sur l’identité du coupable qui a pu à ce point susciter la colère des dieux.
SÉMIRAMIS.
Le ciel tonne sur nous : est-ce faveur ou haine ?
Grâce, dieux tout puissants ! qu’Arzace me l’obtienne.
Quels funèbres accents redoublent mes terreurs !
La tombe s’est ouverte : il paraît… Ciel ! je meurs…
L’ombre de Ninus sort de son tombeau.
ASSUR.
L’ombre de Ninus même ! ô dieux ! est-il possible ?
ARSACE.
Eh bien ! qu’ordonnes-tu ? parle-nous, dieu terrible !
ASSUR.
Parle.
SÉMIRAMIS.
Veux-tu me perdre ? ou veux-tu pardonner ?
C’est ton sceptre et ton lit que je viens de donner ;
Juge si ce héros est digne de ta place.
Prononce ; j’y consens.
L’OMBRE, à Arsace.
Tu régneras, Arsace ;
Mais il est des forfaits que tu dois expier.
Dans ma tombe, à ma cendre il faut sacrifier.
Sers et mon fils et moi ; souviens-toi de ton père :
Écoute le pontife.
ARSACE.
Ombre que je révère,
Demi-dieu dont l’esprit anime ces climats,
Ton aspect m’encourage et ne m’étonne pas.
Oui, j’irai dans ta tombe au péril de ma vie.
Achève ; que veux-tu que ma main sacrifie ?
L’ombre retourne de son estrade à la porte du tombeau.
Il s’éloigne, il nous fuit !
SÉMIRAMIS.
Ombre de mon époux,
Permets qu’en et tombeau j’embrasse tes genoux,
Que mes regrets…
L’OMBRE, à la porte du tombeau.
Arrête, et respecte ma cendre ;
Quand il en sera temps, je t’y ferai descendre.
Le spectre rentre, et le mausolée se referme.
Voltaire, Sémiramis, Acte III scène 6
Acte II
Assur est indigné de ne pas avoir été choisi comme époux par la reine : ne l’a-t-il pas aidée à empoisonner son mari Ninus ?
ASSUR.
Chagrins toujours cuisants ! honte toujours nouvelle !
Quoi ! Ma gloire, mon rang, mon destin dépend d’elle !
Quoi ! J’aurais fait mourir et Ninus et son fils.
Pour ramper le premier devant Sémiramis !
Pour languir, dans l’éclat d’une illustre disgrâce,
Près du trône du monde, à la seconde place !
La reine se bornait à la mort d’un époux ;
Mais j’étendis plus loin ma fureur et mes coups :
Ninias, en secret privé de la lumière,
Du trône où j’aspirais m’entr’ouvrait la barrière,
Quand sa puissante main la ferma sous mes pas.
C’est en vain que, flattant l’orgueil de ses appas,
J’avais cru chaque jour prendre sur sa jeunesse
Cet heureux ascendant que les soins, la souplesse,
L’attention, le temps, savent si bien donner
Sur un cœur sans dessein, facile à gouverner.
Je connus mal cette âme inflexible et profonde ;
Rien ne la put toucher que l’empire du monde.
Elle en parut trop digne, il le faut avouer :
Je suis dans mes fureurs contraint à la louer.
Je la vis retenir dans ses mains assurées
De l’état chancelant les rênes égarées,
Apaiser le murmure, étouffer les complots,
Gouverner en monarque, et combattre en héros.
Je la vis captiver et le peuple et l’armée.
Ce grand art d’imposer, même à la renommée,
Fut l’art qui sous son joug enchaîna les esprits :
L’univers à ses pieds demeure encor surpris.
Que dis-je ? sa beauté, ce flatteur avantage,
Fit adorer les lois qu’imposa son courage ;
Et, quand dans mon dépit j’ai voulu conspirer,
Mes amis consternés n’ont su que l’admirer.
Voltaire, Sémiramis, Acte II scène 4
Mais Sémiramis reste inflexible, d’autant qu’elle soupçonne le prince d’avoir également assassiné son fils unique Ninias.
Azema se réjouit de constater que les noces de Sémiramis et Arsace n’ont pas encore été célébrées. Idreno, lui, reste confiant, espérant toujours que la jeune femme finira par répondre à son amour.
Arsace apprend de la bouche du grand-prêtre Oroe qu’il n’est autre que le fils de Sémiramis. En possession d’une lettre de Ninus que lui a remise Oroe et dans laquelle l’ancien roi accuse sa femme d’être responsable de sa mort, Arsace rencontre la reine et la confond, sans pouvoir pour autant se résoudre à l’assassiner.
Arsace décide alors de se rendre dans le tombeau de Ninus afin de lui offrir un sacrifice. Le prince Assur, décidé à assassiner Arsace, descend également dans le mausolée, de même que la reine elle-même, craignant pour les jours de son fils. Mais Assur est soudain assailli par la vision de la main de Ninus brandissant une épée : tétanisé, il finit peu à peu par retrouver son sang froid et s’apprête à frapper Arsace, lorsque celui-ci découvre la présence du prince. Arsace décide alors de le tuer – mais frappe accidentellement sa propre mère qui expire à ses yeux.
SÉMIRAMIS, qu’on fait avancer, et qu’on place sur un fauteuil.
Viens me venger, mon fils : un monstre sanguinaire,
Un traître, un sacrilège, assassine ta mère.
NINIAS.
Ô jour de la terreur ! ô crimes inouïs !
Ce sacrilège affreux, ce monstre, est votre fils.
Au sein qui m’a nourri cette main s’est plongée ;
Je vous suis dans la tombe, et vous serez vengée.
SÉMIRAMIS.
Hélas ! j’y descendis pour défendre tes jours.
Ta malheureuse mère allait à ton secours…
J’ai reçu de tes mains la mort qui m’était due.
NINIAS.
Ah ! c’est le dernier trait à mon âme éperdue.
J’atteste ici les dieux qui conduisaient mon bras,
Ces dieux qui m’égaraient…
SÉMIRAMIS.
Mon fils, n’achève pas :
Je te pardonne tout, si, pour grâce dernière.
Une si chère main ferme au moins ma paupière.
Il se jette à genoux.
Viens, je te le demande, au nom du même sang
Qui t’a donné la vie, et qui sort de mon flanc.
Ton cœur n’a pas sur moi conduit ta main cruelle.
Quand Ninus expira, j’étais plus criminelle :
J’en suis assez punie. Il est donc des forfaits
Que le courroux des dieux ne pardonne jamais !
Ninias, Azéma, que votre hymen efface
L’opprobre dont mon crime a souillé votre race ;
D’une mère expirante approchez-vous tous deux ;
Donnez-moi votre main ; vivez, régnez heureux :
Cet espoir me console, il mêle quelque joie
Aux horreurs de la mort où mon âme est en proie.
Je la sens… elle vient… Songe à Sémiramis,
Ne hais point sa mémoire : ô mon fils ! mon cher fils…
Horrifié par le matricide qu’il vient de commettre, Arsace tente de mettre fin à ses jours, mais il en est empêché par le prêtre Oroe qui le conduit au palais où le peuple le reconnaît comme nouveau roi de Babylone – tandis qu’Assur est arrêté.
Voltaire, Sémiramis, Acte V scène 8
La partition
Une intrigue mettant en scène un personnage légendaire de l’Antiquité ; un livret s’appuyant sur une tragédie d’esthétique toute classique (le personnage éponyme, mère incestueuse, déloyale envers son époux, « monstre » devant être tué afin d’apaiser les dieux, n’est pas sans évoquer celui de Phèdre) ; une partition longue, virtuose, faisant la part belle aux arie et duetti : Semiramide peut passer pour un avatar lointain des opere serie les plus fameux de l’époque baroque. Mais pour certains critiques et musicologues, il s’agit avant tout d’une œuvre profondément originale et novatrice en bien des points. Certes, les arie des deux personnages principaux, Semiramide et Arsace, sont d’une facture assez traditionnelle : récitatif, première section lente, cabalette virtuose. Ils n’en demeurent pas moins splendides : celui de Semiramide, « Bel raggio lusighier », compte parmi les chevaux de bataille de bien des sopranos virtuoses. Quant l’air d’entrée d’Arsace, il est sans doute l’un des plus beaux et des plus expressifs du répertoire de contralto colorature :
à un long récitatif particulièrement expressif (« Ecco mi alfin in Babilonia ») succède une cavatine pleine de noblesse (« Ah ! Quel giorno ognor rammento… ») aux longues phrases sobrement ornées, que vient parachever une cabalette radieuse, pleine de tendresse : « Oh! come da quel dì… ». Quant à la grande scène d’Assur, épouvanté par une vision surnaturelle, elle semble préfigurer celle du second tableau d’Attila, dans laquelle le héros éponyme voit en hallucination un vieillard lui barrer le route de Rome (« Mentre gonfiarsi l’anima »). L’œuvre brille également par ses duos : si celui entre Assur et Arsace impressionne par sa tonalité belliqueuse, ceux entre Semiramide et Arsace (« Serbami ognor » à l’acte I, « Ebben, a te, ferisci » à l’acte II) sont peut-être les plus beaux et les plus émouvants jamais composés par Rossini. Relevons également des scènes collectives étonnamment développées ((la scène 3 de l’acte I au cours de laquelle l’héroïne, curieusement, fait son entrée, son premier air étant différé à la scène 9 ; les deux finales). Faut-il rappeler enfin que l’ouverture de l’opéra est l’une des plus éblouissantes jamais composées par Rossini ?
https://www.youtube.com/watch?v=prKbPMchjs8
Semiramide/Arsace, duo du 2e acte, Joan Sutherland, Marilyn Horne, London Symphony Orchestra, dir. Richard Bonynge. Decca, 1965.
NOTRE SÉLECTION POUR VOIR ET ÉCOUTER L’ŒUVRE
LP et CD
Sutherland, Simionato, Ganzarolli, Raimondi – Choeurs et orchestre de la Scala, dir. Santini. Enregistrement live, Scala de Milan , 2 CD Armando Curcio, 1962
Sutherland, Horne, Rouleau, Serge – London Symphony Orchestra, Ambrosian Singers, dir. Bonynge, 3 CD Decca,1965
Caballé, Horne, Ramey, Araiza – Enregistrement live Festival d’Aix-en-Provence, Scottish Chamber Orchestra, Chœur du Festival d’Aix-en-Provence, dir. Jesús López Cobos, 2 CD HRE, 1980
Studer, Larmore, Ramey, Lopardo – London Symphony Orchestra, Ambrosian Opera Chorus, dir. Marin, 3 CD DG,1992
Tamar, Schalchi, Pertusi, Kunde – Teatro Comunale di Bologna, Prague Philharmonic Orchestra, dir. Zedda, 3 CD Fonit Cetra, 1992
Gruberova, Manca di Nissa, d’Arcangelo, Flórez – Radio Symphonieorchester Wien, Wiener Konzertchor, dir Panni, 3 CD Nightingale Classics, 1998
Papatanasiu, Hallenberg, Wagner, McPherson – Symphonia Orchestra and Chorus of the Vlaamse Opera Antwerp/Ghent, dir. Zedda, 3 CD Dynamic, 2011
Penda, Pizzolato, Regazzo, Osborn – Camerata Bach de Poznan, Virtuosi Brunensis, Antonino Fogliani, 3 CD Naxos, 2013
Shagimuratova, Barcellona, Palazzi, Banks – Orchestra of the Age of Enlightenment, dir. Edler, 3 CD Opera Rara, 2018
Streaming
Aix-en-Provence, 1980, Lopez Cobos/Pizzi – Caballé, Horne, Ramey, Araiza
Madrid, 1983, Marco/Zennaro – Caballé, Dupuy, Pappas, Gimenez
Venise, 1992, Lewis/Pizzi – Devia, Podles, Colombara, Canonici
New York, 1992, Conlon/Copley – Anderson, Horne, Ramey, Olsen (sous-titres espagnols)
Venise, 2018, Frizza/Ligorio – Pratt, Iervolino, Esposito, Scala
Pesaro, 2019, Mariotti/Vick – Jicia,, Abrahamyan, Di Pierro, Siragusa
DVD et Blu-rays
Conlon / Copley – Anderson, Horne, Olsen, Ramey – Chœur et orchestre du Metropolitan Opera, 1 DVD ArtHaus, 1990
Zedda/Lowery – Papatanasiu, Hallenberg, Wagner, McPherson – Symphonia Orchestra and Chorus of the Vlaamse Opera Antwerp/Ghent, 1 Blu-ray Dynamic, 2011
LES COMPTES RENDUS
Productions et concerts
- Opéra de Rouen, 10 juin 2025
- Théâtre des Champs-Elysées, Paris, 17 juin 2025 (version de concert)