À partir du 13 mai, savourez en streaming un moment romantique à l’Opéra de Liège. Guillaume Tourniaire, Jodie Devos, Marc Laho et Lionel Lhote enchantent dans une sélection d’airs et de scènes d’opéra français.
Hamlet, Werther ou Les Pêcheurs de perles, rien de mieux pour passer un bon moment en musique surtout quand ces œuvres sont servies par des chanteurs à la diction et l’investissement scénique sans faille. Il n’est évidemment pas facile de camper un personnage quand celui-ci se réduit à un best of du rôle mais Jodie Devos, Marc Laho et Lionel Lhote s’en sortent à merveille.
De la première, on admire cette apparente sérénité dès l’entrée en scène. Et c’est avec cette même confiance et une sûreté vocale confondante qu’elle nous entraîne dans les pas de son Ophélie. Tendre amoureuse ou délaissée meurtrie, rien ne nous échappe des affres de l’héroïne. La fameuse scène de la folie nous offre une soprano en grande forme, fine interprète des différentes ambiances dramatiques émaillant son récit et maîtrisant pleinement l’éventail de vocalités demandées par l’écriture d’Ambroise Thomas Les aigus et vocalises sont crânement assumés et l’on est surpris par l’ampleur prise par les grave de Jodie Devos ces dernières années. La relative largeur de l’écriture du rôle semblant parfaitement tomber dans son gosier.
Cette maîtrise technique sera également mise au service de la Sophie du Werther de Massenet même si on se demande si la soprano ne serait maintenant pas plus à son aise dans des registres plus dramatiques ou, au moins, dans des personnages à l’épaisseur psychologique plus affirmée.
Autre Belge de ce concert, le baryton Lionel Lhote campe un Hamlet vibrant et un Zurga des Pêcheurs de perles viril et passionné. Diction idoine, aigus pleins et clairs, voix mixte savamment distillée, voilà un chanteur qui connaît sa voix et sait parfaitement l’utiliser au service de la musique et du texte.
Dernier compatriote à apparaître en scène, le ténor Marc Laho est un Werther plus animal que poète avec une voix large et pleine. Légèrement bousculé dans son premier air « Je ne sais si je veille… Ô Nature… », il délivre un « Pourquoi me réveiller… » fort des nuances et aigus attendus dans ce tube de l’art lyrique. Son Nadir des Pêcheurs de perles se révèlera plus poétique.
Belge de cœur, Guillaume Tourniaire, soutient et encadre ce plateau vocal d’un geste sûr et incisif. Le chef d’orchestre réussit à créer une cohérence et un souffle dramatique constants par un engagement de tous les instants, quitte à pousser l’orchestre royal de Wallonie-Liège dans ses retranchements et à bousculer certains pupitres par la même occasion (les cuivres dans l’entracte de l’acte III d’Hamlet). À noter un très bel et émouvant solo de violon de Jean-Gabriel Raellet dans le prélude de Werther. Cerise sur le gâteau (osons sur la gaufre), ne manquez pas le délicieux et sucré trio final tiré du Toréador d’Adolphe Adam.
Vous l’avez compris, nos voisins belges maîtrisent à merveille l’art de pratiquer le romantisme à la française, alors ne vous privez pas de ce concert liégeois. En attendant de pouvoir profiter à nouveau des terrasses de l’hexagone, restez confinés sur votre canapé et partez donc en musique à Liège.
À voir du 13 au 23 mai 2021.
Jodie Devos, soprano
Marc Laho, ténor
Lionel Lhote, baryton
Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, dir. Guillaume Tourniaire
AMBROISE THOMAS | Hamlet
• Prélude
• Récitatif et duo : « Vains regrets ! »
• Chanson bachique : « Ah ! pour nous mon Seigneur, quel honneur ! »
• Entracte de l’Acte III
• Monologue d’Hamlet : « Etre ou ne pas être »
• Entracte de l’Acte IV
• Scène et Air d’Ophélie : « Mais quelle est cette belle et jeune damoiselle »
JULES MASSENET | Werther
• Prélude
• Air de Werther : « Je ne sais si je veille….O Nature… »
• Air de Sophie et trio : « Frère ! Voyez !… »
• Air de Werther : « Pourquoi me réveiller… »
GEORGES BIZET | Les Pêcheurs de perles
• Duo Zurga-Nadir : « Au fond du Temple saint… »
• Entracte de l’Acte III
• Récit et Air de Zurga : « L’orage s’est calmé… »
ADOLPHE ADAM | Le Toréador • Trio : « Ah ! vous dirais-je, maman ! …. »