Au terme de ses triomphales représentations de Turandot à l’Opéra Bastille, nous avons rencontré le chef Michele Spotti : une occasion de faire avec lui le point sur sa très belle carrière, ses projets, ses envies… et de constater que le succès n’a en rien entaché la gentillesse, la simplicité, l’enthousiasme d’un artiste ô combien attachant !
Michele Spotti fait partie de ces artistes que Première Loge suit depuis leurs débuts et qui ont fait, depuis leurs premiers pas dans le métier, la belle carrière qu’on devinait et qu’on leur souhaitait. Que de chemin parcouru depuis la participation de ce jeune chef italien au 1er Concours international de chefs d’orchestre d’opéra organisé par l’Opéra de Liège en 2017 ! Nous l’avions applaudi dans Barbe-Bleue à Lyon (2018), Don Pasquale à Montpellier (2019), Guillaume Tell à Marseille (2021), mais aussi Il matrimonio segreto à Martina Franca (2019), qui avait été l’occasion d’une première rencontre avec ce jeune chef animé d’une fougue et d’une passion étonnantes. Depuis, la carrière de Michele Spotti a pris son envol : Tokyo, Bergame (Festival Donizetti), Pesaro (Festival Rossini), Palerme, Munich (Bayerische Staatsoper), et l’on annonce pour la saison à venir des salles aussi prestigieuses que l’Opéra de Rome, la Deutsche Oper de Berlin ou le San Carlo de Naples…
© Daniele Romano
Comme c’est en fait le cas pour tous les vrais artistes, le succès ne monte pas à la tête de Michele Spotti, et, une heure avant de monter sur le podium pour diriger l’avant-dernière représentation de Turandot à l’Opéra Bastille, c’est ce même jeune homme souriant, enthousiaste et éminemment sympathique que nous avons eu le plaisir de retrouver ! À en croire non seulement le succès remporté par ses prestations (notre confrère Camillo Faverzani a été plus qu’élogieux sur la direction du chef milanais), mais encore les propos du maestro lui-même ou encore certains échos qui nous sont parvenus des musiciens, il s’agit, entre Michele Spotti et l’Orchestre de l’Opéra, d’une vraie « rencontre ». Le maestro s’est dit extrêmement fier et heureux d’avoir fait ses débuts à l’Opéra de Paris (« Une maison qui fait partie de ces quatre ou cinq opéras dans le monde dont on ne peut refuser aucune proposition ! »), très impressionné par la qualité de l’orchestre et on ne peut plus satisfait de sa collaboration avec les musiciens et des conditions de travail qui lui ont été offertes (il a été présent dès les toutes premières répétitions, même si les premières représentations ont été dirigées par son confrère Marco Armilliato). Une magnifique expérience, dont on espère qu’elle pourra se prolonger grâce à de futurs engagements. « Ce n’est pas exclu, nous confie Michele avec un sourire… même s’il est un peu tôt pour en parler ! »
Pour l’heure, c’est l’Opéra de Marseille qui attend le chef italien (il en est tout récemment devenu le chef attitré), pour un concert Stravinsky, Strauss et Schubert. Une belle occasion, après ces Turandot, de confirmer la grande polyvalence d’un chef qui s’est peut-être surtout fait connaître dans les répertoires de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe, mais dont les goûts et le talent couvrent un spectre bien plus large. « Après la rutilance, la luxuriance puccinienne, je suis en particulier ravi de retrouver la fraîcheur et la transparence de Schubert… J’ai aussi un goût tout particulier pour les œuvres de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. » De fait, après avoir dirigé la musique de scène de Richard Strauss pour Le Bourgeois gentilhomme en 2020 à Martina Franca et cette série de Turandot parisiennes, Michele Spotti s’apprête à diriger le Concerto pour violoncelle nᵒ 2 en si mineur de Dvořák à Katowice, les Danses slaves du même compositeur, de nouveau à l’Opéra de Marseille à l’occasion du Concert du Nouvel an (dont le programme comportera également des œuvres d’Offenbach, Lehár, Tchaïkovski et Strauss père et fils) ou, toujours à Marseille, des œuvres de Stravinsky, Strauss, Prokofiev (en mai) et la 5e symphonie de Mahler (en juin)
Prokofiev, Symphonie n°1
Parmi les projets importants de Michele, relevons Idomeneo et La Cenerentola à Toulouse (avec des distributions plus que prometteuses : l’excellent Ian Koziara dans le rôle-titre d’Idoménée, révélé à Liège en septembre dernier dans la même œuvre, mais aussi Marie Perbost en Ilia, Cyrille Dubois en Idamante, Petr Nekoranec en Arbace ; ou, dans La Cenerentola, Adèle Charvet, Levy Sekgapane et Michele Angelini, Florian Sempey,… ), et Les Noces de Figaro à Marseille. Mais il y aura aussi une Zauberflöte à l’Opéra de Rome (dans la mise en scène de Damiano Michieletto), Turandot aux Arènes de Vérone (« Quel honneur de célébrer le centenaire de la disparition de Puccini dans un tel lieu et avec la mise en scène légendaire de Zeffirelli ! ») et, un peu plus tard, Simon Boccanegra à Naples, une œuvre dont la fougue et le romantisme noir devraient particulièrement bien convenir à la baguette du jeune maestro… Entre-temps, le jeune chef aura eu l’honneur de diriger Juan Diego Flórez et Pretty Yende en concert à Tokyo.
Devant tant de projets riches et variés, que souhaiter de plus à Michele Spotti ? Outre le fait de revenir à Paris, il reste encore bien sûr quelques salles dans lesquelles le chef rêve de diriger, au premier rang desquels le temple milanais de l’art lyrique : « Diriger au Teatro alla Scala : quel plus beau rêve pour un Milanais d’origine ? »
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En attendant, voici la liste des projets immédiats de Michele Spotti : comme vous le constaterez, la France est loin d’être oubliée… Puisse cet amour partagé entre le musicien milanais et notre pays se prolonger « comme un trésor, longtemps encore ! »
- 3 décembre 2023 – Marseille (Auditorium du Palais du Pharo), concert (Stravinsky, Strauss, Schubert)
- 8 décembre 2023 – Katowice (NOSPR Main Hall), concert (Berlioz, Lalo, Dvořák)
- 19 décembre 2023 – Pesaro (Teatro Rossini), concert de Noël (Rota, Händel, Morricone)
- 20 décembre 2023 – Ancône (Teatro delle Muse), concert de Noël
- 06 janvier 2024 – Marseille (Opéra), concert du Nouvel an (Offenbach, Verdi, Rossini, Lehár, Tchaikovski,…)
- 13-21 janvier 2024 – Opéra de Rome, Die Zauberflöte
- 31 janvier, 04 février 2024 – Tokyo, récitals Juan Diego Flórez, Pretty Yende
- 27 février-07 mars 2024 –Toulouse (Capitole), Idomeneo
- 29 mars-07 avril 2024 – Toulouse (Capitole), La Cenerentola
- 24 avril-03 mai – Marseille (Opéra), Le nozze di Figaro
- 12 mai 2024 – Marseille (Opéra), concert (Stravinsky, Strauss, Prokofiev)
- 28 mai 2024 – Parme (Teatro Regio), concert (Puccini, Schumann,…)
- 16 juin 2024 – Marseille (Opéra), concert (Wagner, Mahler)
- Juin-juillet 2024 – Arènes de Vérone, Turandot
- 11, 13 octobre 2024 – Naples (San Carlo), Simon Boccanegra