Jean-Louis Grinda présente l'édition 2022 des Chorégies
Lors d’une conférence de presse, Jean-Louis Grinda, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo et des Chorégies d’Orange, a présenté les spectacles qui seront donnés cet été dans le cadre de l’édition 2022 des Chorégies. Une édition qui devrait permettre, après les temps difficiles liés à la pandémie, de renouer pleinement avec le public, très attaché à cette prestigieuse manifestation culturelle – laquelle, créée en 1869, est par ailleurs le festival français le plus ancien.
© Gilles Leimdorfer
Symphonies, ballets et concertos
Si les lecteurs de Première Loge sont avant tout intéressés par les spectacles « avec voix », nous nous devons malgré tout de signaler quelques concerts instrumentaux et ballets particulièrement prometteurs :
Carlotta Grisi dans le rôle de Giselle
- Giselle tout d’abord (18 juillet), dans la chorégraphie de Kader Belarbi, par le Ballet de l’Opéra national du Capitole, Toulouse.
- Une soirée cinéma-concert avec Les Lumières de la ville (30 juillet), l’un des plus éblouissants chefs-d’œuvre de Chaplin. L’orchestre National Avignon-Provence interprétera en direct la bande originale du film.
- La Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák (7 août) par l’Orchestre Philharmonique de Nice placé sous la direction de Lionel Bringuier.
- Enfin et peut-être surtout, signalons le concert Beethoven du 7 juillet. L’ombre du grand Nicholas Angelich, récemment disparu, planera sur le Théâtre antique dans lequel il aurait dû se produire si la maladie ne l’avait brutalement emporté… C’est finalement Pierre-Laurent Aimard qui interprétera le Concerto n°5 pour piano en mi bémol majeur. En complément de programme, l’Orchestre philharmonique de Radio France placé sous la direction de Myung-Whun Chung jouera la 7e Symphonie de Beethoven.
Les concerts "avec voix"
Côté voix, Patricia Petibon, Marie-Nicole Lemieux, Cyrille Dubois, Nicolas Courjal dirigés par John Nelson (quelle affiche !) interpréteront la Missa solemnis de Beethoven, accompagnés par l’Orchestre Nexus (le 14 juillet). Enfin nous aurons l’occasion de revenir longuement sur un événement exceptionnel : la venue en France des forces de la Scala de Milan. Galvanisées par la direction du célèbre Riccardo Chailly, elles feront retentir chœurs et ouvertures de Verdi devant le célèbre Mur.
Marie-Nicole Lemieux
© Geneviève Lesieur
Cyrille Dubois
© Philippe Delval
Les opéras
Deux opéras enfin complètent la programmation :
- Adriano Sinivia proposera sa vision drôle, tendre, poétique de L’Élixir d’amour, dans une production créée à Lausanne, applaudie depuis à Monte-Carlo, Tours ou Bordeaux (voyez notre compte rendu ici), mais qui sera bien sûr profondément remaniée pour s’adapter au lieu. L’idée phare de cette production (les personnages sont des petits lutins évoluant au milieu d’objets ressortissant au monde des humains et prenant des proportions démesurées pour eux !) devrait a priori parfaitement convenir au cadre si vaste du Théâtre antique… Le mur, élément bien sûr absent des productions précédentes, jouera un rôle prépondérant dans la scénographie, en devenant la mur d’une ferme romaine – avec des fenêtres à travers lesquelles des projections proposeront de belles échappées vers la nature ! La distribution réunie pour l’occasion est éblouissante : Pretty Yende, René Barbera, Andrzej Filończyk et Erwin Schrott interpréteront les rôles principaux, et l’œuvre sera dirigée par Giacomo Sagripanti, l’une des meilleures baguettes actuelles dans ce répertoire.
La Gioconda à Covent Garden, 1883 - © Gallica Bibliothèque nationale de France
- Enfin, La Gioconda possède, selon Jean-Louis Grinda, tous les éléments permettant de passer une soirée inoubliable à Orange : un intrigue passionnée à souhait, des personnages forts dramatiquement, des pages musicales marquantes (de la raffinée « Danse des heures » immortalisée par… Walt Disney au sombre « Suicido !» de l’héroïne), un cadre spatio-temporel permettant la réalisation de décors et costumes grandioses, et même… un affrontement entre prime donne, comme les lyricophiles en raffolent ! La scénographie imaginée par Jean-Louis Grinda et Laurent Castaingt promet de belles surprises : l’espace sera traversé par d’immenses cordages de bateaux qui tout à la fois permettront d’isoler et de mettre en valeur certaines parties de la scène,
- tout en rappelant l’importance de la mer, omniprésente dans cette œuvre se déroulant à Venise. L’œuvre n’avait plus été jouée à Orange depuis les soirées de 1983 où s’illustra notamment la diva espagnole Montserrat Caballé. Rendez-vous le 6 août : c’est cette fois-ci l’excellente (mais encore assez peu connue en France) Saioa Hernandez qui chantera le rôle-titre, aux côtés du ténor Francesco Meli et l’étonnant baryton mongol Amartüvshin Enkhbat.
Un concert pour aider les artistes ukrainiens
Signalons enfin qu’en France, c’est à Orange que s’arrêtera le Ukrainian Freedom Tour, grande opération de soutien aux musiciens ukrainiens qui permettra à ceux-ci, exilés et/ou dans l’impossibilité de pratiquer leur art, de se produire en concert à travers le monde (des escales sont prévues à New York, Amsterdam, Londres, Berlin, Munich ou encore Washington). La soprano Liudmyla Monastyrska prêtera son concours à ce bel événement, dont l’entrée est gratuite.
Chorégies d’Orange 2022 : pour toute information et pour réserver, c’est ici !