Se trouvant dans une situation financière compliquée, le Maggio Musicale Fiorentino a cependant annoncé reprendre ses activités, avec, pour commencer, une tournée et une petite saison (sans abonnement), jusqu’en décembre. De quoi rassurer le public!
Une petite saison aux prix et au programme attractifs
Conférence de presse du Maggio Musicale Fiorentino. Au centre, Onofrio Cutaia - © Roberta Manetti
À Florence les musicophiles tremblaient pour le Maggio Musicale Fiorentino. Pour redresser le sort du théâtre, une fois découvertes les lacunes budgétaires dans la gestion de l’ex-surintendant Pereira, on avait mandaté, en mars, un commissaire (Onofrio Cutaia), mais il n’était pas évident qu’il parviendrait à trouver les 6 millions pour régler le budget 2022 et de quoi poursuivre l’année 2023 sans puiser dans la « cassa integrazione« [1].
Alors qu’il n’y avait presque plus d’espoir, fin juillet, une solution est finalement arrivée et juste avant le 15 août, le commissaire Cutaia a pu annoncer la reprise des activités.
Dimanche 27 août l’orchestre et le chœur partiront avec le maestro Zubin Mehta pour une tournée qui les emmènera à Budapest, pour le Festival Enescu (deux soirées), et à Bangkok. Le 13 septembre, le Teatro del Maggio ouvrira sa nouvelle petite saison (sans abonnement, de septembre à décembre ; les abonnements commenceront en janvier 2024) avec un concert de Zubin Mehta avec l’Orchestre et Choeur du Maggio, à des prix très “populaires”, tout comme le programme, entièrement dédié à Mozart.
C’est l’une des nouveautés de la gestion du commissaire Cutaia : maintenir les prix au plus près du public local et attirer les jeunes, sans chercher à ce que que le théâtre se remplisse de touristes fortunés. Le trimestre septembre-décembre 2023 est, comme on peut l’imaginer, marqué par l’autarcie, ce qui ne signifie pas une baisse de qualité, dans ce cas : il n’y aura pas de chef d’orchestre invité pour la musique symphonique, mais les deux locaux, pour quelques mois encore (avant le départ de Gatti pour Dresde, en juillet), sont Zubin Mehta et Daniele Gatti et le niveau des concerts restera très élevé. Il n’y aura qu’un seul opéra jusqu’à décembre: en prélude aux célébrations pour le centenaire de Puccini en 2024, on reprend en novembre une Bohème qui a fait ses débuts avec succès à Florence en 2017; grâce à l’amour pour Puccini, qui est encore bien vivant en Toscane, et aux prix réduits par rapport à la saison précédente, on peut espérer que les six représentations de l’opéra seront jouées à guichets fermés. On entendra Mariangela Sicilia dans le rôle de Mimì ; Galeano Salas dans celui de Rodolfo; Min Kim dans le rôle de Marcello ; William Hernandez dans le rôle de Schaunard; Francesco Leone sera Colline; Elisa Balbo jouera Musetta et Davide Piva le double rôle de Benoit/Alcindoro; sur le podium de l’Orchestre du Maggio officiera Giacomo Sagripanti.
La bohème - © Pietro Paolini
L'orchestre du Maggio et Daniele Gatti - © Michele Monasta
Des concerts joués deux fois
Une autre grande nouveauté, qui est en réalité une tentative de retour à un passé lointain, est le doublement des dates de concerts. À l’époque de l’ancien Teatro Comunale, qui n’existe plus (une résidence de luxe pour touristes est en construction à sa place; les habitués du théâtre, moi y compris, évitent de passer par là…), il y avait deux, trois ou même quatre dates pour tous les concerts ; ensuite, depuis plusieurs années, on a reduit les dates à une seule. Grâce à la mise en service d’une salle de 1000 places à l’intérieur du nouveau théâtre (au lieu des 1 800 places de la salle principale), le public a de nouveau le choix entre au moins deux dates pour chaque concert.
Huit concerts sont prévus pour 2023 (en plus de ce que le Coro del Maggio fera avec l’Orchestre della Toscana dans la Basilique de Santa Croce le 4 octobre) : les deux premiers sont dirigés par Zubin Mehta (13 septembre et 22-23 septembre), cinq par Daniele Gatti (22-23 septembre, 6-7 et 13-14 octobre, 17-18 novembre, 6-7 décembre), tandis que le huitième, avec La petite messe solennelle de Gioachino Rossini, célébrera le 90e anniversaire du Coro del Maggio et verra sur le podium le maître de chœur Lorenzo Fratini (22 décembre) ; les programmes des concerts dirigés par Gatti comprendront l’intégrale des symphonies de Honegger et des concertos pour piano et orchestre de Beethoven (solistes : Filippo Gorini, Enrico Pace, Pietro De Maria, Andrea Lucchesini, Benedetto Lupo).
Parallèlement au programme pour adultes, il y aura un programme assez riche pour les enfants ; et certains spectacles sont si originaux qu’ils attirent également la curiosité de ceux qui n’ont pas d’enfants à emmener pour s’éduquer et s’amuser au théâtre ! C’est le cas des deux cycles de spectacles dominicaux, l’un dans lequel les instruments de musique sont présentés un à un, à l’instar de quelques compositions célèbres pour enfants, avec la participation d’acteurs de théâtre ou de chanteurs d’opéra, et l’autre dans lequel on illustrera les formes des compositions.
Et à partir de 2024…
Les abonnements commenceront en janvier 2024 ; on dispose de quelques anticipations sur le programmeà venir, même si celui-ci est encore en train d’être complété. On a pour le moment annoncé la musique de Peer Gynt d’Edvard Grieg, dirigée par Nikolas Naegele avec une mise en scène de Pier Paolo Pacini et l’opéra Don Pasquale de Donizetti, avec les débuts dans ce titre de Daniele Gatti (sera reprise ici une ancienne mise en scène de Jonathan Miller pour le Maggio Musicale).
Le Festival du Maggio Musicale Fiorentino numéro 86 s’ouvrira le 13 Avril avec un concert dirigé par Daniele Gatti et se poursuivra avec trois opéras, dont deux de Giacomo Puccini : Turandot, dirigée par Zubin Mehta dans la célèbre mise en scène de Zhang Yimou, et Tosca, dirigé par Daniele Gatti et mis en scène par Massimo Popolizio. On verra enfin Jeanne Dark, une œuvre contemporaine commandée à Fabio Vacchi dans l’ère pré-covid, dirigée par Alessandro Cadario et mise en scène par Valentino Villa. Invités prestigieux du Festival : les Wiener Philharmoniker, dirigés par Riccardo Muti.
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[1] La « cassa integrazione » est un fond de l’INPS (Institut National d’Assurance Sociale) permettant de verser une somme d’argent (correspondant à une partie du salaire) aux travailleurs venant d’être licenciés ou « mis en pause » pendant quelques mois.