L’équipe du Palazzetto présentait, ce mercredi, sa nouvelle saison, dans la droite ligne de celles qui, depuis la création en 2009, ne cessent d’enrichir notre connaissance de la musique française du XIXe siècle.
Lorsqu’Alexandre Dratwicki prend le micro, c’est pour détailler avec précision et humour la profusion musicale de cette nouvelle saison (qui sera bientôt sur le site du Palazetto), autour de trois axes
Violoncelle, l’âme romantique
Protagoniste de premier plan des musiques du XIXe siècle, l’instrument sera à l’honneur d’un Festival en 7 concerts à Venise, du 21 au 24 septembre, d’un colloque international à Bergame du 22 au 24 novembre, de nombreux concerts de Munich à Rome, du Musée d’Orsay à l’Abbaye aux Dames de Saintes. Le violoncelle dans tous ses états : en duo, trio, quatuor, quintette avec deux violoncelles et œuvres avec orchestre.
Ce sera l’occasion de multiples découvertes, déclinées avec des solistes comme Christophe Coin, Anne Gastinel, Xavier Phillips ou Edgard Moreau et quelques autres. Si les noms de Franchomme ou Saint-Saens, Onslow ou Debussy nous sont déjà familiers dans ce répertoire, ceux de Battanchon, La Tombelle, Huré, Dumas et autres Faye-Jozin nous promettent des surprises et ne resteront pas éphémères puisqu’un travail d’enregistrement est prévu, en annonce d’un coffret de CD à venir, dédié au Violoncelle romantique français.
Bizet, l’oiseau rebelle
2025 marquera un double anniversaire, le compositeur de Carmen ayant disparu il y a 150 ans, le 3 juin 1875, trois mois après la création de son œuvre phare.
À tout seigneur… Carmen donnée à Rouen cette saison, dans sa version scénique avec costumes, décors et mise en scène de la création, sera reprise pour huit représentations en janvier, à l’Opéra Royal de Versailles, avant de partir pour Hong-Kong. Sous la baguette d’Hervé Niquet, c’est en alternance Éléonore Pancrazi et Adèle Charvet qui camperont la cigarière.
Mais Georges Bizet ne se réduit pas à Carmen. Ainsi, la pochade du Docteur Miracle, associée à la musique de scène de L’Arlésienne, sera mise en scène à Tours, en octobre, mais aussi Poitiers, Bordeaux, Vernon ou Évreux… puis à Paris, en juin, pour 8 représentations au Théâtre du Châtelet. Le baryton Thomas Dolié (voir sa biographie et le compte rendu de Phryné de Saint-Saens), souvent associé aux projets de la Fondation Bru Zane, expliqua à cette occasion l’impatience qu’il avait de chanter un rôle déjanté dans cette opérette d’un jeune Bizet de 19 ans, commandée par un certain Jacques Offenbach.
Thomas Dolié et Alexandre Dratwicki évoquent le Docteur Miracle – © Marc Dumont
Les découvertes ne s’arrêteront pas là, puisque des œuvres oubliées seront au programme de multiples concerts où Bizet aura le premier rôle. Qui connait La Mort s’avance sur 2 études de Chopin, Vasco de Gamma dans sa version longue inédite, 6 Choeurs de Gounod transcrits pour piano, ou encore des mélodies qu’Adèle Charvet interprétera avec Florian Caroubi au piano, le 24 mars à la Cité de la Musique et que Reinoud van Mechelen chantera avec orchestre au même endroit, le 10 juin ?
Adèle Charvet expliqua d’ailleurs combien elle abordait ce projet avec enthousiasme, elle qui dès l’âge de 14 ans alla dénicher la Chanson d’avril, qu’elle se réjouit de voir figurer dans le cadre de l’enregistrement du cycle.
Projets multiples et rayonnement international
Mais bien sûr, les projets ne s’arrêtent pas là, avec le désormais traditionnel Festival annuel du Palazzetto à Paris, les concerts, les conférences et le travail vers le jeune public proposés à Venise, sans oublier la présence renouvelée du Palazzetto au Canada.
Ainsi, de Rita Strohl à Théodore Dubois, le travail sur la redécouverte de répertoires ne cesse de s’approfondir, dans la droite ligne de la philosophie éditoriale constitutive, dès l’origine, du projet Palazzetto. Si L’ancêtre de Saint-Saens sera donné le 6 octobre à Monaco, dans le cadre d’un partenariat marqué au sceau de la fidélité, il est plus étonnant de constater le développement de multiples projets lyriques dans plusieurs opéras allemands : Essen monte le passionnant Fausto de Louise Bertin, Karlsruhe la Phèdre de Jean-Baptiste Lemoyne, les deux avec mise en scène, Munich ayant choisi Mazeppa de Clémence de Grandval en version de concert. Pour entendre le Psyché d’Ambroise Thomas, il faudra aller au concert à Budapest ou Vienne.
En France, on pourra entendre la version originale de Faust de Gounod à Lille et Paris, reflet du passionnant enregistrement récent, mais aussi La fille de madame Angot de Lecocq à Nice et Avignon, Le voyage dans la lune d’Offenbach à Montpellier ou la rarissime Sérénade de Sophie Gail à Rennes !
Ajoutons à tout cela une politique discographique dans la continuité des découvertes auxquelles le Palazzetto nous a habitués depuis tant d’années. C’est ainsi tout un pan du patrimoine qui reprend vie, à chaque saison.